Malgré le lancement en juin dernier d'une nouvelle campagne, la SPA constate une hausse des abandons, notamment de chatons et de chiens. En Haute-Vienne, le refuge de Couzeix, dépasse actuellement ses capacités d'accueil. Une saturation combinée à une baisse des adoptions qui plonge les refuges en situation de crise.
L'été n'est pas, pour tout le monde, synonyme de détente. Au refuge de la SPA de la Haute-Vienne, des arrivées d'animaux sont quotidiennement enregistrées. Il y a peu, encore, un chiot de quatre mois a été retrouvé dans les environs de Compreignac, par un particulier. "Elle n'avait pas forcément peur, elle est directement venue vers nous, raconte l'homme, en notant la maigreur de l'animal et la présence de puces. On lui a fait un bon shampoing, puis on l'a emmenée ici pour qu'on s'occupe correctement d'elle."
Une capacité d'accueil réduite
Aujourd'hui, Stéphanie Frugier, la directrice du site, voit les capacités d'accueil de son établissement largement dépassées : "Nous ne sommes plus en mesure d'accepter de nouveaux chiens." Depuis début août, une vingtaine a été admise par voie de fourrière. Une forme d'abandon déguisé, selon Stéphanie Frugier. "Au niveau des chiffres, il y a très peu d'abandons directs de particuliers. Toutefois, on accueille quand même chaque jour de nouveaux animaux par voie de fourrière, pour divagation. Les gens les laissent dans la nature", s'indigne-t-elle.
Dans son bureau, la directrice de la SPA de Haute-Vienne ne comprend pas comment certains propriétaires prennent la décision d'abandonner leurs animaux, que ce soit pour des raisons financières ou pratiques.
Adopter un chien, ça doit être un acte réfléchi, avec toute la famille. C'est un engagement moral.
Stéphanie Frugierdirectrice de la SPA de la Haute-Vienne
La directrice remarque depuis le début de l'année l'abandon de plusieurs races de chiens, réputés pour leur vivacité : "C'est assez affolant, il y a beaucoup trop de Malinois, d'American Bully, de Border Collie aussi, qui rentrent et on ne sait pas pourquoi. Oui, ce sont des chiens de travail qui, s'ils sont mal socialisés, peuvent poser problème. Mais on réfléchit avant d'acquérir ce genre de chien", rappelle Stéphanie Frugier.
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L'animal, un gadget
La campagne nationale de la SPA lancée en juin, appelle les propriétaires "à prendre conscience des conséquences réelles de leurs actes". L'association insiste sur le fait que l'abandon constitue un traumatisme pour l'animal, malgré tous les efforts des bénévoles de la SPA. "On est dans une société qui génère de plus en plus d'abandon et de maltraitance. Les animaux ont connu beaucoup de frustration et mal-être. Quand vous regardez les boxes, ça ressemble à univers carcéral. Si c'est un traumatisme pour les hommes, ça l'est aussi pour les animaux", se désole Alain Chartier, président de la SPA de Limoges et de la Haute-Vienne.
Pour lui, certains propriétaires achèteraient des animaux par effet de mode : "L'animal apparait souvent comme un gadget. On va adopter telle ou telle catégorie de chien, parce qu'on a vu une pub à la télé et qu'on trouve le chien trop mignon. Mais un animal, il faut que ça vive, il faut qu'on le sorte, il y a des soins vétérinaires, donc il y a un coût. Et, j'ai l'impression qu'on oublie ça."
Des abandons sont toujours plus nombreux en 2024 et cette forme de maltraitance ne semble pas faiblir.