Un dispositif contre le harcèlement sexuel et sexiste a été lancé en 2018 à l’université de Limoges. Depuis, plusieurs cas d’agressions ont été dénombrés. En quoi consiste ce dispositif et qu’a-t-il changé dans l’enseignement supérieur ?
En mars 2018, Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation national, et Marlène Schiappa, secrétaire d'état auprès du Premier ministre, chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, se sont engagés contre le harcèlement sexuel dans les universités.
Pour répondre à cette annonce, à Limoges, une cellule contre les agressions sexuelles et sexistes s’est montée. Grâce à Valérie Legros, vice-présidente de l’université en charge à l’égalité, le dispositif a vu le jour en janvier 2018.
Ainsi, une vingtaine de référents, des enseignants, des cadres administratifs, répartis dans les différentes facultés de l’université de Limoges peuvent recueillir les récits des victimes.
Une campagne d’affichage a aussi été mise en place. Dans les lieux de passage des établissements, on peut lire « Tu es victime d’une agression sexuelle ou sexiste ? Nous sommes là pour t’écouter, viens en parler consentement@unilim.fr » ou encore « Je suis saoule, je ne dis rien, suis-je consentante ? Non ».
Environ 25 cas de harcèlement signalés
Depuis que le dispositif existe, 25 cas de harcèlement sexuel et sexiste ont été signalés et ils touchent majoritairement des étudiantes comme l’explique Valérie Legros.
On a rendu visible des agressions qui existaient et qu’on ne prenait pas en charge. Alors que maintenant, on sait que ça existe et on peut prendre en charge les victimes. Je sens une certaine satisfaction des étudiantes d’avoir pris en compte ce sujet-là, car les faits sont majoritairement des agressions d’étudiants à l’encontre d’étudiantes.
L’une d’entre-elles, victime de harcèlement moral par l’un de ses camarades de classe, principalement sur les réseaux sociaux, a vécu avec la boule au ventre pendant un an.
C'était des mots qui allaient très loin, grosse pute, grosse vache, sale grosse, parce qu’ il jouait sur nos complexes en tant que femme et c'était répété. Pour une faute d'orthographe, on se prenait des sales traînées, sales salopes, et cela a duré un an.
L’étudiante, qui souhaite rester anonyme, a signalé ces agressions en avril 2019. Puis, l’affaire a été jugée par la commission disciplinaire de l’université, excluant définitivement son agresseur de l’établissement concerné.
4 cas de harcèlement jugés devant la commission disciplinaire
Au total, depuis 2018, 4 cas de harcèlement sont passés devant la commission disciplinaire de l’université de Limoges.
Les sanctions varient, elles peuvent exclure brièvement l’étudiant comme indéfiniment voire l’exclure totalement du système universitaire public français.
Composée d’enseignants et d’étudiants, Jordan Gamaire, fait partie de la commission disciplinaire, il est le représentant étudiant de la section.
C’est important de pouvoir juger ces cas, parce-que nous savons qu’en_dehors, il n’y a pas toujours de poursuites. A notre échelle, on peut permettre à la personne, qui a fait appel à la cellule, de poursuivre sereinement ses études afin qu’elle ne soit pas handicapée par la situation.
Le dispositif contre le harcèlement sexuel et sexiste est un soulagement pour les victimes, leur permettant de briser le silence au sein de l’université, mais il reste encore difficile pour elles, d’aller au-delà, comme par exemple de porter plainte.