Une page se tourne à la tête de la Ligue de football de Nouvelle-Aquitaine. Après son élection le 9 novembre dernier, le nouveau président, l'ancien joueur des Girondins de Bordeaux, François Grenet va réunir son premier comité directeur ce vendredi à Angoulême pour mettre en place sa nouvelle gouvernance.
L'administrateur provisoire va donc mettre un terme ce jeudi à sa mission, déclenchée par la suspension par la FFF, de l'ancien président pendant 8 ans, l'ancien arbitre international, originaire de Limoges, Saïd Ennjimi, qui a décidé de se consacrer désormais à ses activités professionnelles.
"Je regrette de ne pas avoir pu terminer mon mandat normalement", reconnaît Saïd Ennjimi, premier président pendant huit années de la Ligue de football de Nouvelle-Aquitaine créée en 2017 après la fusion des Ligues d'Aquitaine et du Centre-Ouest, suite à la création de la nouvelle grande région, un an plus tôt.
Le 21 janvier 2017 Saïd Ennjimi avait été élu avec 65% des suffrages et réélu en novembre 2020, lors d'un vote dématérialisé compte tenu du contexte sanitaire du Covid, avec 61,6% des voix.
"J'ai ma part de responsabilités"
L'ancien arbitre international, originaire de Limoges et aujourd'hui âgé de 51 ans, reconnaît qu'il a "sa part de responsabilités dans la situation de ces derniers mois" mais il regrette qu'il y ait eu "trop de guerres d'ego, dans un conflit d'origine électorale, où les districts ont voulu prendre la main sur la Ligue".
En 8 ans de présidence, Saïd Ennjimi, à la personnalité controversée, s'est retrouvé en conflit avec deux anciens très proches, son ex-bras droit Christian Combaret, candidat malheureux à la présidence de la Ligue en 2020 contre lui, et Matthieu Rabby, à l'origine des procédures de ces derniers mois.
Il a aussi dû affronter une polémique sur son salaire et une enquête préliminaire en 2019 notamment pour escroquerie.
"Je ne devais pas avoir le bon profil"
Saïd Ennjimi explique : "La fusion des deux anciennes Ligues a été très difficile à réaliser, avec notamment une attente des districts de l'ex-Aquitaine d'un rééquilibrage financier en leur faveur et la Fédération a usé de moyens non démocratiques pour imposer ses choix et m'affaiblir, parce qu'elle n'a jamais toléré que je refuse que la Ligue lui appartienne." Et il concède : "Dans ce contexte, je ne devais pas avoir le bon profil". Saïd Ennjimi a porté plainte contre la FFF pour harcèlement.
En mai dernier, la commission fédérale de discipline de la FFF a décidé de suspendre à titre conservatoire Saïd Ennjimi, pour avoir refusé de se soumettre à un audit commandité par le comité exécutif et un administrateur provisoire a été désigné.
La Fédération avait été alertée par un courrier notamment signé par Matthieu Rabby, ex-président du district des Pyrénées-Atlantique et candidat malheureux à la présidence de la Ligue, sur des irrégularités et des dysfonctionnements présumés.
Un conflit dans un contexte électoral
L'ancien arbitre estime que "c'est le contexte électoral qui est à l'origine de cette démarche".
Saïd Ennjimi était "favorable à un vote électronique pour désigner le nouveau président afin d'obtenir une plus forte participation et un résultat plus démocratique, moins influencé par les présidents de districts, ceux-ci étant partisans d'un vote en présentiel".
Finalement le scrutin a combiné les deux formules et le 9 novembre dernier, au Palais des Congrès de Bordeaux, François Grenet a été élu de justesse, à 49 ans, président de la Ligue avec 50,7% des voix, par les dirigeants des 1300 clubs de la région, représentant plus de 200.000 licenciés.
L'ancien défenseur des Girondins de Bordeaux, champion de France en 1999, finaliste de la coupe de l'UEFA en 1996, n'a compté que 90 voix d'avance sur son adversaire, qui avait le soutien de 10 des 12 présidents de district.
Matthieu Rabby avait qualifié l'ancien coéquipier de Zinédine Zidane de "poisson pilote de Saïd Ennjimi", une présentation que l'ancien président conteste, sans cacher que François Grenet était à ses yeux "le meilleur candidat" et que François Grenet lui-même qualifie de "stratégie politique de la part de ses adversaires".
Le nouveau président reconnaît que "c'est Saïd Enjimmi qui lui a proposé de revenir dans le football amateur, en tant que chargé de mission, pour s'occuper de la formation des éducateurs, du suivi des équipes jeunes et de l'organisation de stages d'été", une mission interrompue en début d'année pour se consacrer aux élections.
Au terme de sa carrière professionnelle terminée à l'OGC Nice en 2006, François Grenet avait quitté le monde du football pour devenir agent général d'assurances à Bordeaux.
Un nouveau départ pour la Ligue
La première réunion du nouveau comité directeur de la Ligue vendredi à son siège charentais de Puymoyen va donc représenter un nouveau départ après des mois de conflit, François Grenet étant élu pour quatre ans.
Comme prévu, Gilles Bouard, ancien conseiller technique régional originaire de Charente-Martime sera président délégué. Les autres membres du bureau et notamment le secrétaire général et le trésorier seront désignés à cette occasion.
Le comité directeur est composé de 32 membres, 20 représentants élus des clubs et les 12 présidents de district qui sont membres de droit.
Concernant les anciennes tensions entre la Ligue et les districts, le nouveau président estime qu'aujourd'hui "tout le monde est dans un état d'esprit positif, et que les intérêts personnels et les vieilles rancœurs ont été mis de côté".
Sur le plan financier, la Ligue de football présenterait "un déficit d'explication de 1,3 million d'euros" selon l'administrateur provisoire, comme en témoigne le procès-verbal du dernier comité de direction du 28 octobre dernier, sur un budget total de 11,3 millions d'euros.
"C'est un déficit voulu"
Saïd Ennjimi ne conteste pas ce chiffre et au contraire il l'assume : "C'est un déficit voulu. J'ai choisi de rendre aux clubs les excédents que nous avons réalisés pendant sept ans, sous forme de distribution de fin de mandat, en achetant pour 1 million d'euros de petits matériels, des ballons, des maillots, des gourdes par exemple. Aujourd'hui plus de la moitié des clubs en Nouvelle-Aquitaine, 700 sur 1300, ont moins de 100 licenciés, et ce football rural a besoin de l'aide de la Ligue. Compte tenu de la suspension provisoire décidée par la FFF, les clubs n'ont pas encore reçu ce matériel et nous avons dû dépenser plusieurs milliers d'euros de frais de stockage inutilement. Nous avons aussi engagé 200.000 euros dans la formation des agents de la Ligue. Nous avons donc prélevé dans nos réserves et le projet de budget présenté pour cette saison 2024/2025 est à l'équilibre."
Désormais Saïd Ennjimi se consacre à ses affaires, notamment ses cabinets d'expertise comptable et il est consultant arbitrage pour la chaîne L'Equipe.