Double meurtre et triple tentative de meurtres de Nexon : aux Assises de Limoges, deux accusés aux profils chaotiques

Lundi 7 octobre, le procès de deux hommes s'est ouvert devant la Cour d'Assises de Limoges. Ils sont accusés d'avoir commis un double meurtre et une triple tentative de meurtres, à Nexon en juin 2021. Ils encourent la réclusion criminelle à perpétuité.

Dans la salle d'audience du palais de justice de Limoges, le premier jour du procès d'Abdelkader Belarbia, 28 ans, et de David Malioukov, 31 ans, s'est déroulé dans un climat très tendu.

Ces deux hommes sont accusés d'un double meurtre et d'une triple tentative de meurtres. Les faits remontent à la nuit du 15 au 16 juin 2021. Cécilia Péroux, l'ancienne compagne d'Abdelkader Belarbia, et Pierrick Berthier, le voisin de cette dernière, venu tenter de la secourir, sont poignardés à mort. La maison de cette mère de famille est incendiée et ses trois enfants sont secourus alors qu'ils se trouvent enfermés à l'étage.

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Une audience sous tension

Au cours de ce procès d'envergure qui doit durer huit jours, onze experts et une trentaine de témoins vont se succéder à la barre. La première journée s'est attachée à dévoiler la personnalité des deux accusés.

Totalement renfermé, Abdelkader Belarbia est resté mutique face aux questions de la présidente et des parties civiles, à l'exception d'une seule : "Reconnaissez-vous avoir tué votre ex-compagne, et tenté de tuer ses enfants ?". Son unique réponse : "Non".

À la même question pour Pierrick Berthier, il n'a pas répondu.

"Je crois que parfois, c'est mieux de garder le silence. C'est comme ça qu'il essaie tout simplement d'assumer, ce n'est pas évident d'être dans le box pour lui", explique Maître Julie Lehut, son avocate. "C'est toujours difficile pour les jurés d'avoir une vision d'un des accusés de cette manière, mais c'est aussi notre rôle d'essayer de ramener un peu d'humanité chez M. Belarbia, parce qu'il en a."

Je ne l'excuse pas, j'attends que la justice passe.

Eric Berthier

Père de la victime, Pierrick Berthier

Il a également créé un incident en cours d'audience, afin de se rendre aux toilettes, tapant du pied sur le sol et menaçant d'uriner dans le box.

Les parents de Pierrick Berthier, qui ont souhaité déposer une photo de leur fils dans la salle d'audience, ne sont pas surpris. "Son comportement est exactement comme on l'attendait, c'est quelqu'un d'instable, de violent, et au moment où il n'obtient pas ce qu'il veut c'est tout de suite un comportement difficile", soupire Hélène Berthier. "Les gendarmes ont été obligés de le faire sortir et il n'est pas revenu parce qu'il n'assume pas du tout ce qu'il a fait."

Alors que David Malioukov a souhaité s'excuser auprès des parents en fin de journée, Éric Berthier déplore le manque de respect d'Abdelkader Belarbia : "Franchement ça m'a complètement choqué oui. Les excuses de David ce soir, c'est pareil, "Je n'ai pas fait exprès, je m'excuse", moi, je ne les excuse pas, j'attends que la justice passe."

Des parcours chaotiques

Les deux accusés ont tous deux connu des parcours émaillés de violences depuis l'enfance. Après avoir perdu sa mère très jeune, Abdelkader Belarbia a été placé en foyer et est entré dans la délinquance.

L'expert psychologique chargé de le rencontrer affirme avoir eu peu d'occasions d'échanger avec lui. Au tribunal, ce sont surtout les paroles de la famille de cet accusé qui ont été relayées. Elles le présentent comme mythomane, consommateur de stupéfiants et violent avec les femmes. Cette violence s'est également dirigée contre son codétenu.

Le second accusé, David Malioukov, est pour sa part considéré comme travailleur et naïf, mais aussi baignant dans la délinquance depuis l'enfance. Il a été incarcéré pour la première fois à l'âge de 17 ans.

Pour son avocate, Maître Elvina Jeanjon, tout cela remonte au divorce de ses parents qu'il a très mal vécu, lorsqu'il avait huit ans : "Il a eu, je pense, des violences plutôt psychologiques du papa qui l'a très vite entraîné vers la drogue et l'alcool, à partir de neuf ou dix ans, il roulait même des joints à son père", raconte-t-elle. "Il n'a pas réussi, psychologiquement, à suivre une autre voie."

Pour avoir volontairement donné la mort à Cécilia Péroux et Pierrick Berthier, et tenté de la donner aux trois enfants de la victime, les deux accusés encourent la réclusion criminelle à perpétuité.