Le groupe qui a représenté la France à l’Eurovision 2007 sera en concert samedi 10 Novembre 2018 à la salle John Lennon. Rencontre avec l’un des musiciens, Jean Marc Sauvagnargues.
Limoges est la ville dont on parle à chaque concert. On dit toujours "Vous êtes aussi mous qu’à Limoges !". Ce qui est absolument faux ! Mais Limoges est notre ville témoin ! On est super contents de jouer chez vous car chaque fois ça se passe très bien ! Et en Plus, pour moi, cette ville évoque la porcelaine Bernardaud, et cette publicité qui passait quand j’étais enfant : "Bernardaud, porcelaine de Limoges !"
Les chansons des Fatals Picards ont évolué. Au début vous faisiez de l’humour, et puis vous êtes passés à la chanson plus revendicative.
Au début, on était presque un groupe parodique. On est progressivement passés non pas à de la chanson engagée, mais plutôt concernée par les sujets de société. Les gens engagés sont ceux qui vont sur le terrain aider les autres, ce qui n'est pas notre cas. On les respecte beaucoup.
Qu’est-ce qui vous fait réagir en ce moment ?
Le mépris des hommes politiques devient vraiment incroyable, que ça vienne de la gauche ou de la droite. Et puis dans notre prochain album, une chanson s’appelle Béton Armé, à propos des usines Lafarge en Syrie. Une autre évoque le continent de plastique. On parle aussi de Kim Jong-un. Il y a tellement de sujets à traiter en ce moment …
Votre force est cette communauté de 160000 fans sur les réseaux sociaux.
Nous existons grâce à notre présence sur le terrain depuis 2002. On a dépassé les 1600 concerts. On est avec les gens avant et après. Notre public est devenu une immense famille. On connaît des centaines de fans par leur prénom. Certains sont devenus comme des amis. Ils nous manquent quand on ne les voit pas. Il arrive même que nos fans fassent des centaines de kilomètres pour nous voir. Nos concerts, c’est un peu une fatale thérapie !
Vous avez déjà enregistré 8 album. Le 9ème sortira au printemps 2019. Et vous le financerez une nouvelle fois seuls.
Oui, grâce au financement participatif. La dernière fois, nous avons levé 100 000 euros, ce qui est beaucoup. Au début, les autres membres du groupe étaient réfractaires à ce genre de système. Mais ils ont changé d’avis car le crowdfunding nous rend libres. On enregistre ce qu’on veut, on ne fait pas écouter les morceaux avant à une maison de disques.
Le système des maisons de disques ne vous intéresse plus ?
Les groupes de variété peuvent difficilement s’en passer, mais elles ne sont pas incontournables quand on est un groupe alternatif. Maintenant, je pense que les gros médias sont rassurés quand il y a une maison de disques.
C’est ce qui explique que vous soyez peu médiatisés ?
Les médias importants nous ont classés dans la catégorie « artiste polémique ». Les textes de nos morceaux les plus vendeurs sont souvent trop difficiles. Je prends un exemple : dans À la vie à l’armor, nous parlons d’un con avec un drapeau Breton.
Ce texte ne faisait de mal à personne, mais les radios ont refusé de le passer. Il est étrange de constater que les humoristes puissent aller très loin, mais qu’en chanson, le même humour ne passe pas.
Pourtant, les chansons pinçantes et incisives sont la marque de fabrique des Fatals Picards.
C’est pour cela qu’on ne fera jamais autrement et qu’on ne variera pas d’un iota. Chaque fois qu’on écrit un morceau, si on ne trouve pas un angle très particulier, incisif et corrosif, on abandonne.