Jeux Paralympiques de Paris. Trois athlètes hors-normes proches du plus grand défi de leur vie

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Cyril Jonard, Léane Morceau et Mathieu Bosredon, les trois sportifs limousins qui ont participé aux Jeux paralympiques.
Trois athlètes paralympiques nous ont partagé leur quotidien de sportifs de haut niveau et de femme et d'hommes porteurs de handicap. Un reportage à retrouver dans le magazine "Enquêtes de région", consacré aux Jeux Olympique de Paris 2024. ©Camille Chignac, Samuel Chassaigne, Adrien Gesta-Fline, Chantal Cogne, France Télévisions

La grande échéance approche : dans quelques semaines maintenant, la flamme olympique s’embrasera à Paris pour la XXXIIIème olympiade de l’ère moderne. Et dans le sillage de la quinzaine olympique, les Jeux Paralympiques s’ouvriront le 28 août. En Limousin, le champion paralympique 2004 de judo, Cyril Jonard, la nageuse handisport Léane Morceau et le paracycliste Mathieu Bosredon nous ont ouvert les portes de leur intense préparation mais aussi de leurs quotidiens de femmes et d’hommes porteurs de handicap.

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Tous les trois empruntent un même chemin : contre eux-mêmes, contre le temps et contre leurs corps meurtris. Léane Morceau, Mathieu Bosredon et Cyril Jonard partagent une quête commune qui doit les mener aux Jeux Paralympiques de Paris.

 

Cyril Jonard, est une force de la nature, elle, qui lui a pourtant joué un mauvais tour à sa naissance : il est atteint du syndrome d’Usher, synonyme de surdité et de cécité dégénérative. Malgré cela, celui qui est originaire d’Eymoutiers, en Haute-Vienne, est aussi 10 fois champion du monde de judo – comme un certain Teddy Riner – et champion paralympique en 2004 à Athènes. Alors, il fait l’admiration de sa fille, âgée de 10 ans, la bien nommée Athéna. "Il est très fort, très courageux. Il ne voit pas et il n’entend pas, mais il peut faire plein d’autres choses." 
Cécilia, sa femme, confirme l’investissement de son mari dans le quotidien, malgré son handicap de plus en plus marqué.

Il a toujours été présent, très proche. Il changeait les couches, donnait le bain. Beaucoup de gens ne le croyaient pas, puisqu’il ne voit pas et n’entend pas. Mais il a trouvé ses manières de faire.

Cécilia Jonard

Epouse de Cyril

Tous les matins, accompagné de Pims son chien guide, Cyril Jonard prend le chemin de l’école avec ses enfants. Un moment qu’il affectionne pour bavarder avec Athéna et Naoki. À mesure que sa vue décline, le judoka a développé un langage des signes tactile, presque tendre, dans le creux des mains : des gestes indispensables pour partager et communiquer avec son entourage.

"Il vise l'or..." 

Après l’école, direction la salle de muscu. Vingt ans se sont écoulés depuis son sacre paralympique en 2004, mais, à 48 ans, Cyril Jonard n’a rien perdu de son envie et de sa détermination. Alors, tous les jours, il soulève de la fonte, accompagné de son entraîneur.

Il ne fait pas les choses à moitié, dans quoi que ce soit. S’il s’engage dans un projet, c’est pour finir en or à la fin. Aux Jeux, il vise l’or.

Jason Guillot

Entraîneur de Cyril Jonard

L’exploit serait hors-norme. Il affrontera des adversaires qui ne voient pas mais entendent, les indications de leurs entraîneurs notamment, contrairement à lui. Mais Cyril Jonard en est capable, car le judo, c’est sa vie. Il s’y consacre, s’y investit, s’y épanouit depuis son enfance. Ses parents lui ont fait découvrir ce sport quand il avait 5 ans.

« Enfant, j’aimais beaucoup le judo. Parce que j’aime amitié, copains, copines, amis, relations. »

Cyril Jonard

Champion paralympique de judo en 2004

"C’est vrai que le judo lui a permis de créer une famille. C’est grâce au judo qu’il m’a rencontrée, c’est aussi grâce au judo qu’il a trouvé du travail, qu’il a été reconnu par la mairie de Limoges. Et c’est le judo qui l’a fait sortir de ce double handicap" détaille Cécilia, son épouse.

"Se battre contre et faire avec"

Léane Morceau passe le plus clair de son temps dans l’eau. Elle a 20 ans, vit à Limoges, à deux pas du centre aquatique Aquapolis. Une proximité pratique pour elle qui s’entraîne deux fois par jour, et dont la vue ne permet pas de se déplacer facilement. "Je vois comme si on regardait dans une paille, je n’ai pas du tout de vision périphérique. Et j’ai moins d’un dixième à chaque œil donc je vois tout flou" explique la jeune femme. Elle souffre de la neuropathie optique de Leber, diagnostiquée quand elle avait 8 ans. "C’est une maladie génétique qu’il y a dans ma famille."

Vu que c’est arrivé assez jeune, je me suis très vite adaptée. On ne peut pas dire que ça n’a pas d’impact dans ma vie puisqu’il y a des choses que je ne peux pas faire, mais on s’adapte et on fait d’autres choses.

Léane Morceau

Nageuse handisport

Léane est déterminée à faire passer son handicap au second plan, d’autant que pour ceux qui la côtoient, il est imperceptible. "Je mets au défi quiconque qui vient à l’Aquapolis et qui la voit nager, de détecter chez elle un handicap. Elle s’en accommode très bien, même si c’est une gêne pour elle" remarque son entraîneur au CAPO, Benoît Monpion.

Son handicap lui a forgé un caractère plus résilient que les autres. Elle se dit ‘y’a pas de fatalité, il faut se battre contre et faut faire avec.

Benoît Monpion

Entraîneur de Léane Morceau

Son goût de la compétition l’a conduite au plus haut niveau. Dans sa catégorie, la jeune femme se situe actuellement entre la quatrième et la cinquième place mondiale. Elle veut tenter de se qualifier sur 100 mètres dos et 100 mètres papillon. Elle aura pour y parvenir, deux échéances au printemps, dont une, début juin, à Limoges.

Un rêve que l’étudiante en kiné compte bien atteindre, d’autant que Paris, c’est Paris. Des Jeux à la maison, dans une vie de sportif, c’est une fois, pas deux. Pour les athlètes paralympiques, Paris 2024, c’est une occasion en or d’accélérer la reconnaissance et la médiatisation du handisport.

Le handisport se développe. Il y a toujours des progrès à faire, mais c’est cool de voir que c’est de plus en plus reconnu, et qu’il y a de plus en plus de gens qui s’y intéressent.

Léane Morceau

nageuse handisport

Narguer le destin et un corps paralysé

Dès ses premiers tours de roue, Mathieu Bosredon a compris qu’il pouvait narguer le destin et son corps en partie paralysé. 

Le principal moteur de ce sport, ça a été pour moi la sensation de liberté. Pouvoir partir de chez moi,me propulser à la force de mes bras, commencer à aller à 20, 30, 40 km/h et me dire wow, je vais à cette vitesse, je produis ça, grâce à mon corps, c’est assez exceptionnel en étant en fauteuil.

Mathieu Bosredon

Paracycliste

Et alors, qu’un hématome médullaire l’a rendu paraplégique à l’âge de quatre ans, il a choisi la voie du sport de haut niveau, comme une évidence.

Le handicap n’a jamais été une excuse pour ne plus profiter de la vie

Mathieu Bosredon

Paracycliste

Le Briviste de 32 ans raconte. "J’avais déjà une famille dynamique, mais ils ont bien compris que c’était par le mouvement qu’on allait se reconstruire tous ensemble. Ton enfant devient handicapé à 4 ans, c’est grave, c’est difficile. Et le sport, c’était une manière de balayer tout ça." 

Quand il a découvert le handbike à l’adolescence, les résultats l’ont rapidement conduit au sommet de sa discipline. Aujourd’hui, à 32 ans, le Corrézien possède un palmarès étoffé : numéro 1 mondial la saison passée, vice-champion du monde, champion d’Europe. Mais Mathieu Bosredon a une revanche à prendre sur les Jeux. En 2016, il termine quatrième de la course en ligne à Rio, alors cette année le podium ne peut pas et ne doit pas lui échapper. "Là, je pense que je suis aujourd’hui au meilleur niveau de ma carrière, et maintenant, il faut encore gratter, les quelques secondes, les centimètres pour arriver à l’objectif ultime" détaille Mathieu Bosredon.

 

J’espère bien sûr être champion paralympique mais surtout je veux n’avoir aucun regret.

Mathieu Bosredon

Paracycliste

Léane Morceau, Cyril Jonard et Mathieu Bosredon sont aujourd’hui animés par la même flamme : celle des Jeux. Pour eux, le compte à rebours est lancé, les jours défilent, avec leur lot de joies, de peines, de souffrances et de succès. L’aventure n’a rien de commun et cela tombe bien : ils ne le sont pas.

Un reportage à retrouver dans le magazine Enquête de Régions consacré aux Jeux Olympiques de Paris 2024 sur France.TV.

 

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