Limoges : il y a dix ans, les tours Gauguin disparaissaient

Elles étaient le symbole d'une époque révolue, celle des grands ensembles, des villes nouvelles. Voilà dix ans que les tours Gauguin ne dominent plus le quartier de la Bastide à Limoges, une destruction qui a transformé la ville.

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Ce 28 novembre 2010, tous les habitants de la Bastide sont rassemblés au pied des tours Gauguin. "Trois, deux, un..." Les deux barres d'immmeubles s'effondrent tel un château de cartes et disparaîssent sous un épais nuage : "C'était beau à voir, mais ça m'a fait de la peine", se souvient encore, nostagique, Roger Vermeil, qui vécu 30 ans entre ces murs.

L'histoire de ces tours prend racine dans les années 60, en plein baby boom. L'heure est au progrès, au béton, et à ce confort moderne que beaucoup idéalisent. Mais très vite, les tours perdent de leur attrait et se dégradent.

"Des problèmes d'intégration"

"On a construit pratique, souvent uniforme, dans le sens de la hauteur et le moins cher... nécessité oblige", déclame d'une voix monocorde un journaliste des informations télévisées à la fin des années 70.

Alain Rodet a été maire de Limoges durant 23 ans. Il a vu le quartier se transformer, sombrer dans le chômage et devenir le terreau de la délinquance. "La mixité y est insuffisante, regrette-il. On a tendance peut-être à y affecter des familles en difficulté sociale et les concentrer là. Cela pose des problèmes d'intégration."

Depuis dix ans, la Bastide a ouvert un nouveau chapître de son histoire. Les plans de rénovation urbains ont changé son visage, plus ouvert sur la ville. Mais les anciens ont encore du mal à s'y faire : "Elles étaient jolies, ces tours. Elles logeaient du monde et elles étaient confortables", assure Raymond Sainte Marie, qui a contribué à édifier le quartier dans les années 60.

Des nouveaux venus

Mais l'heure n'est plus aux grands ensembles. L'actuelle adjointe au maire chargée de la rénovation urbaine, Catherine Maugien-Sicard, a promu des projets de petits pavillons pour réintroduire une mixité sociale qui a longtemps fait défaut à la Bastide.

Frédéric Guenot compte parmi les nouveaux venus. Il cohabite avec les habitants des HLM, mais chacun reste chez soi : "J'embète pas ceux d'en bas, eux ils nous embètent pas ici, mise à part parfois deux ou trois jeunes avec leur mobilette... Mais c'est rare.""C'est une réussite car on a réussi à faire venir ici une population qui, il y a quelques années, ne serait jamais venue habiter à la Bastide dans des petits pavillions", se félicite l'adjointe au maire, Catherine Maugien-Sicard.

D'autres barres d'immeubles ont été détruites dans le sillage des tours Gauguin, symbole d'une époque révolue. Et, c'est pour le mieux, assure la police. La rue Pissaro, une ancienne impasse où nous a donné rendez-vous Yannick Sabert, est devenue plus sure, affirme le directeur départemental de la sécurité publique de la Haute-Vienne : "Il reste du trafic de drogue, mais il est plus facilement contrôlable car, lorsqu'on intervient, nous ne sommes plus dans un piège avec pour seule issue de faire demi-tour."

Un centre commercial prévu pour la fin 2021

Projet après projet, la municipalité réaffirme son intention de désenclaver le quartier et d'en changer la population. Même si nos anciens ont décidemment un peu de mal à supporter les nouveaux bâtiments : "Quand tu vois cette maison de retraite là, tu te croirais aux Baumettes."

Les habitants s'accordent toutefois à dire qu'il serait nécessaire d'ouvrir quelques magasins. Patience, dit la mairie : "On est encore en train de négocier avec les commerces qui doivent venir s'implanter", commente Catherine Maugien-Sicard.

Le centre commercial donnera directement sur le boulevard. Selon la mairie, il pourrait voir le jour fin 2021.
 
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