Entre menaces sur l'emploi et espoirs de reprise pour la filière aéronautique en Limousin

Après un peu plus d'un an de crise sanitaire, la filière de sous-traitance aéronautique, autrefois en croissance, a perdu environ la moitié de son activité. L'Insee fait le point sur l'emploi. En Limousin, certaines entreprises ont dû licencier des salariés.

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C'est un secteur majeur du grand sud-ouest : la filière aéronautique et spatiale compte près de 155 000 salariés en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie, avec des centaines de sous-traitants. Ces dernières années, la création d'emplois était continue mais avec un trafic aérien presque stoppé au printemps 2020, les cadences des machines-outils ont fortement baissé.

L'INSEE vient de sortir une brève note de conjoncture annuelle sur l'emploi en 2020Selon l'institut, les entreprises ont perdu 8 800 salariés, ce qui représente une baisse de 5,5 % de l'effectif total alors que 5 500 emplois avaient été créés en 2019. 

C'est surtout la chaîne d'approvisionnement qui supporte cette baisse. La métallurgie et l'ingénierie sont les secteurs les plus touchés.

Insee Nouvelle-Aquitaine

Sans surprise, la Haute-Garonne, berceau d'airbus est le département le plus touché avec 4 900 emplois supprimés chez les nombreux sous-traitants. 

En Nouvelle-Aquitaine, les sociétés semblent moins touchées pour l'instant mais certaines n'ont pas pu éviter des restructurations. C'est le cas du groupe Nimrod dans le nord de la Haute-Vienne qui a dû se séparer de 26 salariés sur 120 en début d'année au cours d'un PSE (plan de sauvegarde de l'emploi), sur ses deux sites à Nouic et Bellac spécialisés dans la tôlerie et le traitement de surfaces.

"C'est la mort dans l'âme que l'on a dû licencier du personnel mais l'activité a diminué de moitié en 2020. La période est très difficile et le secteur va le payer cher" explique Eddy Ephrati, PDG du groupe Nimrod qui avait repris l'usine ESM de Nouic en 2007, investi et lancé aussi Aerolyce à Bellac en 2014 avec une trentaine d'employés.

Plan de soutien  

Nimrod avait mis en place du chômage partiel, comme la plupart des sous-traitants, mais cela n'a pas suffi à sauver tous les emplois. En 2020, le gouvernement a annoncé un large plan de soutien au secteur aéronautique de l'ordre de 8 milliards d'euros. Les commandes pour la partie militaire avaient aussi permis de limiter les pertes. "Le plan d'aide a été important et efficace" selon Hervé Danton, délégué du réseau Mécanic vallée."Et aujourd'hui la situation est contrastée pour ces entreprises de l'aéronautique et de l'industrie" précise-t-il. 

Elles ont été fragilisées mais tiennent bon pour ne pas perdre les compétences. D'autres souffrent plus et certaines se remettent à investir. 

Hervé Danton de Mecanic vallée.

Chez Secome à Blanzac, où on fabrique des pièces pour les systèmes de carburant et de filtration des avions les soixante emplois ont été conservés non sans conséquence sur l'organisation et les salaires.

"L'activité partielle est en place depuis un an avec certains postes bien impactés limités à trois jours de travail par semaine et un peu moins de salaire" indique Julie Bagnard, responsable des ressources humaines.

Projets d'avenir

"La priorité est bien de redonner de l'activité aux salariés" note Pierre Farrenq, directeur de Safran filtrations systems, à Nexon, où travaillent près de 180 salariés avec de l'activité partielle aussi.

Dans ce ciel très orageux pointent quand même des lueurs d'éclaircie. Les usines d'Airbus construisent deux fois moins d'avions que prévu pour l'instant mais les chaînes de production ont repris. Le trafic aérien intérieur a nettement repris en Chine et aux Etats-Unis.

Chez Nimrod, on se montre malgré tout optimiste après tous les efforts fournis. "Les fondamentaux et le savoir-faire sont là. Les clients croient en nous. Le groupe travaille pour relancer l'activité. Et nous avons déjà pu reprendre plusieurs personnes" souligne M.Ephrati.

Le patron évoque plusieurs commandes à venir avec airbus hélicoptères ainsi que Dassault pour le Rafale et le nouveau jet Falcon 6X qui vient de réussir un premier vol le mois dernier à Bordeaux.

Tous les acteurs de la filière se battent pour ne pas perdre les acquis humains et matériels et amorcer une reprise qui prendra, ils le disent tous, plusieurs années.   

 

     

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