Depuis mercredi matin, des salariés d'Enedis et de Legrand ont installé un piquet de grève pour bloquer le centre logistique de l'entreprise Legrand, au sud de Limoges. Dans le cadre du mouvement contre la réforme des retraites, ils ont décidé d'empêcher l'approvisionnement chez les grands distributeurs.
Zone industrielle La Valoine, au sud de Limoges. Au milieu de la rue Marcel Deprez, sous les barnums et autres tentes estampillés « non à la réforme des retraites », des salariés d’Enedis et de Legrand se relaient, entre deux averses.
Depuis mercredi 8 mars 2023, 6 heures, ils bloquent cette petite rue bordée d’arbustes. Une petite rue, mais un point névralgique. En effet, dans ce secteur, sur quelques centaines de mètres carrés, se trouvent un dépôt d’Enedis et surtout le centre logistique de Legrand qui gère toutes les unités du Limousin et la distribution en direct des Leroy-Merlin, Castorama et Amazon. « L'idée, c'est de bloquer l’économie de Legrand », explique Lionel Guy, secrétaire du syndicat CGT Legrand. On est sur ce centre logistique pour empêcher que les productions Legrand arrivent chez Leroy-Merlin et Amazon ».
En temps normal, trois à quatre camions approvisionnent chaque jour les deux énormes distributeurs. Le blocage est économique, mais aussi symbolique :
Nous, on est petit à côté d’Amazon, mais on veut montrer que c’est bien notre travail qui créé la richesse de ces entreprises.
Lionet Guy, secrétaire du syndicat CGT Legrand
Pour mémoire, Legrand est la seule entreprise du CAC 40 en Limousin ; Leroy-Merlin est l’une des enseignes de la holding ADEO (3e groupe mondial dans la vente de bricolage et décoration) et Amazon est le leader mondial du commerce en ligne.
Mobilisés nuit et jour
Le préavis de grève est reconductible et s’inscrit dans la durée. Nuit et jour, les salariés d’Enedis et de Legrand, mais aussi d’autres entreprises, sont invités à se relayer sous les tentes syndicalistes. « L'objectif n’est pas d’avoir 5000 personnes sur le piquet de grève, mais d’avoir toujours du monde. Et le plus longtemps possible ». Autrement dit, tant que le projet de réforme des retraites ne sera pas retiré. Pour tenir dans la durée, tout a été prévu :
Nous avons tout à notre disposition. On nous a apporté du bois, on a l’électricité, on a des couvertures et de la nourriture.
Lionel Guy, secrétaire du syndicat CGT Legrand
Sur le blocage, le nombre de personnes varie : d’une dizaine la nuit à une centaine (mercredi matin, lors du démarrage du blocage).
Des soutiens extérieurs
Des salariés d’autres entreprises viennent aussi apporter leur soutien aux salariés d’Enedis et de Legrand. Les Cheminots hier, les Renault Trucks aujourd’hui.
Ce jeudi matin, les deux députés haut-viennois de La France Insoumise, Damien Maudet et Manon Meunier, sont venus apporter leur soutien aux grévistes.
Tout le monde est contre la réforme des retraites. Tout le monde veut avoir un meilleur niveau de vie, avoir des meilleurs salaires (...) et nous on vient soutenir celles et ceux qui se battent pour ça.
Damien Maudet, député France insoumise-NUPES de la 1ere circonscription de la Haute-Vienne
Des manifestations sont également prévues. Ce jeudi 9 mars, à partir de 14h, les grévistes vont se déployer sur l’ensemble des ronds-points de la zone sud de Limoges pour distribuer des tracts et tenter de mobiliser encore plus : « Depuis qu’on organise des manifestations, on a du monde et les gens nous soutiennent, poursuit le délégué syndical. Mais le gouvernement ne veut pas nous entendre, donc on est obligé de passer à la vitesse supérieure et durcir le mouvement ». L’objectif est donc désormais clair : bloquer l'économie.
