Le million de réfugiés ukrainiens fuyant le conflit a été dépassé. La question de leur arrivée en France va se poser assez rapidement. En Limousin, traditionnelle terre d’accueil, l’élan de solidarité est inédit. Particuliers, associations, élus sont d’ores et déjà mobilisés.
"Quand on a vu que la mairie appelait aux bonnes volontés, on ne s'est pas posé de questions !" Jean-Louis Lavaux et sa femme sont retraités à Aureil (Haute-Vienne). Ils sont bénévoles depuis des dizaines d'années. Leurs enfants sont partis et deux chambres sont inoccupées. Ni une ni deux, ils se sont donc portés volontaires. "Nous nous voyons bien accueillir une famille ou des femmes avec enfants. Nous avons plein de petits lits. Ils resteront le temps qu'il faudra, ces pauvres gens, ils n'y sont pour rien. On a trop entendu nos parents parler de la guerre pour rester indifférents".
A Aureil, la secrétaire de mairie réceptionne les appels de volontaires. 8 personnes se sont déjà signalées pour accueillir des réfugiés après l'appel de la commune diffusé sur les réseaux sociaux.
C'est aussi le cas de Terence Groos. Installé en Creuse dans une vaste ferme Limousine, il propose également un toit.
"Ce qui nous a poussé à accueillir des réfugiés ukrainiens, c'est que nous avons traversé tout le globe en auto-stop avec ma femme en 2018, pendant plus d'un an et demi, et avons travaillé dans chaque pays, dans des fermes, écoles, etc. Nous avons traversé tout l'Ukraine. Nous avons donc des amis sur place, et avions compris le contexte depuis déjà longtemps. Nous sommes donc particulièrement attachés et émotionnellement impliqués dans ce désastre et ressentons le besoin d'aider un peuple qui nous a beaucoup apporté".
Besoin de coordination
De nombreuses pages dédiées à l'entraide pour les Ukrainiens sont publiées sur les réseaux sociaux. Dans le secteur de Limoges, les bonnes volontés se mobilisent comme ici ou encore ici.
Les initiatives individuelles fleurissent donc de manière un peu anarchique. Pour aider à mettre un peu de cohérence, les communes tentent de se coordonner.
Stéphane Delautrette, maire des Cars et président de l'association des maires de Haute-Vienne essaie d'assurer le pilotage : "Si vous êtes prêts à accueillir des réfugiés, il faut vous signaler à votre mairie".
L'association des maires de Haute-Vienne est en train de compiler toutes les propositions d'hébergement pour les faire remonter en préfecture.
"L'aide des communes consiste donc à faire remonter les initiatives individuelles mais pas seulement. Les mairies ont à leur disposition des logements sociaux, des locaux municipaux qui peuvent permettre de loger des familles" détaille Stéphane Delautrette. "La mairie de Limoges a par exemple proposé de loger des gens dans l'ancien EHPAD Marcel Faure. Nous recensons toutes ces possibilités dans un ficher qui est abondé au fil de l'eau et se remplit très vite. Nous le transmettront ensuite à la préfecture".
Il faudra cependant équiper ces logements qui sont souvent vides. C'est là qu'interviennent les associations. Le Secours Populaire notamment, peut fournir des vêtements, des meubles, le nécessaire pour le quotidien.
"Nous pourrons prendre en charge une aide alimentaire. Nos antennes locales sont mobilisées. Nous sommes habitués à gérer l'accueil de réfugiés mais je n'avais pas vu un tel élan de solidarité depuis le tsunami de 2004" explique Thierry Mazabraud, secrétaire général du secours populaire de Haute-Vienne.
Les trois préfectures (Creuse, Corrèze et Haute-Vienne) sont en bout de chaîne. Elles réceptionnent toutes les propositions d'aide. Quand le ministère de l'intérieur les sollicitera, elles auront donc un bon aperçu des places disponibles. Pour le moment, elles sont dans l'attente. Aucune arrivée n'a encore officiellement été répertoriée. Le ministère de l'intérieur a cependant mis en ligne la procédure pour venir en France et y rester, à destination des futurs réfugiés.