Le grand rendez-vous des musiciens et de la rue aura lieu dans moins d'un mois. Il est temps de s'organiser. Car, dans la plupart des communes, l'improvisation n'est plus de mise : les groupes doivent déclarer leur concert au préalable pour avoir le droit de jouer sur le domaine public. On est loin de l'esprit de spontanéité qui prévalait lors de la création de la fête de la musique en 1982.
La fête de la musique a déjà plus de quarante ans. Et au fil des années, elle a quelque peu évolué.
En 1982, à sa création par Jack Lang, le ministre de la Culture, il s'agissait de faire descendre dans la rue les cinq millions de Français qui pratiquaient d'un instrument. Les mots d'ordre étaient : fête, liberté et spontanéité. Chacun pouvait se produire avec qui et où il l'entendait.
Quatre décennies plus tard, évolution de la société oblige, l'événement est un peu plus organisé.
Dans la plupart des communes, les musiciens doivent anticiper, car il leur faut désormais obtenir une autorisation d'occupation du domaine public. La demande doit être effectuée en général auprès de la mairie, sauf à Paris où il faut s'adresser à la préfecture.
À Limoges, les demandes de participation doivent être effectuées avant le 7 juin. L'organisation de la fête de la musique est réglementée : les groupes musicaux peuvent se produire uniquement dans un périmètre délimité, où la circulation des véhicules est interdite, et à des horaires bien précis (entre 20 h et minuit pour les emplacements qui génèrent une modification des stationnements, à partir de 14 h pour les autres).
Il ne s'agit pas de restreindre les libertés. Au contraire, c'est pour que tout le monde en profite.
Lydie KuhlerDirectrice de la culture et du patrimoine à Limoges
Pour la directrice de la Culture à la Ville de Limoges, l'objectif est avant tout de coordonner les demandes - qu'un groupe sonorisé ne se retrouve pas à côté de chanteurs a capella - et que le public puisse déambuler en toute sécurité. "Du plus loin que je me souvienne, à mon arrivée en 2012, la procédure était la même. Jamais une demande ne sera refusée. Au pire, on propose un autre emplacement", assure-t-elle.
À ce jour, une trentaine de demandes ont déjà été reçues. Lors de la dernière fête de la musique à Limoges, une quarantaine de concerts avaient été organisés sur le domaine public à Limoges.
Des variantes selon les villes
Aujourd'hui, la plupart des communes ont choisi d'encadrer l'organisation de la fête de la musique.
Mais pas toutes. À Tulle, par exemple, il n'y a pas de règlement ni de périmètre imposé. Seuls les bars qui souhaitent fermer plus tard que d'habitude sont tenus d'effectuer une déclaration. "Mais celui qui veut faire un concert en bas de chez lui, pas de soucis", assure-t-on. À condition, bien sûr, de ne pas déraper en nuisances sonores.
La ville de Brive, pour sa part, privilégie l'installation de deux scènes amplifiées, pour lesquelles un appel à participation a été lancé. Pour les groupes programmés par un bar ou un restaurant, les autorisations seront de mise. Et les concerts possibles entre 18 h et 1 h du matin, dans un périmètre neutralisé du centre-ville où 10 à 15.000 personnes sont attendues.
À Saint-Junien, même si la commune est plus petite, là-aussi, il faut déclarer son concert. Normalement, avant le 30 avril... "C'est surtout pour communiquer sur les groupes qui seront programmés, dans notre magazine mensuel ou d'autres bulletins locaux. Mais pour la fête de la musique, nous autorisons une occupation gratuite du domaine public. Habituellement, c'est facturé, comme un stand de marché", détaille Mathias Martin-Moreno, médiateur au service culture de la cité gantière.
Et le reste de l'année ?
Hors fête de la musique, peut-on se produire librement dans la rue, investir une place pour pousser la chansonnette, ou animer un marché en jouant d'un instrument ?
La réponse est non.
Là aussi, toute prestation d'un artiste de rue est soumise à une autorisation d'occupation du domaine public. Il existe évidemment une certaine tolérance, mais les forces de l'ordre sont en droit de faire respecter cette législation, surtout si l'intervention gêne la tranquillité publique.
C'est le cas également dans les transports publics. À Paris, les musiciens qui jouent dans le métro doivent avoir l'autorisation de la RATP, et pour s'installer dans les couloirs d'une station fréquentée, il faut même passer une audition !