Lauréat du grand prix national de paysage, Alain Freytet a participé à la transformation du site haut-viennois du Mont Gargan. Il y accueillait cette semaine une cinquantaine de ses étudiants de l'École nationale supérieure de paysage de Versailles pour une leçon de paysage grandeur nature, avec la sobriété comme ligne de conduite.
"Il faut absolument éviter le piétinement au pied des arbres. Débrouillez-vous maintenant !", s'exclame le paysagiste Alain Freytet, s'adressant à la cinquantaine d'étudiants de l'École nationale supérieure de paysage de Versailles qu'il a convié à travailler sur le site patrimonial emblématique du Mont Gargan.
Débrouillez-vous pour que les 52 hêtres de l'allée du Mont Gargan ne meurent pas, c'est la mission que lui a confiée il y a quelques années le département de la Haute-Vienne, à qui appartient cet espace sensible, classé au titre des monuments et des sites naturels.
Alain Freytet a donc imaginé comment sauver ces arbres remarquables plus que centenaires.
Des pierres pour sauver les arbres
"La solution a été de mettre des pierres. De la pierre sèche, locale. Ces pierres viennent à fleur des racines, ce qui fait que quand on remonte l'allée des hêtres, on marche sur les pierres, et pas sur les racines" explique Christophe Madegard, chargé de l'environnement et des espaces naturels sensibles au département de Haute-Vienne.
Après un an de travaux sur ce haut lieu chargé d'histoires et de légendes, les racines des arbres sont préservées. L'intervention humaine s'est faite en toute discrétion.
La sobriété comme ligne de conduite
"La meilleure réponse, c'est la sobriété. Faire des projets qui ne se voient pas. Faire en sorte que les gens se disent : qu'est-ce que le site est beau, on n'y a jamais touché. Là, pratiquement, on a gagné" commente Alain Freytet, lauréat du grand prix national du paysage. Des notions théoriques, et des conseils très concrets que partage le paysagiste avec ses étudiants de l'Ecole nationale de paysage de Versailles, dans une leçon d'aménagement in situ.
"Ici, c'est peut-être plus le sécateur de force qui va servir", leur indique-t-il en s'attaquant à un dense buisson de ronces et de fougères.
Ouvrir un sentier qui n'existait pas, c'est le chantier du jour pour ces futurs paysagistes, confrontés à une réalité bien différente de leur environnement versaillais. "Ça nous ouvre sur d'autres territoires, des territoires ruraux. On sera peut-être appelés à intervenir sur des territoires plus urbains, mais là, on est plutôt dans la campagne", constate Titouan Jollivet Étudiant en 2ᵉ année à l'École nationale supérieure de paysage de Versailles.
VOIR le reportage de Martial Codet-Boisse et Pascal Poussy