La crainte du trou d’air pour les sous-traitants aéronautiques en Limousin

La crise du coronavirus a durement frappé un secteur aéronautique florissant. Les mois à venir s’annoncent préoccupants en Limousin comme partout ailleurs pour les nombreux sous-traitants, alors que le gouvernement vient de présenter ce 9 juin 2020, un plan d’aide au secteur.

 

Grands groupes donneurs d’ordre (airbus, safran) ou sous-traitants, près de 500 entreprises sont frappées par des effondrements de commandes en Nouvelle-Aquitaine. En Limousin, près d’une quinzaine de sociétés travaillent pour l’aéronautique.

L’une de nos équipes s'est rendue en Corrèze chez Debitex qui fabrique des pièces de mécanique de précision. 15 % des 28 salariés sont en chômage partiel et le patron s’interrogeait sur la suite.

Les trois à quatre mois qui suivent vont être préoccupants car on a peu de perspectives. Avant, on avait au moins deux mois de commandes d’avance et six mois de prévisionnels. Là, on ne sait pas ce qu’on va faire dans deux semaines. Eric Dupinet, gérant de Debitex.

La baisse d’activité est également nette chez Safran Filtration Systems (ex-Sofrance), filiale de Safran, à Nexon, l’un des plus gros sous-traitants en Limousin avec 180 salariés qui fabriquent des filtres pour les avions Airbus A350 et Boeing B787. 

Un peu moins de la moitié des salariés sont présents actuellement, nous avons eu recours à l’activité partielle et avons supprimé le recours aux intérimaires. Pierre Farrenq, directeur du site.

"Pour l’usine de Nexon, il est difficile de piloter sans visibilité sur l’évolution du secteur aéronautique. Il faudra être agile. Nous dépendons de la reprise du trafic aérien, et cela est lié à l’évolution de l’épidémie dans le monde et la reprise des voyages internationaux. Cela dépendra aussi de la demande des passagers" ajoute-t-il.

Aides pour le secteur

Le gouvernement français a présenté ce mardi 9 juin un plan d’aide au secteur de l’aéronautique. Plus de 15 milliards d’euros sont mis sur la table pour venir au secours d’une industrie sinistrée par la pandémie de Covid-19 en incluant les sept milliards déjà promis à Air France.

De nombreux dirigeants de PME attendaient le prolongement du chômage partiel. Il est acquis, mais les détails ne seront connus qu’à la fin de la concertation avec les partenaires sociaux, dans une dizaine de jours.

"Il faudrait un an ou deux de chômage partiel" dit Cédric Beaune, responsable commercial chez Starplast spécialisée dans le plastique transparent. L’entreprise limougeaude de 50 salariés travaille à la fois pour le civil (sièges de classe affaire) que pour le militaire (feux de navigation pour les Rafale et visières de pilotes de chasse), ce qui lui permet de limiter la casse mais "l’activité ne devrait pas revenir comme elle est d’ici un ou deux ans".

" Le site n’a pas fermé depuis le début de la crise et la cinquantaine de salariés sont au chômage partiel depuis le 1er mai" indique le dirigeant. "Nous avons continué de travailler pour notre premier client : airbus hélicoptères et nous avons aussi fabriqué des visières et des séparations en plastique pour les taxis ou les commerces".   

Une petite consolation pour les salariés mais conclut Thierry Marzin, élu CGT de Starplast, "au final, on a pas beaucoup travaillé. On espère que l’activité va rédémarrer pour conserver les emplois".

Des sous-traitants espèrent refournir, d’ici la fin d’année, des pièces pour les A320, le grand succès d’Airbus depuis trente ans, ou après pour l’A 350, le gros porteur du groupe, moins gourmand en kérosène.

Commandes militaires

Tous nourrissent aussi des espoirs avec des commandes militaires ou pour l’aviation civile. C’est le cas du groupe Nimrod qui possède deux sites dans le nord de la Haute-Vienne à Nouic et Bellac (près de 130 salariés). Le premier (ex ESM) axé sur la tôlerie et le deuxième (Aerolyce) plus récent tourné vers le traitement de surface et la peinture de pièces. 

On a perdu presque 40 % de notre chiffre d’affaires sur les derniers mois, alors qu’on était sur une bonne dynamique - Stéphane Jaussoin, directeur Nimrod group. 

"Nous avons fermé les sites une semaine en mars et heureusement notre premier client Dassault -commandes pour le Rafale- est moins touché" précise-t-il. Autre annonce du gouvernement, le ministère des Armées va avancer à cette année des commandes prévues plus tard, à hauteur de 600 millions d’euros.

A l’image de Nimrod, les sous-traitants du Limousin comptent bien passer ce cap difficile car ils pensent que les activités vont être redistribuées et que des sociétés vont disparaître.

 

 

 

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