Mercredi 20 mars, le conseil municipal de Limoges se réunissait pour la première fois depuis la plainte et l'enquête préliminaire pour harcèlement moral, dont font l'objet le maire, Emile Roger Lombertie, et deux adjoints. L'affaire n'a pas manqué de perturber les débats entre la majorité et l'opposition.
L'ambiance était pensante dans la salle du conseil municipal de Limoges, ce mercredi soir. Malgré la plainte pour harcèlement moral déposée par deux agents de l’agglomération à l'encontre d'Emile Roger Lombertie et deux de ses adjoints, Jean-Marie Lagedamont et Catherine Mauguein-Sicard, (dans le cadre de leur fonction de vices présidents à Limoges Métropole), ces derniers n'ont rien laissé paraître dans les premiers instants de la réunion.
Mais il n'aura pas fallu longtemps avant que la séance s'emballe. Dans son discours introductif, le maire s'est exprimé sur l'affaire : « Mes chers collègues, comme je viens de vous le dire, nous demanderons en temps et en heure, si jamais cela devient nécessaire, la protection fonctionnelle, c'est pour ça que j'ai retiré ce soir la délibération numéro 3 ».
Conséquence de ce retrait, il n'y aura donc pas de débat à ce sujet. Aussitôt, l’opposition qui avait prévu de débattre sur ce point, quitte temporairement la réunion.
"On est très surpris que cette délibération soit refusée", annonce Thierry Miguel, conseiller municipal de l'opposition (PS). "On voulait apporter d'une manière très forte notre soutien à toutes les femmes et tous les hommes qui œuvrent au service public au quotidien. Il est important que leur parole soit libérée. En tant qu'élus, nous avons la responsabilité de permettre l'expression de cette parole. C’est incroyable qu’on arrive dans ces conditions-là de ne pas pouvoir s’exprimer et soutenir les agents du service public."
Ce dernier précise qu'il ne met pas en cause le maire pour les faits et qu'il attend que la justice fasse son travail. Les élus de gauche annoncent alors qu’ils vont saisir la Commission éthique et transparence. Ils dénoncent un déni de démocratie. "On représente les habitants de cette ville. Quand on ne nous laisse pas la parole, ils sont, en soit, muselés parce qu’on n’a pas le droit de répondre. On est là pour défendre les habitants, les employés des services municipaux. Leur souffrance est notre souffrance", ajoute Jérémy Eldid, conseiller municipal PRG.
"Les gens mis en cause ne savent pas de quoi ils peuvent parler"
Le maire ne souhaite pour le moment pas débattre sur un sujet. Selon Emile Roger Lombertie, il y a trop peu d'éléments autour de cette affaire pour l'aborder en conseil municipal. "À partir du moment où on ne connaît ni la plainte ni les plaignants, nous sommes dans la situation de ne pas pouvoir demander la protection fonctionnelle. (...) Je l’ai abordé dans mon discours introductif pour avoir une réponse précise par rapport au fait qu'on nous ait traînés dans la boue. La population a besoin de savoir pourquoi je ne prends pas la parole et pourquoi les gens qui sont mis en cause dans les médias ne prennent pas la parole parce qu'ils ne savent pas de quoi ils peuvent parler."
Il y a un règlement intérieur qui dit qu'il y a les propos liminaires du maire et qu'il n'y a pas de réponse de l'opposition, point à la ligne. J'applique le règlement intérieur qu'ils ont voté eux aussi.
Emile Roger LombertieMaire de Limoges
Guillaume Guérin, conseiller municipal LR et président de Limoges Métropole, a tenté de calmer le jeu, sans succès. "J’appelle tout le monde à faire preuve de sang-froid. Je considère que la justice doit faire son travail. Il y a des plaintes. On n’a pas le contenu de ces plaintes, ce ne sont que des propos relayés dans la presse par l’avocat des plaignants. Je crois à la justice de mon pays, l'enquête va se dérouler, on verra s’il y a des poursuites. J’appelle l’opposition à faire preuve d’un peu plus de retenue."
Ces derniers ont également évoqué un mail interne à la mairie qui mettrait en cause le président de la métropole. Jérémy Eldid, conseiller municipal PRG précise : "on a tous reçu, l'ensemble des agents, un email du maire, Emile Roger Lombertie, qui disait qu'il y avait également une plainte contre le président de Limoges Métropole. (...) Je ne sais pas si c'est un élément nouveau, si c'est un élément pas encore dit, ou si c'est une erreur."
Le principal concerné, de son côté, affirme qu'il n'est visé par aucune procédure : "Non, je ne suis pas visée par une plainte, pas plus que l'agglomération de Limoges", assure Guillaume Guérin.
Le reportage de Noëlle Vaille et Nassuf Djailani :