Des cheveux en toute liberté... même au travail. Une proposition de loi contre la discrimination capillaire

L'Assemblée nationale a adopté, en première lecture, ce jeudi 28 mars, une proposition de loi visant à sanctionner la "discrimination capillaire", notamment au travail. Un projet qui semble faire l'unanimité, toutes natures de cheveux confondues.

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Carré long méché, frange effilée, cheveux lisses et peau claire, Marie Theillet est à la tête d'un salon de coiffure à Limoges depuis de nombreuses années. Elle avait 16 ans quand elle a débuté dans la profession. "Je me souviens qu'on m'a dit : ce serait bien que tu te féminises, que tu changes ta coiffure et que tu apportes quelque chose qui donne envie aux clientes. Ça m'a fait bizarre."

Ce n'est pas parce qu'une cliente a les cheveux bleus qu'elle ne peut pas être cheffe d'entreprise.

Marie Theillet

gérante d'un salon de coiffure à Limoges

Aujourd'hui, elle estime que ce changement consenti lui a permis de s'affirmer. Pour autant, elle qui voit passer des têtes de toutes les couleurs sait bien qu'il n'est pas pertinent de se fier aux apparences : "On ne peut pas juger juste à une coiffure pour attribuer un poste dans une entreprise. Je trouve ça dommage qu'on ait encore ce genre de jugement d'apparence. Ce n'est pas parce qu'une cliente a les cheveux bleus qu'elle ne peut pas être cheffe d'entreprise" explique-t-elle.

Carré plus court, cheveux auburn bouclés et peau noire, Mounina Cagnac tresse à une vitesse vertigineuse les cheveux crépus d'Olukemi, étudiante à Limoges. Aujourd'hui la jeune fille garde sa chevelure naturelle ou tressée, mais elle a mis longtemps à accepter sa nature de cheveux, face aux remarques de ses camarades : "Les autres me disaient que mes cheveux étaient bizarres, qu'ils avaient l'air sales, alors quand j'étais petite, je faisais beaucoup de défrisages" raconte-t-elle.

Dans son salon de coiffure afro, Mounina voit passer beaucoup de jeunes filles ou garçons qui disciplinent leurs cheveux "pour rester dans les clous" comme elle le dit. "Les filles, elles se défrisent les cheveux pour ressembler à un modèle européen. Et les garçons, ils viennent pour couper leurs dreadlocks. Ils me disent : si tu veux chercher du boulot vaut mieux ne pas avoir des locks parce que c'est mal vu par les patrons".

Le texte du député guadeloupéen Olivier Serva (groupe indépendant Liot) adopté ce 28 mars par 44 voix contre deux à l'Assemblée nationale vise notamment à empêcher des employeurs de contraindre leurs salariés à lisser leurs cheveux pour dissimuler leurs coupes afro, ou à cacher leurs tresses et dreadlocks.

Une perte d'estime de soi

Pour Lindsay Rezzoug, juriste à France Victime 87, ce projet de loi visant à sanctionner la discrimination capillaire constitue "une belle évolution. Il y a des victimes qui ont aujourd'hui une grosse perte d'estime d'elles-mêmes par ces discriminations, qui ne sont pas forcément apparentes, mais qui pourtant existent. Aujourd'hui, on a tout un arsenal juridique lié à la discrimination, notamment lié à l'apparence physique, mais rappeler façon claire et précise ce type de discrimination, c'est à mon sens quelque chose à saluer" explique-t-elle.

Le texte doit maintenant être examiné par le Sénat.

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