L'expulsion des personnes occupant le squat de la Révolution à Limoges était suspendue jusqu'au 31 mai 2021. Mais cette échéance arrive dans quelques jours et aucune solution collective pérenne n'a été trouvée, ce que déplore le collectif de soutien Chabatz d'entrar.
Qu'en est-il de l'avenir de la centaine de personnes, dont une trentaine d'enfants, qui occupe, sans droit ni titre, l'ancienne usine désaffectée de l'avenue de la Révolution ?
Expulsables depuis le début de leur occupation, ces familles et ces migrants isolés ont depuis deux ans des mises en demeure de quitter les lieux. La protection légale de la trêve hivernale ne bénéficie pas aux squatteurs, expulsables à tout moment de l'année. Mais une ordonnance du président du Tribunal d'Instance de Limoges du 29 octobre 2019 a permis cette protection aux personnes occupant le squat. Toute expulsion était donc impossible du 1er novembre au 31 mars, correspondant à la trêve hivernale légale. La crise sanitaire a prolongé cette échéance de deux mois supplémentaires, pour l'amener au 31 mai.
L'expulsion du squat de la Révolution est donc désormais à nouveau possible à partir de juin prochain. Elle le sera deux mois après un commandant d'expulsion. Mais cette ancienne usine est le seul toit de ces familles, d'origine marocaine, algérienne, guinénne... La vie s'y est organisée au mieux.
Le collectif de soutien Chabatz d'entrar déplore qu'aucune solution pérenne ne soit proposée pour héberger durablement ces personnes, au nom de la solidarité.
"Les seules solutions proposées sont du cas par cas, nuit par nuit en passant par le 115, il manque 200 places d'hébergement durable et ça passe par une ambition et une volonté politique. On oublie trop le mot "fraternité" de la devise de la République française "Liberté Egalité Fraternité". Voilà quatre ans qu'on demande à se retrouver autour d'une table avec tous les acteurs pour qu'une solution pérenne soit trouvée" souligne Stéphane Lajaumont, animateur du Collectif Chabatz d'entrar qui regroupe des citoyens et des associations soutenant les migrants en Limousin. "Ces personnes se retrouvent en situation administrative irrégulière parce que l'Etat fabrique de l'irrégularité par ses textes et ses lois" poursuit Stéphane Lajaumont.
En février dernier, une délégation d’habitants s’était rendue à la préfecture pour remettre un courrier et faire part de leurs inquiétudes.
Du côté de la Préfecture de la Haute-Vienne, on souligne que toutes les situations sont traitées de façon individuelle et, pour un certain nombre, elles sont régularisables. Les dossiers sont à l'étude. Le Préfet de la Haute-Vienne tient également à souligner que "l'Etat a bien accompagné ces personnes pendant la crise sanitaire, notamment lorsqu'il y a eu des cas positifs".