Les cafés, hôtels, restaurants sont désertés par les professionnels. Certains directeurs d’établissement sont inquiets à l’approche de la saison estivale car les CV manquent cruellement.
Environ 150 postes sont à pourvoir en hôtellerie et restauration dans le département de la Haute-Vienne. Le Limousin n’est pas épargné par le manque de personnel dans les secteurs de l’hôtellerie, restauration et même du côté des discothèques et des bars d'ambiances.
Le président de l'Union des métiers de l'industrie hôtelière (Umih) en Haute-Vienne, Alain Guillou, s’interroge même sur le fait que cette pénurie de saisonniers perdure à la rentrée prochaine. En Corrèze, environ 120 postes sont à pourvoir et du côté de la Creuse, on compte environ 70 postes vacants dans les domaines de l’hôtellerie et restauration.
Fermeture d’établissements
Certains établissements seraient même obligés de fermer une à deux journées par semaine par manque de personnel pour travailler.
Le soir après 22 heures il n'y aura plus d’établissements ouverts ! Et le dimanche, ça sera très compliqué aussi.
Alain GuillouPrésident de l'Union des métiers de l'industrie hôtelière (87)
Les salariés recherchent plus de temps libre
Selon Alain Guillou, les salariés de ces secteurs recherchent du temps libre et pas forcément en premier lieu des augmentations de salaire. Autrement dit, sortir du conventionnel contrat de 39 heures pour préférer travailler maximum quatre jours par semaine.
Un constat partagé par le directeur régional du groupe BHI, qui possède entre autre la chaîne hôtelière Kyriad :
Le confinement a joué, les salariés ont réfléchi aux contraintes du métier. Ils se sont rendus compte qu'il existe d'autre métiers moins contraignants qui leur permettent d’avoir des weekends.
Monsieur SalaDirecteur régional du groupement BHI qui possède les hôtels Kyriad
A l'hôtel Kyriad de Limoges, trois postes sont encore vacants (deux postes en salle et un poste de réceptionniste) et les CV sont très peu nombreux.
Le paradigme des deux derrières années post-pandémie aurait-il bousculé nos modes de consommation, en donnant plus de valeur au temps libre et en modifiant nos façons de consommer ?
"La période Covid a tout changé"
"En deux ans, tout a changé", affirme le président de l'Umih. Il explique que le Covid a modifié les modes de consommation des clients qui ne viennent plus aussi souvent au restaurant ou dans les structures hôtelières qu'avant la pandémie. Les gens se font livrer leurs repas à domicile ou au bureau. Le télétravail et la visioconférence ont favorisé le fait que les gens restent chez eux. Ces nouvelles tendances et habitudes des consommateurs ajoutent des complications à ces secteurs déjà en difficultés (fermetures pendants les confinements, inflation, recrutements difficiles...).
Par exemple, si l'on se fait livrer à manger chez soi ou au bureau, on ne sollicite plus de personnels de salle pour venir nous servir sur place. Si l'on favorise les réunions à distance via visioconférence où l'on peut rester chez soi, plus besoin de se déplacer dans des hôtels pour des séminaires par exemple. Le manque à gagner pour ces secteurs est énorme. Le Covid a donc aussi amplifié le phénomène de manque de personnel que l'on rencontre aujourd'hui.