Monseigneur Jacques Perrier a choisi Limoges pour vivre sa retraite. L’ancien évêque de Lourdes se souvient avec émotion de la visite de Benoît XVI dans la grotte sacrée en septembre 2008. L'ancien pape vient de décéder.
Désormais à la retraite à Limoges, Monseigneur Jacques Perrier a eu une vie sacerdotale intense. Ordonné prêtre en 1964 dans l’archidiocèse de Paris, il a débuté comme aumônier étudiant. C’est pourquoi on lui a confié l’organisation d’une veillée entre le pape Jean Paul II et les jeunes au parc des Princes en 1980.
En 2004, il a croisé à nouveau la route de Jean Paul II. Monseigneur Perrier était alors évêque de Lourdes.
En 2005, il a envoyé une lettre au pape nouvellement élu Benoît XVI, lui demandant ses consignes et orientations pour le 150ème anniversaire des apparitions de la vierge à Bernadette Soubirous.
Le 31 décembre 2022, Benoit XVI a rendu son dernier souffle à l'âge de 95 ans.
Je suis le seul évêque de France à avoir reçu les deux papes.
Monseigneur Jacques Perrier, évêque honoraire
Entretien avec Monseigneur Jacques Perrier
Vous avez pu rencontrer directement Benoît XVI. Comment était-il réellement ?
JP : J’ai passé des moments assez simples avec lui. Il a logé dans une petite maison avec un entourage très limité autour de lui, pas du tout des dignitaires. J’ai été invité à prendre les repas avec lui. J’étais un peu intimidé. On ne s’attend pas à déjeuner ou à dîner avec le pape. Je n’ai aucun souvenir de ce que nous nous sommes raconté. Certainement des banalités. Nous avons sans doute parlé du programme de ce qui allait se passer à Lourdes. Il était très simple, très humble. Le rapport a été très facile. Il mettait tout à fait à l’aise. Mais c’était quand même le pape. On n’a pas l’habitude. Vous seriez vous aussi embarrassé si vous étiez dans la même situation. Je me rappelle juste qu’il était très attentif, très à l'écoute. Les repas étaient très simples et ne duraient pas longtemps.
Quels ont été les moments marquants de son programme ?
JP : Il a voulu suivre le même le chemin que tous les autres pèlerins. Il est passé par l’église paroissiale, le cachot, le sanctuaire, et puis l’hospice où Bernadette a vécu les dernières années avant son départ pour Nevers. Il a été un pèlerin attentionné, qui connaissait la vie de Bernadette dans ses moindres détails. Il est pas tombé dans les pièges habituels de « Bernadette la bergère » alors qu’elle ne l‘a jamais été. J’ai retrouvé le Benoit XVI exégète et théologien, très près du texte de l’évangile.
Il a logé dans une petite maison toute simple ?
JP : Quand Jean Paul II est venu la première fois à Lourdes, il a logé au chalet épiscopal. C’était en 1983. Quand il est revenu en 2004, sa santé s'était beaucoup détériorée. Il a donc logé à l’accueil Notre Dame, équipée pour recevoir des personnes handicapées.
En 2008, la sécurité avait bien empiré avec le temps. Il a fallu trouver un endroit assez isolé et contrôlable pour Benoît XVI. On a trouvé une maison qui dépendait des sœurs de l’Assomption, qui était relativement isolée et juste assez grande pour les gens qui doivent être directement avec le pape, c’est-à-dire 3 ou 4 personnes. Cette maison était dotée d’un petit parc où il pouvait faire les 100 pas et dire son chapelet. C’était juste en face du stade Antoine Beguère. C’était commode parce que l’hélicoptère pouvait y atterrir.
Que pensez-vous de Benoît XVI en tant que pape ?
JP : Il a l’image très marquée d’un conservateur par rapport à Jean Paul II qui a été fulgurant. C’est un homme de l’intériorité, qui a dit et là-dessus je suis d’accord avec lui que le grand désordre n’est pas celui de l’organisation dans l’Eglise, mais celui de la foi. Est-ce qu’un homme ou une femme du 21ème siècle peut croire ? Et donc, il a eu le grand mérite de dire que c’était bien la foi qui était au centre de l’Eglise. Donc c’est un grand mais pour d’autres qualités que son prédécesseur.
J’en garde un souvenir ému, fraternel. Il était délicat. Dès sa nomination, on l’avait qualifié d’ultra conservateur. C’est tout à fait faux. C’est un bavarois. Les bavarois sont de bons vivants. Et un homme qui joue du piano ne peut pas être foncièrement mauvais.