Mort le 22 septembre 2007, il est l’un des artistes français les plus connus dans le monde. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Marcel Mangel et sa famille se réfugient à Limoges. C’est là qu'il s’engage dans la Résistance et choisit son nom, Marceau, qui deviendra son nom de scène : le mime Marceau.

Le 22 septembre 2007, mourrait, à l’âge de 84 ans, l’un des artistes français les plus connus à travers le monde : Marcel Marceau, dit le mime Marceau. Célèbre pour son emblématique personnage silencieux de Bip, créé en 1947, il permettra de remettre sur le devant de la scène l’art du mime.

Avant de devenir l’acteur français que l’on connaît, le mime Marceau était Marcel Mangel. Et ce que l’on sait moins, c’est son histoire, profondément liée à celle de Limoges. La ville haut-viennoise fut, durant quatre ans, un lieu de refuge pour lui ainsi que pour sa famille. C'est à Limoges où il passe de l’adolescence à la maturité, imposée par la dureté de la guerre. Derrière lui, Marcel Mangel a laissé des traces discrètes, mais réelles, tout comme l’art qu’il choisira quelques années plus tard.

1940-1941 : installation des Mangel à Limoges

Marcel Mangel, né le 22 mars 1923 à Strasbourg, vit avec son père Charles Mangel, sa mère Anne, née Werzberg et son frère Simon. Au début de la Seconde Guerre mondiale, en 1939, Marcel est âgé de 16 ans et doit, avec sa famille juive, d’origine polonaise, quitter sa ville natale. La famille s’installe un temps à Périgueux (Dordogne), plus précisément à Chancelade, comme le révèlent les recherches de Bernard Pommaret des archives départementales de la Haute-Vienne. C’est l’année suivante, le 9 mars 1940 que le père de Marcel, s’installe à Limoges et devient salarié d’une boucherie (boucherie Buchinger), rue Jules Guesde.

Marcel et Anne le rejoignent en 1941. Ils emménagent à Beaumoulin ou Beau de moulin, un lieu-dit situé dans la partie de l’actuelle avenue Baudin, parallèle à la rivière (précédemment nommée Nouvelle route d’Aixe), informe Bernard Pommaret. Plusieurs familles juives y ont résidé durant l’Occupation en 1941. Son frère Simon, alors résistant, membre de l’organisation Front National, Francs-tireurs et partisans (FTP) Dordogne Nord, semble être resté, lui, à Périgueux.

Marcel entre au Lycée Gay-Lussac, au deuxième trimestre soit au début de l’année 1941. Il est un élève avec du potentiel mais avec trop d’absences, comme le révèlent ses bulletins scolaires des années solaires 1940-1941 et 1941-1942, préservés aux archives départementales de la Haute-Vienne.

 

En parallèle, dès son arrivée à Limoges, Marcel intègre l’école des arts décoratifs de Limoges, dont les locaux étaient autrefois au sein du Musée de la céramique Adrien Dubouché. Il l’intègre en 1941, comme le révèle un registre, retrouvé par l’Ecole national Supérieur d’art (ENSA), où est inscrit son nom et prénom ainsi que sa date et lieu de naissance et son adresse.

Jusqu’à l’année 1943, l’élève Mangel s’exerce à la céramique. Le Musée Adrien Dubouché, qui abritait autrefois l’école des arts décoratifs et donc lieu où il a étudié, a retrouvé une œuvre du futur mime Marceau : une plaque de porcelaine (d'une dimension de 19,5 x 12 cm), au décor en relief, représentant un accordéoniste et une danseuse.

1942 : entrée dans la Résistance de Marcel "Marceau"

A côté de sa vie de lycéen et d’élève en arts, Marcel Mangel devient, en 1942, moniteur de théâtre à Montintin. Ce château, situé en Haute-Vienne, a été un haut lieu d'hospitalité d’une centaine d'enfants juifs, menacés par les nazis entre 1940 et 1942.

Et en autres activités, les enfants recevaient des cours de théâtre de Marcel Mangel. Il participa même à la fuite d’une trentaine d’enfants vers la frontière Suisse avec son cousin germain, Georges Loinger (1910-2018), grand résistant. Grâce à son talent d’acteur, Marcel Mangel permet aux enfants, confrontés à la peur, de rire et de dédramatiser une situation tendue.

Le mime Marceau fait de la résistance | France 2

C’est à cette période, en 1942, que Marcel Mangel rejoint la Résistance au sein du secteur FTP Dordogne Nord avec son frère et son cousin et choisit son surnom, qui deviendra plus tard son nom de scène : Marceau. Il expliquera, lui-même, avoir choisi ce nom en lien avec le poème de Victor Hugo, Les Châtiment : "Joubert sur l'Adige/ Marceau sur le Rhin". Il reçoit l’année suivante, en janvier 1943 sa carte d’identité délivrée en Haute-Vienne dont le service des archives municipales a transmis deux photos.

1944 : Arrestation du père et fin de la période limougeaude

Le 11 février 1944, son père est arrêté dans la boucherie où il travaille à Limoges. Transféré à Drancy le 24 février de la même année, il est déporté à Auschwitz le 7 mars 1944, au sein du convoi n°69, où il meurt. Sa mère repart à Périgueux le 24 novembre 1944. De son côté, Marcel s’engage dans l’armée du général De Lattre. C’est la fin du parcours limougeaud du mime Marceau.

La suite, c’est celle d’un artiste intemporel qui rend ses lettres de noblesse au mime grâce à son personnage Bip révélé en 1947 au théâtre de Poche à Montparnasse, le jour de son 24e anniversaire. Un personnage qu’il exportera à l’international allant jusqu’à inspirer, avec sa "Marche contre le vent",  le "Moonwalk" de Michael Jackson, que le mime Marceau tenait lui-même de son professeur Etienne Decroux.

Michael Jackson dans les pas du mime Marceau | Franceinfo INA

Le mime Marcel Marceau s’éteint le 22 septembre 2007 à l’âge de 84 ans à Cahors (Lot). Inhumé à Paris au Père-Lachaise, il a été fait Officier de la Légion d'Honneur, Commandeur de l'Ordre National du Mérite et Commandeur des Arts et Lettres.  

 

 

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