Limoges : pourquoi le tri n'est pas la (seule) solution

Les Limougeauds pourront jeter tout type d'emballage dans la poubelle de tri à partir d'avril 2020. L'agglomération Limoges Métropole est lancée dans un grand projet de modernisation du centre de tri de Beaune-les-Mines. Mais le tri ne peut pas tout.

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A chaque emballage, la même question : "Et celui-là, il va au recyclage ?" En avril 2020, les Limougeauds n'auront plus à se creuser les méninges. Tous les emballages, qu'ils soient en carton ou en plastique, pourront être recyclés.

En tout, 12 millions d'euros sont mis sur la table pour moderniser le centre de tri de Beaune-les-Mines, qui traite chaque année plus de 16 000 tonnes de dechets. Une nouvelle chaîne, plus automatisée et plus performante, sera installée. Le site aura alors deux ans d'avance sur la nouvelle réglementation : en 2022, tous les plastiques devront pouvoir être recyclés.
La France doit rattraper un retard considérable en la matière, à en croire plusieurs études. D'après une enquête du magazine 60 millions de consommateurs, parue en 2018, seulement 26% des emballages sont recyclés.

D'autres experts tablent sur des chiffres bien plus alarmistes : moins de 15% des déchets plastiques sont recyclés, estime par exemple Nathalie Gontard, professeure à l'INRA.

Le pari de l'économie circulaire

"Du fait de leur petite taille et des caractéristiques de consommation, certains [emballages] sont abandonnés ou rejetés dans la nature, avec des conséquences désastreuses sur la flore et la faune, observe l'ONG Zero Waste France. A l’échelle européenne, la quantité de plastique ainsi rejetée dans les océansserait comprise entre 150 000 et 500 000 tonnes, chaque année !"

En parallèle de l'extension des consignes de tri pour l'ensemble du territoire, les pouvoirs publics se sont donnés pour objectif de diminuer l’enfouissement de déchets plastiques "de 50% entre 2010 et 2025" au niveau national.

"En 2018, cela représente encore environ 8 millions de tonnes de déchets qu’il va falloir détourner du stockage vers de nouvelles solutions de valorisation", précise le contrat de "transformation et valorisation des déchets", signé par les principaux acteurs de la filière avec l'Etat.

L'idée est de parier sur un cercle vertueux : en réduisant l'enfouissement et l'incinération des déchets, le gouvernement espère le développement d'une économie circulaire.

Par exemple, un Haut-Viennois jette en moyenne plus de 60 kg de plastiques par an. Dès l'an prochain, ces déchets pourront être mieux valorisés grâce au réaménagement du site de Beaune-les-Mines. Un pot de yaourt pourra être transformé en vêtements ou en isolant.

Une part infime des plastiques réellement recyclée

Mais le recyclage ne peut pas être la réponse à tout, estiment de nombreux experts. Déjà, une partie de la matière est perdue au cours du processus de recyclage et rejoint ainsi les décharges... que l'on tente de vider ! Une autre servira, par exemple, à la confection de pulls et ne sera plus recyclable après.

C'est donc une part infime des déchets plastiques qui peut être recyclé à plusieurs reprises. Actuellement, "moins de 2% des plastiques usagés sont recyclés idéalement en circuit fermé, c'est-à-dire récupérés pour produire un matériau utilisable comme un plastique neuf et indiscernable de ce dernier", affirme Nathalie Gontard, professeure de sciences de l'aliment et de l'emballage à INRA. 

La chercheure propose quelques solutions dans une tribune publiée en janvier 2018 : "la réduction efficace de notre consommation de plastiques puis leur retrait graduel du marché" et "leur substitution autant que possible par des alternatives biodégradables (à ne pas confondre avec les plastiques biosourcés ou compostables) dont la fabrication ne doit cependant pas influencer négativement la production agricole destinée à la consommation humaine ni porter atteinte à l'environnement"

Même à supposer que nous développions la collecte, le tri et le recyclage des déchets, cela ne suffirait pas à absorber tous les déchets produits par notre mode de consommation.

 
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