Le ministre des Transports, Philippe Tabarot vient d'annoncer que les lignes ferroviaires Paris-Limoges-Toulouse et Paris-Clermont-Ferrand seront les deux prochaines ouvertes à la concurrence. Cette annonce provoque la surprise et le scepticisme des défenseurs de la ligne POLT, qui se battent depuis des années pour rénover l'infrastructure et les matériels roulants.
Personne ne s'attendait à cette déclaration ! En dévoilant, ce mardi 28 janvier, que SNCF voyageurs se voyait confier pour dix ans, l'exploitation des lignes Nantes-Bordeaux et Nantes-Lyon, le ministre des Transports, Philippe Tabarot a annoncé que les deux prochaines lignes ouvertes à la concurrence seront les lignes Paris-Orléans-Limoges-Toulouse et Paris-Orléans-Clermont-Ferrand.
Depuis la loi du 27 juin 2018 pour un nouveau pacte ferroviaire, l'État a engagé l'ouverture à la concurrence des trains d'équilibre du territoire. Lancée en septembre 2022, la procédure pour les deux premiers lots, les lignes Nantes-Bordeaux et Nantes-Lyon, vient d'arriver à son terme, et le gouvernement a choisi SNCF Voyageurs, face à la compagnie nationale espagnole Renfe et l'opérateur privé Le Train, compagnie basée à Bordeaux.
Dans un communiqué, le ministre des transports a expliqué sur les lignes Nantes-Bordeaux et Nantes-Lyon que : "La nouvelle offre présentera donc, au terme de cette procédure de mise en concurrence et par rapport à la situation actuelle, une forte amélioration de la desserte et de la qualité de service, pour un coût inférieur, traduisant donc une efficacité accrue de la dépense publique".
Philippe Tabarot a également annoncé pour les lignes POLT et Paris-Clermont que "dès les prochains jours, nous publierons l'avis de pré-information qui marque une étape préalable avant le lancement de l'appel d'offres".
"Le ministre a autre chose à faire !"
Président de l'association Urgence Ligne Polt, l'ancien député communiste et maire de Bourges, Jean-Claude Sandrier n'a pas caché sa stupéfaction : "Le ministre a autre chose à faire que d'ouvrir la ligne POLT à la concurrence. L'urgence aujourd'hui, c'est d'avoir des locomotives qui fonctionnent en nombre suffisant. Face aux pannes à répétition, les centres de maintenance sont débordés. Et faute de matériel, deux allers-retours par jour doivent être supprimés. Ce qui a été annoncé par le gouvernement ne suffit pas !"
Jean-Claude Sandrier estime que "la France est à contretemps des autres pays en Europe, la Grande-Bretagne souhaite renationaliser le rail, l'Allemagne est très hésitante, et la Belgique et la Norvège refusent l'ouverture à la concurrence".
"Les opérateurs privés vont privilégier les créneaux les plus rentables"
Le président d'Urgence Ligne POLT considère donc que "cette ouverture à la concurrence est une fausse bonne idée, car à terme, se retrouver avec plusieurs intervenants sur le même réseau ferré va conduire à un joli bordel ! Les opérateurs privés vont privilégier les créneaux les plus rentables, et l'on risque d'avoir des lignes tronçonnées avec, par exemple, Paris-Limoges avec un opérateur, et Limoges-Cahors avec un autre !".
Jean-Claude Sandrier reconnaît que "dans un premier temps, l'ouverture à la concurrence peut conduire à une guerre des tarifs et donc à une baisse du prix du billet, mais ensuite, l'opérateur qui offrira le meilleur service augmentera ses prix !"
Surprise au conseil régional
Le vice-président de la région Nouvelle-Aquitaine, Renaud Lagrave s'est montré surpris de cette annonce, précisant qu'"il n'était pas du tout au courant". Confronté à la même procédure dans le cadre de l'exploitation des lignes TER, avec un premier lot consacré à l'ex-région Poitou-Charentes ouvert à la concurrence, Renaud Lagrave reconnaît que "cette démarche a un intérêt, si l'on est capable d'améliorer l'offre pour les voyageurs".
Mais pour la ligne POLT, Renaud Lagrave rappelle lui aussi que "l'urgence est de terminer les travaux d'amélioration sur les voies, et de mettre en service les nouvelles rames Oxygène, sans oublier d'obtenir de meilleurs sillons de circulation en région parisienne, où le POLT se retrouve en concurrence avec les RER à l'arrivée à Austerlitz".
Le ministère des Transports n'a pas répondu à nos sollicitations.