Evoquée une première fois le 1er avril dernier, l’affaire avait été renvoyée au 9 septembre. C’est donc ce vendredi que va comparaitre le gérant du bac-tabac Le Macao, pour avoir ouvert volontairement une bouteille de gaz et provoqué une explosion, blessant gravement un sapeur-pompier en intervention et endommageant un véhicule du SDIS ainsi que les immeubles voisins. L'intention volontaire est contestée par la défense qui soutient l'accident.
C’était le 10 juin 2014, vers 23h00. Les policiers sont appelés pour un différend familial au 255 de la rue François Perrin à Limoges, au bar-tabac le Macao. Le mari s'est enfermé au sous-sol dans une réserve. Très vite, les forces de l'ordre sentent une odeur de gaz et sollicitent l’intervention du SDIS 87.
Une forte explosion
Mais alors que les pompiers arrivent, une explosion dans le sous-sol du bac-tabac est entendue dans tout le quartier. L’immeuble s’effondre et l’effet de souffle blesse plusieurs pompiers sur place, dont un grièvement. On retrouve dans les décombres un autre blessé grave : le patron du Macao.
Resté en soins intensifs pendant plusieurs semaines, le sergent-chef du SDIS 87 a dû subir de nombreuses opérations chirurgicales en raison de multiples fractures au visage, une fracture du bassin et une perforation de ses deux poumons. Marié, ce père de famille de 44 ans a dû rester plusieurs mois alité avant de pouvoir se déplacer en fauteuil roulant. Il n'a pu déposer plainte que trois mois après l'explosion.
Après un arrêt de travail de cinq ans, il n'est aujourd'hui toujours pas consolidé. Il est en invalidité avec un suivi psychologique et physique (auditif, orthopédique, rhumatologique...), il attend une prothèse de la hanche en 2023. Son préjudice corporel, son pretium doloris pour les souffrances endurées et le déficit fonctionnel permanent qu'il présente feront l'objet d'une demande d'indemnisation de la part de son avocat.
Quant au SDIS, il a pris en charge ses salaires.
Un soutien massif s'était manifesté auprès de l'amicale des pompiers.
Quatre policiers, choqués et légèrement blessés, se constituent également parties civiles au procès.
Une version que contredisent les constatations techniques et scientifiques
Soigné, le patron du bar est mis en garde à vue le 23 septembre 2014. Il avance une thèse accidentelle, l'origine étant une fuite de gaz. Il soutient ne pas avoir lui-même ouvert la bouteille de gaz. Son épouse confiait en 2014 à nos équipes de reportage que l'alcool était au coeur de la dégradation de leur relation depuis plusieurs années et que c'était aussi à l'origine de leur différend familial ce 10 juin 2014.
Une thèse de l'accident qui est cependant apparue peu crédible aux enquêteurs au vu des constatations techniques et scientifiques. A l'issue de l'instruction, le gérant du Macao a été renvoyé devant le Tribunal correctionnel pour blessures involontaires, violences et dégradations volontaires. L'intention du gérant sera donc au coeur des débats.