Dimanche 8 mars est la journée internationale des droits des femmes. À Limoges, le féminisme prend des formes variées pour une cause commune : défendre la place de la femme dans la société.
Trois ans après le mouvement #metoo et la montée du nombre de mouvements de lutte contre les violences faites aux femmes, en Haute-Vienne, en 2019, on comptait 314 cas de violences conjugales. Et les 3/4 des victimes étaient des femmes. En ce dimanche 8 mars 2020, de lutte pour le droit des femmes, tour d’horizon des initiatives et des acteurs, à Limoges, qui se battent au quotidien contre les violences dans les rues mais aussi au sein du couple, contre la persistance des disparités salariales, bref pour le droit des femmes.
Atelier d’autodéfense féministe et populaire à Limoges
"On a une copine qui s'est fait agressée à Limoges, on a eu une grosse discussion sur comment réagir ? Ne pas réagir ? Elle ne voulait plus sortir !" raconte Angel. Il y a quatre ans et demi la jeune femme lance à Limoges, l'autodéfense féministe, suite à cette expérience. Elle apprend petit à petit cette discipline dont les origines remontent à l'époque des suffragettes… Et qui fait encore ses preuves aujourd'hui. Sur la page Facebook du groupe, on ressent cet héritage."Dans la situation dans laquelle je vivais tous les jours, j'étais soumise à certaines personnes, sans même m’en rendre compte. Grâce à cet atelier, je me suis j'ai des droits, je peux m'affirmer…ça a changé beaucoup de choses chez moi", témoigne l’une des participantes au cours. Dans cet atelier, on apprend que les gestes, les mots, la posture sont parfois des armes en cas d'agressions.
Le planning familial
Emergeant en 1956 pour défendre la contraception et l'avortement alors interdit en France, le planning familial est une association féministe des plus anciennes. À Limoges, son histoire est tumultueuse mais elle finit par s'ancrer dans la ville, en 2013. Et depuis, ses fonctions ne font qu’évoluer, d'après Marion Moreau, salarié au planning familial :De l’autodéfense aux lieux d’accueil, les actions varient, les acteurs aussi : des femmes, des hommes, des étudiants, de milieux modestes ou élevés, le féminisme à Limoges possède de multiples facettes. "On n'a pas à rougir de ce qui se fait dans notre ville. Il se fait plein de choses. Ce n'est pas forcément très visible, mais il y a une richesse importante. On a suivi les mouvements féministes attentivement à Limoges", considère Joane Chabassier sociologue.On est toujours là pour le droit à la contraception et à l'avortement, mais nos missions se sont agrandies, on fait de la prévention "violences conjugales". On va beaucoup parler du genre, de l’orientation sexuelle aussi. On est présents sur plus de thématique qu'à l'initial
Collages d’affiches anti-féminicide
Autres actions, autres méthodes. En septembre 2019, deux jeunes limougeaudes découvrent sur les réseaux sociaux, un nouveau mouvement : les collages d'affiches anti-féminicide, mouvement autonome lancé par une Femen, Marguerite Stern, et parti de Marseille avant d'arriver à Paris.Comme une évidence, elles décident à leur tour, d'en semer dans le centre-ville. "Je ne vois pas pourquoi les femmes devraient être la cible des hommes. Nous ce n'est pas notre cible donc pourquoi on devrait être la leur ?", déclare Clem, qui souhaite rester anonyme, puisque ce collage est illégal.
"Une femme qui se fait agresser, l'agresseur ne va rien avoir derrière. Il n'y a pas de suite, faut bien qu'on se mette à gueuler", explique-t-elle. Des actions fortes pour rendre visible ce qui ne l'est pas.