"Il n'y a pas de sédation des résidents, ça n'existe pas" dit le médecin coordonnateur des Ehpad de la ville de Limoges

TEMOIGNAGE. Le docteur Olivia Merle, médecin coordonnateur des quatre Ehpad dépendant de la ville de Limoges raconte la mise en place d'une "unité Covid", démonte le fantasme des sédations de résidents et salue le "dévouement extraordinaire des personnels".

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Nos équipes ont été renforcées par des remplaçants eux aussi extraordinaires : des infirmières libérales qui se sont mises à disposition, du personnel des cliniques privées mais aussi des étudiants.

Le Dr Olivia Merle est médecin coordonateur pour les quatre EHPAD (établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) qui dépendent de la ville de Limoges : le Mas-Rome, Joseph de Léobardy, le Roussillon et Marcel-Faure, des établissements dans lequels la moyenne d'âge est de 83 ans. L'arrivée du Coronavirus a évidemment bouleversé tout le fonctionnement de ces structures.

Dans les Ehpad, nous sommes habitués aux épidémies comme la grippe, la gastro ou les BMR (bactéries multi-résistantes) avec des protocoles déjà existants. Mais le Covid est beaucoup plus volatile, beaucoup plus contagieux. Cette maladie est tellement particulière, elle a une clinique très déroutante, on peut avoir 2 ou 10 jours de symptômes, cela nous demande d'être particulièrement attentifs, à l'écoute avec nos résidents.

Une "unité Covid"


Au sein de l'Ehpad du Mas-Rome, une "unité Covid" a dû être créée. En ce 22 avril 2020, ils sont 16 résidents à y vivre : 13 ont été testés positifs au coronavirus, les 3 autres sont considérés comme appartenant au foyer épidémique. 

Ils sont suivis régulièrement par leur médecin traitant, par la plateforme Covid du CHU de Limoges, ils sont monitorés et hospitalisés si besoin, précise le Dr Merle. C'est une équipe dédiée qui travaille dans cette unité, elle a d'ailleurs été renforcée. Jusqu'à aujourd'hui, deux des résidents de cette unité ont été hospitalisés et sont malheureusement décédés.


"Il s'agissait de décès attendus, je n'ai pas constaté de surmortalité à ce jour détaille Olivia Merle en précisant qu'elle "ignore comment tout cela va évoluer. Il faut par exemple savoir que la maladie d'Alzheimer fait partie des pathologies de comorbidité, c'est un facteur aggravant"
 


La reprise des visites 


Depuis le 13 mars et même avant dans certaines structures, les visites des familles étaient suspendues, elles reprennent peu à peu. Dans les Ehpad dépendant du CCAS (centre communal d'action sociale) de la ville de Limoges, elles seront possibles à partir du 23 avril. 

La rencontre dure une demi-heure dans une salle avec accès par l'extérieur pour les familles, du gel et des masques sont prévus. Les lieux sont désinfectés entre deux visites. La distance entre le résident et la famille sera d'1,5 m, elle est matérialisée par des tables, car certains de nos résidents souffrent d'Alzheimer. La prise de rendez-vous se fait par notre secrétariat. A ce jour (22 avril), 10 % des familles se sont inscrites, cela fait se faire au fur et à mesure. 


Nos résidents n'ont pas pu voir leurs proches physiquement depuis plus d'un mois, même si nous avons beaucoup développé le Skype ou le téléphone, poursuit le Dr Merle. Les appels en visio sont de grands moments émotionnels, qui peuvent aussi générer de la frustration. Mais nous sommes en liaison quotidienne avec les familles, la directrice leur écrit des mails, je fais des points médicaux, notre psychologue intervient aussi. 

 
 

"Des personnels extraordinaires"


"Ce que j'aimerais que vous écriviez, nous confie Olivia Merle, c'est à quel point je suis admirative du dévouement des professionnels qui travaillent dans nos établissements, à tous les niveaux : soignants mais aussi au linge, au ménage, en cuisine... Nos équipes ont été renforcées par des remplaçants eux aussi extraordinaires : des infirmières libérales qui se sont mises à disposition, du personnel des cliniques privées mais aussi des étudiantsz.

Cette implication des personnels est régulièrement encouragée par les familles, explique le Dr Merle, d'où notre incompréhension face à la polémique autour du Rivotril (des internautes accusant à tort le gouvernement d’avoir adopté un décret le 28 mars qui permet aux soignants d’euthanasier des personnes atteintes du Covid-19 en leur administrant du Rivotril).

Nos protocoles sont des protocoles d'analgésie, pas de sédation, on ne peut pas laisser dire des choses comme ça, cela n'existe pas ! Nos soignants sont encore plus présents en ce moment auprès des résidents, les décisions concernant la fin de vie sont concertées avec le patient, le service de soins palliatifs du CHU

 
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