"Il n'y a pas besoin d'être ingénieur pour réussir" Des entreprises à la rencontre des habitants de quartiers prioritaires

L'antenne limousine de la Fondation Agir Contre l'Exclusion rassemble une soixantaine d'entreprises dont l'objectif est de faire découvrir des métiers, et amener vers l'emploi des populations défavorisées. Le président national de la fondation Jean Castex était en visite à Limoges ce vendredi 9 février pour découvrir leurs actions.

"Ce qui manque souvent quand on est dans un quartier prioritaire de la ville, c'est le réseau. Et nous notre objectif c'est d'y aller, de montrer nos métiers et de susciter des vocations. Il n'y a pas besoin d'être ingénieur, d'être doctorant pour pouvoir réussir." PDG de Catalent Pharma Solutions à Limoges, Florent Mouriéras préside depuis avril 2023 le club d’entreprises FACE Limousin Périgord.

Lui a grandi dans la Zup de Corgnac à Limoges "Je ne suis pas issu de la diversité, donc c'est quand même plus facile pour moi. Je suis blanc, j'ai un nom plus ou moins français, mais quand vous êtes dans la zup, les réseaux sont assez restreints, du coup comment vous faites pour découvrir différents milieux ?"

Lutter contre les exclusions

Créée en 1993 par treize grands groupes français réunis à l'initiative de Martine Aubry, la fondation agir contre l'exclusion (FACE) a pour objectif "de mobiliser les entreprises afin de lutter contre l’exclusion, de favoriser l’innovation sociale et d’apporter un soutien actif à des initiatives locales de lutte contre toute forme d’exclusion". 

Pour Florent Mouriéras, la démarche permet à la fois aux habitants des quartiers prioritaires d'élargir leur horizon professionnel, et aux entreprises de répondre aux pénuries de personnel : "On ne peut pas rester avec des problématiques de recrutement, dire qu'il n'y a pas de main d'œuvre, et puis ne pas y aller", explique-t-il. Et il se félicite que l'antenne limousine de la FACE, créée en 2011 avec une dizaine d'entreprises, compte aujourd'hui une soixantaine d'adhérents, et qu'au total plus d'une centaine d'entreprises y collaborent ponctuellement. "Aujourd'hui les élèves connaissent en moyenne 20 métiers, l'idée c'est qu'ils en connaissent 70".

Au niveau national la fondation est actuellement présidée par l'ancien premier ministre Jean Castex, en visite aujourd'hui à Limoges pour découvrir les différentes actions qui y sont développées. "Il y a des jeunes, ou des moins jeunes, qui ont arrêté après le collège, qui n'ont pas de travail, qui vivent dans des conditions difficiles. Est-ce qu'on ne pourrait pas aller les chercher, les reprendre par la main, leur redonner le goût aux choses, leur faire reprendre un cursus, et pourquoi pas leur donner un travail" décrit Jean Castex devant les élèves du collège Donzelot de Limoges.

Le savoir être compte plus que le savoir

"C'est pas vraiment le savoir, c'est le savoir être qui est la clé de ce qui va leur permettre de réussir dans la vie. On a toujours envie de donner du savoir à quelqu'un qui sait être, alors qu'on n'a pas forcément envie de l'inverse" affirme Florent Mouriéras.

William Saubusse, principal du collège Donzelot à Limoges, confirme le rôle des entreprises dans cet apprentissage : "FACE est un partenaire pour nous, et c'est un partenaire qui a deux valeurs fondamentales : une aide à la recherche d'entreprise pour nos élèves, et l'accompagnement de ces élèves dans une dimension de savoir être pour la recherche de stage, d'emploi ou d'apprentissage. Ce sont des règles de base de conduite auxquelles tout le monde s'attend, les chefs d'entreprise apprécient quand les jeunes les ont, et FACE permet de bien les transmettre à nos jeunes."

Au-delà de l'accès à l'emploi, la fondation propose différents accompagnements à destination des populations en difficulté, notamment au sein de l'appartement pédagogique situé au cœur du quartier de Beaubreuil à Limoges.