Après ces élections législatives, le parti devait être rebaptisé "Renaissance" ; pourtant dans la région, LREM est plus proche de l’extrême-onction. Après le second tour de ce dimanche 19 juin, hormis Marie-Ange Magne au Conseil Régional, il n’y a presque plus d’élus macronistes en Haute-Vienne, Creuse et Corrèze.
En 2017, 5 des 6 nouveaux députés de la région étaient élus sous l'étiquette La République En Marche. Au lendemain du second tour des élections législatives 2022, il n’y en a plus aucun. Les sortants Sophie Beaudouin-Hubière et Jean-Baptiste Moreau ont été battus avec respectivement 46,6% et 48,5% des voix, comme le nouveau venu Geoffroy Sardin avec 47,9%. 3 autres candidats LREM avaient été battus dès le premier tour.
Marie-Ange Magne, seule rescapée
Le parti présidentiel avait déjà raté les élections municipales, notamment à Limoges, avec moins de 8% des voix au premier tour malgré la présence sur la liste du ministre des Transports d’alors Jean-Baptiste Djebbari.
Aux élections départementales, la majorité présidentielle n'est toujours pas parvenue à s’implanter, dans aucun des trois départements. Aux élections régionales, la députée Marie-Ange Magne a bien été élue en Nouvelle-Aquitaine ; mais elle s’est aussi souvent opposée à la ligne officielle de son parti, et n’a pas été réinvestie pour ces législatives.
Selon Claire Martin, la référente En Marche de Haute-Vienne, "Marie-Ange Magne n’a pas siégé au comité politique depuis plus d’un an. Nous n’avons plus de contact avec elle".
Besoin d'écoute
Justement, à Bordeaux ce lundi 19 juin, Marie-Ange Magne siège toujours dans le groupe LREM/Modem. Pour elle, il y a désormais "une réflexion à mener" dans son parti : "J’ai toujours fait part des divergences que je pouvais avoir, elles ont été difficilement entendues. Donc j’espère qu’il y aura plus d’écoute envers les élus nationaux et les élus de terrain."
La position de Claire Martin n’est pas si éloignée. Après la déroute des législatives, elle souhaite "davantage de décentralisation dans les prises de décision. Qu’on donne d’avantage d’influence dans les territoires pour qu’on puisse s’exprimer de façon autonome."
Étiquette difficile à porter
Car la situation du parti sur le terrain semble parfois tendue. Certains sympathisants n’oseraient même plus dévoiler publiquement leur appartenance. C’est Laurent Donadieu, "marcheur historique" et référent du parti en Corrèze, qui le reconnaît : "C’est difficile de s’exprimer en tant que République en marche dans un département qui est très marqué à droite, avec un président du département qui est un homme très fort en Corrèze. Toutes les communes sont dépendantes du Conseil départemental (…). Je connais beaucoup de maires qui sont des soutiens d’Emmanuel Macron et qui ne le disent pas ouvertement."
Le parti pourra-t-il rebondir ? Le candidat battu Geoffroy Sardin confiait ce dimanche soir : "Je prends du recul d’abord, mais j’ai aimé passionnément cette campagne. Ça me rapproche encore plus de la circonscription." De leur côté, Sophie Beaudouin-Hubière et Jean-Baptiste Moreau sont restés flous sur leur avenir politique.
On saura dans les prochains mois si ces élections législatives marquent l’ouverture d’une parenthèse, ou la fin d'une histoire.