Centre névralgique du dispositif en Limousin, la pharmacie du CHU de Limoges reçoit, entrepose, prépare et distribue les doses de vaccin. Un défi technique et logistique relevé quotidiennement par ses équipes. Elles nous ont ouvert exceptionnellement leurs portes.
Ce matin-là, deux grands cartons blancs sont déchargés d'un camion frigorifique dans l'enceinte du CHU de Limoges. A l'intérieur, 6 plateaux de 195 flacons du vaccin Pfizer (soit tout de même environ 7 000 injections). Du gaz carbonique permet de maintenir une température de -80°.
Ces cartons, nous allons les suivre sur le chariot qui les conduit à l'intérieur du bâtiment. Un périple qui va nous permettre de répondre à une question : que se passe-t-il entre l'usine de production de vaccin et l'injection dans le bras du patient ? Etape relativement secrète et méconnue du grand public : le passage par la case pharmacie du CHU de Limoges.
Du sur-mesure
L'arrivée du chariot contenant les cartons de vaccin se fait dans une pièce tenue secrète pour des raisons de sécurité évidentes. Manipulés par un personnel spécialement équipé, les flacons sont d'abord entreposés dans un congélateur spécial.
A chaque vaccin ses conditions de conservation. "Le pfizer se conserve à -80°, les flacons Moderna se conservent à -20° et les Astrazeneca ont moins de contrainte puisqu'ils se conservent directement au réfrigérateur" explique Nathalie Gosse-Boeuf, pharmacienne assistante à la pharmacie du CHU.
Lieu de stockage donc, mais pas seulement, la pharmacie est aussi l'endroit où l'on prépare les kits avec les seringues livrées avec les flacons.
"Les personnes n'ont pas à réflechir, sortent un kit et peuvent reconstituer leur flacon en toute sécurité avec le bon matériel et réaliser l'injection, là aussi en toute sécurité" précise Sonia Brischoux, praticien hospitalier au CHU de Limoges.
Et là encore, il faut faire du sur-mesure. A chaque vaccin son protocole pour administrer le bon nombre de doses. 6 doses par flacon pour le Pfizer, 10 doses par flacon pour le Moderna et l'AstraZeneca. Dans une autre partie de la pharmacie, les seringues sont remplies pour accélérer le processus. La vaccination vient s'ajouter à l'activité normale du service. "Les doses sont fabriquées sur place pour aider les services de soin qui ont énormément de travail et c'est donc une participation de la pharmacie dans la lutte contre le Covid" confie Gaëlle Maillan, praticien hospitalier.
Avant de partir vers les centres de vaccination, il faut décongeler pendant trois heures les doses de Pfizer. Tous les flacons sont étiquetés et contrôlés.
"Ces vaccins sont très précieux et on a besoin donc il faut être très vigilants et surtout bien respecter les dates de péremption afin qu'on ne perde aucune dose et que tout le monde puisse être vacciné" explique Armelle Marie-Daragon, chef du service pharmacie.
Une fois prêtes, les doses sont chargés dans des véhicules frigorifiques pour être acheminés dans les 79 établissements alimentés par le CHU aux quatre coins de la région. La route est encore longue pour vacciner un maximum de personnes mais, signe encourageant les livraisons sont, chaque jour, de plus en plus nombreuses.