Ce week-end, un groupe d'une quarantaine de cigognes blanches a été aperçu aux abords de Saint-Junien, en Haute-Vienne. La population de cette espèce d'oiseaux est en augmentation, et elle traverse de plus en plus souvent le Limousin.
Didier Cano est en pleine promenade du dimanche aux côtés de son épouse Liliane lorsqu'il aperçoit quelque chose d'inhabituel. "Sur la route en revenant d'Étagnac, à hauteur de Saint-Junien, j'ai vu quelque chose de blanc perché sur un arbre. Je me suis demandé ce que c'était : une cigogne ? Mon épouse n'y croyait pas. Nous nous sommes arrêtés pour prendre quelques photos. Il y en avait une quarantaine sur le bord et tout le long de la butte", décrit le promeneur.
Des clichés qu'il a gentiment accepté de nous partager. "C'était magnifique de les voir ici, nous étions très contents. Nous en avions vu plusieurs fois en Alsace mais ici, en Haute-Vienne, jamais !" s'exclame le couple de retraités.
Un spectacle de plus en plus fréquent en Limousin
Un étonnant spectacle en Limousin, mais qui devient de moins en moins rare. "La population de cigognes blanches se porte bien, voire est en augmentation", d'après Franck Taboury, chargé d'études à la Ligue pour la protection des oiseaux en Limousin (LPO). "Beaucoup passent l'hiver dans le sud de l'Europe et l'Afrique. Ce sont des oiseaux qui remontent très tôt dans la saison vers leur site de nidification, dans le nord de l'Europe. Saint-Junien est pile dans l'axe de la migration."
Les températures régissent la disponibilité en nourriture, qui elle-même régit la migration de ces oiseaux. "Comme les périodes froides deviennent plus rares, certaines espèces sont plus actives à cette saison et constituent ainsi une source de nourriture pour les cigognes. C'est le cas de l'écrevisse américaine, une espèce invasive présente en France depuis des années dans beaucoup d'étangs et de rivières" explique Franck Taboury.
Les cigognes sont aussi très friandes des campagnols et des amphibiens comme les grenouilles rousses, qui pondent très tôt dans la saison des paquets gélatineux à la surface de l'eau et dont les grands oiseaux de couleur noire et blanche se délectent.
Deux couples sont installés en Creuse, dans la réserve naturelle de l'étang des Landes, où il y a de belles zones humides et de bonnes sources de nourriture.
Franck Taboury, chargé d'études à la Ligue pour la protection des oiseaux en Limousin (LPO)
Le chargé d'études à la LPO rappelle qu'il faut éviter de trop s'approcher des cigognes : "Elles ne sont pas farouches mais quand elles sont à terre, elles se reposent pour pouvoir repartir. Si elles s'envolent dans la panique et que le ciel est couvert, elles peuvent se prendre dans les lignes électriques."
Les premières grues survolent le ciel limousin
Ce dimanche, vous avez peut-être aperçu les premières grues traverser le ciel du Limousin. "Elles passent plus tôt que l'an dernier. Environ 200 000 grues passent l'hiver dans le sud de l'Espagne, entre 50 000 et 80 000 en France, notamment dans les Landes, en Gironde, en Camargue, en Brenne..." explique Franck Taboury. "Pour obtenir les meilleurs sites de nidification, c'est premier arrivé, premier servi. Alors, dès qu'un créneau se présente, les grues se lancent. La semaine prochaine, ça devrait être le grand rush !"