"Des collègues ont été verbalisés parce qu'ils portaient un bonnet jaune" : la vice-présidente de la Coordination rurale désabusée

De retour dans sa ferme, Amélie Rebière, présidente de la Coordination rurale de Corrèze et vice-présidente du syndicat national, livre ses impressions après cette journée d'action. La jeune éleveuse se dit déçue, mais ne parle pas, pour autant, d'échec. Entretien.

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"Ça s'est très mal passé, parce qu'on avait un service d'ordre qui était vraiment démesuré par rapport aux agriculteurs pacifiques qui étaient en face, donc on l'a très mal vécu."

Ce lundi matin, des dizaines d'agriculteurs de la Coordination rurale ont pris le chemin de Paris, en tracteur ou en voiture, pour se rassembler dans la capitale et faire entendre leur voix. De retour dans sa ferme ce lundi soir, Amélie Rebière, présidente de la Coordination rurale en Corrèze et vice-présidente nationale du syndicat, est déçue après cette journée de mobilisation qui ne s'est pas passée, selon elle, comme prévu : "le secrétaire général, à la sortie du taxi pour parler aux journalistes, a été embarqué en garde à vue. On a des collègues qui ont été verbalisés parce qu'ils portaient un bonnet jaune, parce qu'ils portaient un signe vestimentaire qui incitait à la manifestation... Ça a été intitulé comme ça, donc 135 euros d'amende. D'autres collègues ont été encerclés avec les tracteurs par les CRS ou les gendarmes mobiles, donc on l'a très mal vécu, parce qu'il y avait un service d'ordre démesuré."

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De retour dans sa ferme, Amélie Rebière, présidente de la Coordination rurale de Corrèze et vice-présidente du syndicat national, livre ses impressions après cette journée d'action. La jeune éleveuse se dit déçue, mais ne parle pas, pour autant, d'échec. ©Christophe Bodin - France Télévisions

Ainsi le président de la Coordination rurale des Ardennes a-t-il été verbalisé, selon nos confrères de France 3 Champagne-Ardenne. 

Malgré la mobilisation, le syndicat n'a pas été reçu par le gouvernement. Matignon a estimé qu'il n'y avait pas "d'urgence à les recevoir" et rencontrera toutes les forces syndicales, comme prévu, le 13 janvier. La ministre de l'Agriculture soutient aussi cette décision : " Aujourd’hui ou dans une semaine, qu’est-ce que ça change ? L’urgence qu’ils mettent en avance pour être reçus maintenant ne se justifie pas vraiment", a-t-elle déclaré, dans la matinale de TF1.

Amélie Rebière, elle, n'est pas du tout de cet avis, et se dit désabusée : "On est dégoûté, on a l'impression d'être traité comme des voyous alors qu'on avait alerté, on avait déclaré les manifestations, on est très respectueux des forces de l'ordre. Tout ce qu'on voulait, c'était arriver dans Paris et pouvoir avoir des avancées. On nous taxe de faire de la propagande, parce qu'on est en élection de chambre d'agriculture, alors que pas du tout. L'an dernier, on était en crise et il n'y avait pas d'élection en chambre. 

À lire aussi : Colère des agriculteurs : "On s'est organisé pour que les tracteurs fassent le moins de route possible", affirme la vice-présidente de la Coordination rurale

Face à l’impossibilité de se rassembler, les agriculteurs ont fait demi-tour, mais l'agricultrice refuse de s'avouer vaincue : "ce n'est pas du tout un échec pour nous, parce que le but, c'était quand même de mettre un peu en lumière, à nouveau, cette crise agricole qui couve depuis des mois."

Cette mobilisation survient avant les élections professionnelles, organisées du 15 au 31 janvier, qui détermineront les nouveaux rapports de force entre syndicats agricoles : la CR, qui a gagné en visibilité à la faveur d'actions coups de poing depuis l'hiver dernier, espère ravir une quinzaine de chambres à l'hégémonique alliance FNSEA-Jeunes Agriculteurs.

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