Il y a du rififi à la ligue de football de Nouvelle Aquitaine. Après l'affaire de la supposée escapade dans une maison close espagnole, c'est le président, Saïd Ennjimi qui se trouve dans la tourmente. Il vient d'être suspendu de son poste, à titre conservatoire, car il a refusé un audit. Les élections pour sa succession au mois de novembre tendent l'atmosphère.
Said Ennjimi est-il réellement hors-jeu dans cette histoire ? Cet expert-comptable installé à Limoges est président de la ligue de football de Nouvelle-Aquitaine depuis déjà huit ans. Soit deux mandats. Il ne peut donc plus se représenter.
Des candidats se sont fait connaître. L’un d’entre eux, Matthieu Rabby, a envoyé une lettre, cosignée par Gilles Rouffignat, le président du district de la Charente, à la Fédération française de foot. S'érigeant en lanceurs d'alerte, les deux hommes demandent un audit de la ligue de Nouvelle-Aquitaine.
"Nous sommes prêts à être auditionnés et à fournir ce qui est en notre possession pour étayer un contexte marqué, dégradé, troublé, principalement depuis deux ans, par une certaine opacité et un manque de transparence de la gouvernance de l’instance régionale (...). Nous en concluons ici par la nécessité des deux requêtes suivantes formulées auprès des hautes instances fédérales : diligenter une mission d’enquête couplée d’une mission d’audit financier, juridique et fonctionnel au sein de la LFNA de la part de la FFF et convenir d’une structure de surveillance des opérations électorales."
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Que lui reproche-t-on ?
Concrètement, il est reproché au président de la Ligue de ne plus organiser des réunions qu'en visio, ce qui nuirait à la transparence dans la consultation des documents. En outre, certains contrats de prestation de service sont considérés comme douteux. Des élus directeurs de la ligue seraient également salariés et ne seraient donc pas objectifs.
Said Ennjimi a refusé de réaliser cet audit, d’où sa convocation devant une commission de discipline et sa suspension, à titre conservatoire. "Je souhaitais quitter le football définitivement avec le sentiment d'avoir fait le maximum ou en tout cas du mieux que je peux, mais manifestement, la Fédération, comme Monsieur Rabby ne l'entendent pas de cette oreille et préfèrent les attaques personnelles", s'indigne le principal intéressé.
Matthieu Rabby reproche trop d’opacité dans la gestion de la ligue de Nouvelle-Aquitaine. Et puis, un autre candidat à la présidence est mis en cause, car il serait salarié de cette même ligue. "Il y a sûrement urgence quand le président de la ligue, tout en ne se représentant pas, est en train de verrouiller et de cadenasser le processus électoral en payant aux frais des clubs et aux frais de la ligue un candidat qu'il téléguide lui-même en la personne de François Grenet".
Après vérification, François Grenet n’est plus salarié par la ligue depuis janvier dernier. Il n’a pas souhaité s’exprimer.
Quant à l’audit, Said Ennjimi n’y serait pas opposé, si la justice validait la demande de la fédération de foot, le 10 juin prochain. "Les documents sont prêts parce que nous n'avons absolument rien à cacher. Simplement, nous voulons juste savoir pourquoi et comment autant d'empressement à réaliser un audit dont on pense qu'il est aussi lié à des considérations politiques.", justifie Saïd Ennjimi.
Dans ce contexte préélectoral explosif (le nouveau président de la ligue régionale doit être élu en novembre prochain), le torchon brûle avec la Fédération nationale qui a déjà sanctionné la ligue Nouvelle-Aquitaine en délocalisant son assemblée générale à Clairefontaine alors qu'elle devait se tenir dans les Landes.
S'estimant victime de harcèlement, Saïd Ennjimi envisage de porter plainte contre la FFF.
Ce vendredi, la Fédération française de football n’a pas répondu à nos sollicitations.