Santé. Les "Pairs-aidants" ces patients rétablis qui aident les soignants auprès d'autres malades, peuvent prétendre à un nouveau diplôme universitaire

Des patients atteints de troubles mentaux, qui sont rétablis, accompagnent des malades, aux côtés des soignants : on les appelle les pairs-aidants. Un diplôme universitaire vient de voir le jour à Limoges pour les professionnaliser. Republication du 12 février 2024.

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Ce jour-là, à l’hôpital Esquirol, des patients jouent à un jeu de l’oie un peu particulier : les questions portent sur les maladies mentales ou les addictions. La séance permet d’aborder des sujets graves dans un cadre détendu.

Les patients s’expriment et avancent dans leur prise en charge, accompagnés par deux animateurs très concernés, Didier et Aurélie. Ils sont, eux aussi, atteints de troubles psychiques, mais ils sont traités et rétablis. Aujourd’hui, ils travaillent aux côtés des soignants. Ce sont des "pairs-aidants".

"Bien sûr que je trouve ma place"

Aurélie partage son histoire : "Il y a dix ans, j’étais vendeuse, j'étais au début de ma maladie, donc très excitée, et très triste des fois... J’ai deux enfants, donc ce n’était pas évident. Jamais je me serais dit que je travaillerais dans la santé, que j’allais aider les autres avec mon parcours."

Didier apprécie ce nouveau rôle dans l’équipe soignante : "Je peux travailler avec un éducateur spécialisé, une assistante sociale, le service com, infirmières, les psychiatres... Bien sûr que je trouve ma place. C’est pour ça que je fais ce boulot-là."

"Vous ne pouvez pas nous comprendre parce que vous n’avez pas vécu ça."

Ce contact avec des patients expérimentés a montré un intérêt thérapeutique. Les nouveaux patients prennent plus facilement leurs traitements, ils comprennent mieux leur situation et ils retrouvent de l’espoir.

Pour la psychiatre Irina Boghina, qui travaille avec eux, le point de vue des pairs aidants est irremplaçable : "Les soignants ont un point de vue de soignant et n’ont pas le savoir qu’on appelle "expérientiel". Combien de nos usagers nous disent : vous ne pouvez pas nous comprendre parce que vous n’avez pas vécu ça."

Formation à la "pair-aidance"

Les besoins sont de plus en plus importants, alors le centre hospitalier Esquirol a lancé avec l’Université de Limoges son premier diplôme universitaire de formation à la pair-aidance. Deux jours par mois pendant une année scolaire, les étudiants travaillent sur les pathologies, les médicaments, et ils apprennent des techniques d’accompagnement et de gestion de groupe.

C’est Emilie Legros-Lafarge, psychiatre, qui a mis en place ce programme : "C’est bien d’avoir des bases pour se rassurer, pour se sentir légitime. Ça permet, au bout du compte, d’avoir un diplôme de la fac qui est aussi valorisant et qui permet d’avoir des éléments sur un CV pour légitimer l’exercice de cette profession. "

Les étudiants travaillent en binôme : un patient et un accompagnant déjà professionnel. Virginie est infirmière, elle va travailler avec un patient atteint de troubles bipolaires. Ensemble, ils vont rédiger un mémoire : "en termes de posture, on est tous les deux des étudiants. Il n’y a pas l’infirmière et l’usager. On est deux étudiants en stress pour faire un mémoire…"

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Les pairs aidants sont des patients atteints de troubles mentaux qui sont rétablis et qui accompagnent d’autres patients, aux côtés des soignants. Un diplôme universitaire vient de voir le jour à Limoges pour les professionnaliser. Intervenants : Aurélie Mammeri, paire aidante bénévole, Didier Grugier, médiateur Santé Pair, Dr Irina Boghina, psychiatre au CH Esquirol, Dr Emilie Legros-Lafarge, responsable pédagogique du DU de Pair-Aidance, et Virginie Guérin, infirmière CH La Valette (Creuse). ©France 3 Limousin

Cette formation devrait un peu plus faire entrer la pair-aidance dans les habitudes. L’hôpital Esquirol emploie actuellement deux "médiateurs santé pairs" et il fait appel à de nombreux bénévoles, qui pourraient bientôt se professionnaliser. 

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