Il y a dix ans, Emile Roger Lombertie devenait maire de Limoges, faisant basculer la ville à droite. Depuis, la principale ville de Haute-Vienne a connu des évolutions. La majorité achève aujourd'hui un deuxième mandat dans un contexte tendu. Le maire fait l’objet d’une plainte pour harcèlement moral. Ce qui ne décourage pas sa volonté de vouloir en découdre face à une opposition de gauche qui ne ménage pas ses critiques.
C'était un véritable tremblement de terre en terre socialiste. Le 30 mars 2014, la droite limougeaude gagnait les élections municipales, avec à sa tête, Emile Roger Lombertie, un acteur de la société civile qui avait mis à terre Alain Rodet.
Emile Roger Lombertie et son équipe, très soudée, l’emportaient avec 587 voix d’avance, sous l'étiquette LR, face à une gauche partie divisée et affaiblie par un siècle de pouvoir.
Dix ans plus tard et un nouveau mandat entamé en 2022, sous l'étiquette DVD, Emile Roger Lombertie, psychiatre de profession, n’est plus un néophyte en politique et il estime qu’avec lui, Limoges a changé de dimension. "Tout le monde me dit que la ville devient plus belle. On a refait les façades, on a refait l'habitat, à l'intérieur de la ville. On a refait les halles. On a refait les lieux de commerces. Il y a des terrasses partout en ville. Ça, c'est important", affirme le maire.
Tout le monde me dit que la ville devient plus belle.
Emile Roger LombertieMaire DVD de Limoges
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La gauche, peu convaincue
Ce n’est pas l’avis de son opposition de gauche qui, par la voix de son chef de file, Thierry Miguel, dresse un bilan totalement négatif de la gestion du maire. Zéro pointé pour les réalisations, selon ce dernier. À commencer par la Place de la République : "Là, on avait l'occasion de faire quelque chose de très innovant en termes environnemental, en termes de vie, dans la centralité de notre ville. Eh bien non, on a fait quelque chose, un îlot de chaleur. Donc, la place de la République, c'est un petit peu, le symbole de l'assèchement, de ce qu'aurait dû être une perspective pour notre ville", regrette Thierry Miguel.
Mais au-delà de ces passes d’armes bien classiques, quelque chose, en dix ans, a changé à Limoges. C’est du moins l’analyse que dresse ce fin observateur de la vie politique locale : "Quand on demande aux citoyens de Limoges ce qu'ils en pensent, le maire de Limoges, ils ont l'habitude de le voir, dans les quartiers, au centre-ville. C'est quelqu'un qu'on peut aborder facilement. C'est des témoignages que je n'avais pas vis-à-vis d'Alain Rodet. C'était une manière différente de faire de la politique, tout simplement. Il n'y a pas de jugement de valeur. Emile Roger Lombertie a amené ce changement-là", analyse Sébastien Dubois, reporter politique au journal "Le Populaire du Centre."
Des tensions grandissantes avec l'opposition
Pourtant, en dix ans, malgré les promesses de la majorité municipale, l’ambiance n’a cessé de se tendre dans les séances publiques et dans les rapports entre les groupes politiques. Manque d’écoute, estime la gauche.
Mais de là, à parler d’autoritarisme, il y a quand même un pas. "Il n'y a une forme, je n'irai pas dire d'autoritarisme, mais il y a plutôt une forme d'oubli de l'autre, de cette incapacité à être en proximité avec les habitants et habitantes de Limoges, ce qui aurait pu être sa force au départ, mais qu'il n'a pas su utiliser ", explique Thierry Miguel.
Faux répond le maire qui estime être au service de sa ville, rejette l’accusation de toute puissance, et se montre plus que jamais combatif au point d’envisager de se représenter en 2026, alors même qu’il fait l’objet d’une plainte pour harcèlement moral.
"Plus on me fait des saloperies, plus je suis combatif. Si ma santé et la santé de mon épouse sont bonnes, tout est possible. (...) Je me sens bien, plus on m'attaque, plus ça me donne du tonus", soutient Emile Roger Lombertie.
Au-delà de cette plainte et de l'ouverture d'une enquête préliminaire (sous contrôle du parquet de Tulle), il reste, en tout cas, deux ans avant les prochaines élections municipales. Deux ans pour convaincre sur le plan politique ? Par l’achèvement des investissements du côté de la majorité. Par des arguments plus aiguisés dans le camp de l’opposition. Avec en embuscade l’extrême droite, qui a bien l’intention de perturber le jeu, comme en 2014.