Le maire de Limoges a publié, ce 10 avril, une lettre ouverte au ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. Surpris d'apprendre, dans la presse, qu'une partie de la Police nationale affectée à Limoges devrait être déployée à Paris cet été pour les jeux Olympiques, Emile Roger Lombertie y regrette que l'État traite les maires "avec autant de mépris".
C'est peu dire que le maire de Limoges est en colère. Ce 10 avril, Emile Roger Lombertie s'est adressé, par une lettre ouverte, au ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, pour déplorer le "mépris" dont ferait preuve l'État face aux maires à l'occasion des jeux Olympiques organisés cet été à Paris.
Passé l'affectueux "cher Gérald" de l'introduction, l'élu reproche vertement au pensionnaire de Beauvau de déposséder les villes de leurs effectifs de police pour les déployer sur la sécurité des J.O.
"Lire dans la presse les déclarations du DIPN [directeur interdépartemental de la police nationale, NDLR] que "50% des forces de police seront absentes de la ville", montre avec quel mépris les maires sont traités," tempête Emile Roger Lombertie. Le maire de Limoges aurait été informé de ces redéploiements en lisant l'entretien accordé par le DIPN à nos confrères du Populaire du Centre.
Vous qui connaissez les charges de maire [Gérald Darmanin a été maire de Tourcoing, NDLR], je ne comprends pas que vous ayez pu laisser vos services nous traiter avec autant de mépris, sans nous avoir informés, ni préparés, afin de coordonner un "plan B". Un terrible sentiment d'abandon traverse les élus des collectivités.
Emile Roger Lombertiemaire de Limoges
Courroucé de ne pas avoir été prévenu, le premier édile limougeaud fait ensuite part de ses inquiétudes, notamment si des soulèvements urbains se produisent pendant l'été, comme en 2023 après à la mort du jeune Nahel à Nanterre. "Devons-nous accepter de facto que les citoyens excédés et dérangés, jour et nuit, se fassent justice eux-mêmes, comme certains me le disent de plus en plus de manière décomplexée ?" demande le maire, avant d'adopter un ton plus menaçant : si tel est le cas, nous ne serions plus en République, et je me verrai obligé d'être aux côtés de la population menacée pour défendre sa sécurité."
Comme "un été normal", rassure le préfet
Cet appel à demi-mot au recours à l'autodéfense fait bondir l'opposition. "Un maire doit être exemplaire et respectueux de l'État de droit, et exercer un pouvoir qui permet la meilleure tranquillité pour tout le monde. On ne doit pas avoir de tels mots, regrette Thierry Miguel, conseiller municipal socialiste. Je l'ai déjà entendu dire, lors d'un conseil de quartier, qu'ils devraient « agir comme des Corses ». Non, un maire ne doit pas dire ça."
"Les forces disponibles pour Limoges et la Haute-Vienne sont identiques à celle d'un été normal", rassure le préfet de Haute-Vienne. François Pesneau rappelle que les fonctionnaires de police comme les gendarmes ne pourront pas prendre de vacances pendant cet été : "parmi ces effectifs, une partie va rejoindre Paris et les jeux Olympiques pour participer à l'effort solidaire de la sécurisation de ces installations. L'autre partie restera sur place dans le département pour faire son métier habituel de sécurité, explique le haut fonctionnaire. Les effectifs qui seront appelés en renfort sur Paris et les départements où seront les sites olympiques, correspondront à peu près aux effectifs qui étaient d'habitude en congés." Les Hauts-Viennois n'en seront donc pas réduits à se faire justice eux-mêmes cet été.