La consommation de spiritueux sans alcool progresse en France. Ces boissons aromatiques séduisent de plus en plus et le marché se développe. En Limousin, un gin sans alcool est produit dans une distillerie de Turenne, en Corrèze. La production tourne à plein régime, profitant d'une tendance à la sobriété.
C'est un phénomène de société dont se sont emparés les producteurs de spiritueux. Depuis plusieurs années, le "now-low" ou nolo, les boissons non ou faiblement alcoolisées sont plébiscitées. Selon une étude de l'ISWR, observatoire des vins et spiritueux, la baisse de la consommation d'alcool est planétaire, au profit des cocktails sans alcool, en hausse de plus de 5% en 2023.
Les amateurs du "nolo" n'associent plus les moments de convivialité aux boissons alcoolisées.
Depuis quelques années, la sobriété devient tendance que l'on prenne soin de sa santé à un moment particulier ou que cela soit devenu une hygiène de vie bien ancrée.
A Rochechouart, cela a convaincu un commerçant qui a ouvert la première cave sans alcool en Limousin.
Pour Sébastien Fredon, propriétaire de LILOZEN, l'objectif est de faire connaître des produits sains qui permettent de se faire plaisir en conservant "l'esprit festif". Le slogan d'une célèbre marque des années 90 "Sans alcool la fête est plus folle" prend tout son sens dans sa cave où il propose vins, bières ou spiritueux garantis sans ébriété ! Cependant, le caviste précise:
Si les arômes sont bluffants, ce sont des produits qui s'emploient surtout dans des cocktails.
Sébastien Fredoncaviste sans alcool à Rochechouart
A l'inverse de la chute de consommation de vin qui redessine le paysage viticole français, le marché des spiritueux sans alcool est en progression constante. La propriétaire de la marque JNPR, qui produit du gin, Valérie de Sutter estime que son chiffre d’affaires a fait un bond de 200% en 2023.
C’est à Turenne en plein cœur de la Corrèze qu’on élabore son gin sans alcool. L’entreprise a confié la fabrication de son breuvage à la distillerie Vedrenne. Dans les alambics, la maîtrise de la distillation des baies de genièvre est une étape essentielle. Valérie de Sutter veille à conserver à son gin tous les attraits d'un spiritueux.
"Ce gin a un goût intense d'épices, il reste en bouche. J'appelle ça "un goût d'adulte". C'est ce que le consommateur recherche"
Valérie de SutterPDG de JNPR
Dans cette distillerie corrézienne qui élabore des liqueurs et des apéritifs depuis une centaine d'années, on a bien compris l'intérêt de convertir une partie de la production au sans alcool : en 4 ans, elle est passée de 5 000 à 100 000 bouteilles. Ce marché permet à l'entreprise de se diversifier, selon Sébastien Bruges directeur du site Védrenne à Turenne.
En Nouvelle Aquitaine, une autre entreprise a pris le créneau du gin sans alcool dès 2020, Djin Spirits installée à Saint-Brice au pays du Cognac. Son propriétaire Romuald Vincent a créé la première marque de spiritueux sans alcool en France.
La bière n'est pas en reste. Broother est la première bière artisanale sans alcool en Limousin. François Bosselut élabore ce produit en collaboration avec les brasseurs de la région.
En France, pays du vin et des spiritueux, ce secteur devrait progresser de plus de 30% par an, profitant d’une tendance persistante... celle de la modération.