Franck Bouysse et Catherine Formet Jourde lauréats du Prix Aral 2022

Créé en 2016 par l’association régionale des Amis du Limousin, le Prix Aral 2022 récompense deux ouvrages qui ont un lien très fort avec le Limousin. Il n’y a pas d’obligation d’y être né pour y prétendre.

« C’est une grande surprise », confie Franck Bouysse à l’annonce du Prix Aral 2022. « Je suis très content de le recevoir ». Son texte primé s’intitule Fenêtre sur terre, publié aux éditions Phébus. Un livre né d’une histoire de rencontre avec le conseiller éditorial de la maison d’édition. Son recueil de 130 pages a l’ambition de « tracer sa géographie intime. C’est vraiment mon terreau d’écriture. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que certains personnages reviennent, je pense à Lucie, à Rose, à Virgile un personnage de mon roman Plateau » détaille l’écrivain. 

Cette fenêtre sur terre est une manière de donner des clés pour comprendre ses œuvres passées, ses obsessions d’écrivains. Franck Bouysse est un contemplatif, il aime observer, se nourrir des paysages qui l’ont vu naître, qu’il arpente pour réfléchir à ses personnages, à son prochain roman. On pourrait y reconnaître sa chère Corrèze, la vie paysanne, la nature en général. « J’aime ce plaisir intense de la beauté, et j’ai eu totale liberté de la part de mon éditeur pour le réaliser. Chaque texte m’a demandé des semaines d’écriture, réécriture. Je suis un épicurien de la culture ». 

C’est un montage, avec des hommages à Soulages, Bashung, ou encore à Faulkner, ses auteurs ou artistes de prédilection. 

De l’aveu de son président, Gérard Peylet, le Prix Aral a eu « une très bonne sélection cette année, avec des livres de qualité, que ce soit en patrimoine ou en littérature. » Quand on lui demande ce qui l’a séduit dans Fenêtre sur terre, Gérard Peylet est intarissable sur son coup de cœur. « C’est un bel hommage à la Corrèze, à ses habitants et même aux paysans. L’auteur dit dans une sorte de préface, je suis de ce pays, un paysan parmi les autres paysans. C’est aussi un livre de mémoire, un monde en train de disparaître »  Un recueil de textes brefs, ce sont des poèmes, même s’ils ne sont pas rimés, avec cette forme libre qui témoigne d’une certaine simplicité. Ce qui frappe, c’est ce que c’est un recueil très personnel, avec des photos qui ne sont pas une illustration du texte, mais de beaux échos photographiques, avec l’association du noir et blanc qui fonctionne bien. 

C’est un texte très pudique, très dépouillé, avec une volonté d’aller vers l’épure, le dépouillement. On a choisi ce livre parce qu’il est pétri du Limousin, même s’il est ici loin de l’écriture romanesque. On pense à Plateau, un autre de ses livres. C’est un recueil qui puise sa source dans un lieu fondateur. Il est né d’une expérience intime qui remonte à l’enfance.

Gérard Peylet, président du Prix Aral

Ces lieux dont il parle, il les habite par le cœur, la mémoire, les souvenirs. "La question que je me suis posée, c’est qu’on est presque surpris que le livre ne soit pas plus nostalgique, en général on s’attend à la mélancolie dans ce type de livre. Mais on sent que Bouysse ne triche pas. Il n’y a pas de recherche d’effet. On peut le voir par exemple quand il parle de son grand-père, il y a un très beau texte sur la maison, comme des instants des moments ressuscités » raconte Gérard Peylet. 

L’écho avec les photos est frappant

C’est un texte qui s’écrit entre le noir de la nuit, du crépuscule, et la lumière, il y a une poétique dans ce livre. Ce n’est pas prétentieux, c’est simple, dépouillé. Il y a la fenêtre, avec des motifs simples mais qui font sens. Il y a peut-être une note mélancolique, mais à peine. « Il y a une grande pudeur dans ces récits, c’est aussi un livre sur le quotidien sur la vie de ces paysans, une représentation du quotidien. Je pense qu’il appartient à ce pays, au peuple des paysans, il entre dans leur pensée, il y a beaucoup de deuil, de récits sur les morts qui sont suggérés, mais il y a un refus du pathos. Il m’a touché parce qu’il parle du quotidien, de l’objet simple ". C’est un livre modeste, mais qui est très profond. Ce quotidien et ce terroir qu’il évoque c’est à la fois le passé et le présent. Il n’y a rien d’intellectuel. Plutôt que de la mélancolie, on est dans la nostalgie. Ça permet de revenir aux choses simples et ordinaires. "On sent bien que le quotidien dont il parle il le revit, avec le désir de le retrouver par l’écriture".  

Patrimoine

Quant à la lauréate de la catégorie Patrimoine récompensée pour son ouvrage Rojan : l'art d'imaginer la poésie du réel de Catherine Formet Jourde il s’agit également d’un livre important.  « C’est à la fois le moins limousin, mais on a choisi quelqu’un d’exceptionnel, confie Gérard Peylet. Il s’agit d’un livre sur les albums de la collection Père Castor. A la fois sur l’art de Rojan émigré russe, (qui se démarque par une finesse, une poésie dans ses illustrations).

C’est très raffiné, très soigné. L’éditeur a fait un travail formidable. L’analyse est parfaite, il n’y a pas une ligne de trop. On sent qu’elle aurait pu en dire encore plus. Elle a réussi à montrer la finesse de cet illustrateur.

Gérard Peylet, président de l’association ARAL.

Catherine Formet Jourde a travaillé à partir des archives du Père Castor à Meuzac. Il s’agit d’un livre hommage à l’artiste. Les dessins de Rojan sont extraordinaires. "Je trouve que quand il dessine les ours, on sent l’âme russe. Elle montre aussi ce qu’il a fait aux USA. On voit bien qu’il a été obligé de se mettre au goût des américains. C’est un livre passionnant, raffiné, agréable à lire. Il rappelle à quel point la littérature jeunesse est importante » conclut le président de l’ARAL.  

Tournée

A noter qu’une signature est prévue à l’issue de la remise du prix. Franck Bouysse enchaînera ensuite une tournée début mars dans 6 villes de France pour aller défendre Fenêtre sur terre. Il s’envolera ensuite pour l’Espagne du 7 au 9 février pour la sortie espagnole et catalane de Grossir le ciel. La traduction espagnole de Né d’aucune femme, sort en février en Espagne. Un roman déjà traduit dans une douzaine de langues. Son prochain roman est à paraître en septembre 2022 chez Albin Michel. L’écrivain signe également un livre jeunesse chez le même éditeur en septembre. Il scénarise une BD avec Daniel Casanave, dessinateur de Sapiens, à paraître en septembre toujours chez Albin Michel.

Le Prix Aral 2022 sera remis par l’Association régionale des Amis du Limousin, en partenariat avec la BFM de Limoges, le 10 février à 16h dans l’amphithéâtre Clancier à Limoges.

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