À Limoges, troisième jour des assises consacrées au double meurtre de Nexon. Enfin les langues se délient. Le principal accusé a partiellement avoué les faits ce mercredi 9 octobre matin, journée par ailleurs consacrée à l'examen des expertises des légistes.
"Je suis allé trop loin, ça n'était pas prévu", déclare Abdelkader Belarbia, lui qui se montrait mutique depuis lundi a finalement avoué le meurtre de Pierrick Berthier.
Il raconte qu'à son entrée dans la maison, Pierrick Berthier qui était venu protéger Cécilia Péroux le braque avec un pistolet à plomb. Belarbia dit se sentir menacé. "Quand j'ai vu l'arme, je lui ai enlevé la vie". La présidente lui demande qui a tué Cécilia. Il répond, "c'est monsieur Malioukov", mais ce dernier persiste à nier.
"Aucun des accusés ne donne la véritable version de ce qui s'est passé et c'est assez frustrant. On attend au moins une certaine forme de courage dans la reconnaissance des actes de chacun. Entendre qu'on a perdu la mémoire ou qu'on a été obligé de... C'est insatisfaisant" déplore Maître Nathalie Preguimbeau, avocate des deux plus jeunes enfants.
Ce troisième jour de procès s'ouvre avec l'expertise d'une médecin légiste. Tous espèrent que l'autopsie pourra éclaire cette nuit du 15 au 16 juin 2021.
En premier lieu, les photos des corps retrouvés choquent. Les deux victimes apparaissent carbonisées, leurs visages sont entourés de linges ou de sacs poubelle. La médecin légiste révèle des plaies contuses. Trois sont identifiées sur Cécilia Péroux. L'une à la nuque est mortelle, sectionnant une partie de la moelle épinière. Sur Pierrick Berthier, 16 plaies témoignent de l'acharnement des agresseurs.
"Nous avons l'utilisation d'armes blanches, couteaux, pied de table, altère, certainement marteau aussi pour pouvoir engendrer des blessures si graves qui ne lui ont laissé aucune chance" confie Maître Nicolas NGuyen, avocat des parents de Pierrick Berthier.
Une explosion de violence démontrée par les experts. L'incendie provoqué aurait pu coûter la vie aux trois enfants si la voisine, témoignant à la barre cet après-midi, n'avait pas appelé les secours.
"J'ai entendu les cris de Maëlle qui disait "à l'aide, au secours, il y a du sang partout, appelez les pompiers". Quand je suis sortie, il y avait beaucoup de fumée et des flammes qui sortaient. Les enfants étaient côté jardin. Ils étaient tous les trois à la fenêtre, les deux petits agrippés à leur grande sœur. Elle a eu un sang-froid incroyable, exemplaire, c'est elle qui les a sauvés. Je leur ai dit de ne pas descendre et j'ai appelé les pompiers. Je suis restée à leur parler à la fenêtre jusqu'à ce qu'ils arrivent. C'est des choses qu'on n'oubliera jamais" se souvient, très émue, Alexandra Coruble-Eurieult, voisine de Cécile Péroux.
Devant ces descriptions effroyables, dans le box, les deux accusés restent toujours aussi impassibles.
Demain, jeudi 10 octobre, sera le quatrième jour de procès. Un moment délicat très attendu puisque ce sont les enfants qui devraient témoigner.
