Il y a 80 ans, 3 parlementaires du Limousin sur 22 ont voté contre les pleins pouvoirs à Pétain

Le 10 juillet 1940 à Vichy, quelques jours après la défaite face à l'Allemagne, parmi 22 parlementaires du Limousin, seuls les députés Léon Roche et Alexis Jaubert et le sénateur François Labrousse se sont opposés à l'octroi des pleins pouvoirs au maréchal Pétain.

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Qui en Limousin se souvient encore de Léon Roche, d’Alexis Jaubert et de François Labrousse ?

Un député de Haute-Vienne, un autre de Corrèze et un sénateur de ce même département, trois parlementaires très isolés ce 10 juillet 1940 à Vichy, parmi les 22 élus de la Nation auxquels les Limousins avaient donné mandat pour les représenter.

Trois hommes courageux qui, malgré la pression et les circonstances, ont refusé de saborder la République pour donner les pleins pouvoirs à Pierre Laval et Philippe Pétain qui, dès l'été 1940, ne cachent pas leur volonté de collaborer avec Hitler et le régime nazi.
 


Après l’invasion allemande, la débâcle, et l’armistice signé le 22 juin 1940 par Pétain, le Parlement réfugié à Vichy avec le Gouvernement est convoqué les 9 et 10 juillet par le président Lebrun. 
Députés et sénateurs vont se retrouver dans le décor insolite de la salle de théâtre du Grand Casino pour réviser les lois constitutionnelles.

C’est Pierre Laval, le vice-président du Conseil, qui a conçu le projet d’amener les parlementaires à se saborder avec la République pour instituer « en respectant les formes » un nouveau régime autoritaire.
 

La République sabordée


Le 9 juillet, députés et sénateurs votent à la quasi-unanimité le principe de la révision des lois constitutionnelles.

Le 10 juillet, 569 parlementaires (357 députés et 212 sénateurs) sur 669 présents votent pour le projet de loi qui prévoit que « L’Assemblée nationale donne tous pouvoirs au Gouvernement de la République, sous l’autorité et la signature du maréchal Pétain, à l’effet de promulguer par un ou plusieurs actes une nouvelle constitution de l’État français… ».

20 d’entre eux s’abstiennent et seulement 80 votent contre.

Sitôt le vote acquis le Parlement est dissout et Pétain s’arroge les pleins pouvoirs. C’est la fin de la République.

A 85 ans, l’ancien vainqueur de Verdun a les mains libres pour instituer le régime autoritaire de la « Révolution Nationale » et entamer une politique de collaboration active avec l’occupant nazi.
 
 

Des absents parmi les parlementaires du Limousin


Parmi les parlementaires de 1940, 22 sont des élus du Limousin : 8 sénateurs et 14 députés.

Mais tous ne sont pas présents à Vichy le 10 juillet :

. Ernest Sourioux, député IURN (Indépendant d’Union Républicaine et Nationale) de la Creuse a été fait prisonnier pendant la Campagne de France.

Aussi anti-communiste qu’anti-nazi,  il est libéré en 1941 et rentre à Mérinchal, situé en zone libre, qui dissimule de nombreuses familles juives. Il sera dénoncé, arrêté puis déporté en janvier 1944. Il mourra au camp de Dora le 20 mai 1944.


. Eugène Nicolas, sénateur SFIO (socialiste) de Haute-Vienne, et Henri Alhéritière, sénateur GD (Gauche Démocratique) de la Creuse, sont absents sans raison officielle.

Eugène Nicolas, maire de Champsac de 1902 jusqu'à son décès en 1965 à l'âge de 86 ans, sera exclu de la SFIO pour ne pas avoir pris part au vote du 10 juillet 1940, au même titre que les parlementaires ayant voté « Oui » aux pleins pouvoirs ou les abstentionnistes.

Henri Alhéritière, maire de Peyrat-la-Nonière, conseiller général de Chénérailles et vice-président du Conseil général de la Creuse se retirera de la vie politique après la Libération.


Marius Vazeilles, député communiste de la Corrèze et militant syndicaliste agricole à Meymac, avait été arrêté le 8 octobre 1939 et déchu de son mandat le 21 janvier 1940, comme tous les élus communistes, après la signature du Pacte Germano Soviétique entre Staline et Hitler. 

Trois Limousins contre Pétain


Le 10 juillet 1940, seuls trois parlementaires limousins sur 18 présents à Vichy refuseront finalement de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain :

. le député SFIO (socialiste) de Haute-Vienne Léon RocheMaire d'Oradour-sur-Vayres c'est aussi l'un des trois parlementaires français à refuser, dès le vote du 9 juillet, le principe même de la révision constitutionnelle.

Léon Roche s'engagera ensuite dans la Résistance, participera à la reconstruction de la SFIO (Comité d'action socialiste, puis SFIO clandestine) et travaillera en liaison avec le Conseil national de la Résistance.

Il mourra peu avant la Libération de Paris.


. le député SFIO de Corrèze Alexis Jaubert : ingénieur agronome et exploitant agricole à Larche, le député de Corrèze avait déployé une grande activité à la Chambre des Députés avant la Guerre, notamment dans le domaine social.

Il sera révoqué de son mandat de maire de Larche par le régime de Vichy en 1941. Il mourra à Larche en 1961.


. le sénateur Gauche Démocratique de Corrèze François Labrousse : promoteur du vote des femmes, de la liberté de la presse et du développement régional au Sénat avant la Guerre, il sera surveillé par le régime de Vichy et la Gestapo après son vote contre Pétain.

A 65 ans il rejoint la Résistance et prend le Maquis. Il mourra en 1951.
 


Parmi les présents à Vichy, une majorité de Limousins votent pour Pétain


Parmi les 18 députés et sénateurs limousins présents à Vichy le 10 juillet 1940 14 ont voté les pleins pouvoirs au maréchal Pétain : Gabriel Debrégeas : député SFIO de la Haute-Vienne ; Georges Tessier : député SFIO de la Haute-Vienne ; Sabinus Valière : député SFIO de la Haute-Vienne ; Marcel Vardelle : député SFIO e la Haute-Vienne ; Léon Betoulle : sénateur SFIO de la Haute-Vienne ; Camille Riffaterre : député SFIO de la Creuse ; Sylvain Blanchet : député SFIO de la Creuse ; Albert Yvon : député SFIO de la Creuse ; Auguste Chambonnet : sénateur GD de la Creuse ; Camille Ferrand : sénateur GD de la Creuse ; Julien Peschadour : député SFIO de la Corrèze ; Jean Roumajon : député SFIO de la Corrèze ; Charles Spinasse : député SIO de la Corrèze ; Jacques de Chammard : sénateur GD de la Corrèze.

Parmi eux Léon Betoulle, député puis sénateur socialiste de Haute-Vienne depuis 1906, et maire de Limoges depuis 1912.

Il sera exclu de la SFIO à la Libération pour ce vote. Cela ne l'empêchera pas de reconquérir la mairie de Limoges en 1947 contre le libérateur de Limoges Georges Guingouin, et de rester maire jusqu'à sa mort en 1956.


En Haute-Vienne, Sabinus Vallière rejoindra la Résistance et sera relevé de son inéligibilité, comme le syndicaliste Marcel Vardelle.


En Creuse, le sénateur Auguste Chambonnet initiera un groupe de Résistance. Blessé et arrêté en 1944, il sera interné et déporté jusqu'en 1945. 


En Corrèze, Charles Spinasse continuera de soutenir le régime de Vichy et la collaboration, notamment dans ses journaux "L'Effort" et "Le Rouge et le Bleu" soutenus par Pierre Laval et Otto Abetz.

Exclu de la SFIO à la Libération pour « félonie », il sera emprisonné pendant quatre mois, au motif de "collaboration".

Il participera à la création du Parti Socialiste Démocratique, un mouvement qui accueillera des socialistes compromis avec le régime de Vichy mais aussi Léon Betoulle.
 

Le Corrézien Henri Queuille s'abstient


Inamovible ministre de l'Agriculture durant l'entre-deux-guerres, ministre du Ravitaillement en 1940 dans le gouvernement Paul Reynaud, maire de Neuvic et sénateur de la Corrèze Henri Queuille sera le seul parlementaire limousin à s'abstenir lors du vote du 10 juillet 1940. 

Le 16 juillet 1941, il est révoqué de sa fonction de maire de Neuvic par le régime de Vichy. En avril 1943, il réussit à gagner Londres et lance à la BBC un appel à la Résistance destiné aux paysans de France.

En novembre 1943, Queuille sera nommé commissaire d'État du Comité Français de Libération Nationale.

En juin 1944, il deviendra ministre d'État du premier Gouvernement Provisoire de la République.
 

 



 
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