Derrière ses allures tranquilles, Limoges cache une histoire riche et parfois violente. Son sac par les Anglais, pendant la Guerre de Cent Ans, reste un événement important de cette période historique. Il est évoqué dans le dernier film du réalisateur américain Ridley Scott.
Dans les rues de l’ancienne ville, désertées par ce week-end de Toussaint, difficile d’imaginer qu’il y a 6 siècles et demi, la cité limougeaude a été le théâtre d’une bataille sanglante. « C’est probablement dans ce secteur (l’actuelle rue du Pont-Saint-Etienne), relate Pascal Texier, historien et professeur émérite à l’Université de Limoges, que se trouvait la fameuse tour Alérésia que les Anglais ont sapée, créant une brèche dans cette partie du rempart qui était un point faible entre deux fortifications importantes : la porte Panet d’un côté et le Pont Saint-Etienne de l’autre. Et c’est par là qu’ils se sont engouffrés ».
Le 19 septembre 1370, après avoir bloqué la ville pendant plusieurs jours, plusieurs milliers de soldats anglais, emmené par le prince de Galles, surnommé le Prince Noir, envahissent les rues de Limoges.
S’en suit, un massacre qui reste, selon certains, l’un des pires de la Guerre de Cent Ans.
On n’a pas de témoignage direct. La chronique de Froissart a été écrite à peu près dix ans plus tard. Pour lui c’est un sac épouvantable, des massacres sans nom, il parle de trois milles morts, il décrit des flots de sang qui dégoulinent dans les rues.
Mais ajoute l'historien : "D’autres sources, limougeaudes cette fois et à peu près contemporaines, sont plus modestes. On y parle que de trois cents morts".
Au XIVe siècle, Limoges, capitale du Limousin, est séparée en deux villes distinctes : à l’ouest, le « château », sous influence anglaise. A l’est, la « cité » s’étend jusqu’à la Vienne, elle est administrée par l’évêque Jean le Cros. Ce dernier quelques mois avant le massacre signe un traité de reddition de la ville avec Jean de Berry. La cité de Limoges tourne le dos officiellement au Prince de Galles.
Le Prince Noir, prend très mal l’affaire. Parce que pour lui, Jean Le Cros était quelqu’un de confiance, c’était le parrain de son fils aîné, et il le prend comme une trahison personnelle.
Malgré son mauvais état de santé (il ne peut plus chevaucher et doit être transporter en litière), le prince de Galles se fait conduire à Limoges à la tête de ses armées pour prendre la cité.
La capitalise limousine mettra plus d’un siècle pour se remettre de ce sac, qui reste un épisode important de la Guerre de Cent ans.
L'histoire de Limoges revisitée par Ridley Scott
Le saccage de Limoges par l’armée anglaise en 1370, qui marqua durement la ville, est aussi un évènement décisif de la Guerre de Cent Ans. Cet épisode historique est évoqué dans le film de Ridley Scott « Le dernier Duel », porté par Matt Damon, que le réalisateur américain a tourné l’an dernier en Périgord.