Il en reste peu de traces aujourd'hui. La Révolution française a pourtant marqué l'histoire de Limoges.
Un ouvrage publié par "Les Ardents Editeurs" revient sur les dix années riches et tourmentées de cette période révolutionnaire dans la capitale limousine.
A l'aube de la révolution, Limoges est une ville moyenne de 20 000 habitants.
Une cité prospère, lieu d'échange et de commerce ouverte sur l'Atlantique et même les lointaines colonies.
Des travaux d'urbanisme, comme la place Dauphine, qui deviendra la place Denis Dussoubs, ou l'esplanade d'Orsay, la future place des Carmes, aèrent peu à peu le cœur insalubre de la vieille cité.
Place du Présidial, on trouve le cœur du pouvoir royal : le palais de justice, la résidence des intendants du roi et l'hôtel des trésoriers de France.
Une élite pétrie de la philosophie des Lumières qui traversera toute la période de la Révolution
De riches notables, titulaires de charges royales, commerçants ou propriétaires terriens se font construire des résidences à la campagne et des hôtels particuliers en ville.Ces élites, souvent des nobles attachés à la philosophie des lumières et détenteurs de charges royales, vont jouer un rôle de premier plan pendant la Révolution.
En mai 1789, une charrette de blé est pillée sur le Pont Saint Etienne.
L'été venu, « la grande peur » va armer les habitants de la ville constitués en milice.
Jusqu'en 1792, les notables de la ville comme Pétiniaud de Beaupeyrat, Jean-Baptiste Jourdan, Jean-Baptiste Nieaud, François Alluaud ou Grégoire de Roulhac vont accompagner la révolution et limiter les violences.
Mais à partir de 1792 l'atmosphère se tend.
Au moment de la terreur, au paroxysme de la tension, un prêtre réfractaire est tué à coups de bâtons place fontaine des Barres.
De mars 1793 à février 1794 environ 300 limougeauds seront arrêtés.
La chute de Robespierre en juillet 1794 marquera la fin de la Terreur à Limoges.
A Limoges, plus que la noblesse, c'est finalement le clergé qui paiera un lourd tribut à la révolution.
Les congrégations seront fermées; les églises et les couvents, seront réquisitionnés, vendus ou détruits, comme l'église de l'Abbaye Saint Martial.
Le paysage urbain très marqué par le fait religieux depuis le Moyen-Age va se trouver profondément bouleversé.
La cathédrale sera transformée en réserve de fourrage, l’église Saint Pierre en fabrique de salpêtre pour les munitions, d’autres églises deviendront des « Temples de la Raison » comme Saint-Michel ou accueilleront des réunions pour du Club des Jacobins.
Une hiérarchie sociale qui n'a pas été bouleversée
A l'issue de la période révolutionnaire, la hiérarchie sociale n'a pas été bouleversée à Limoges.De nombreuses personnalités locales ont su passer d'un régime à l'autre sans difficulté.
Notables sous l'ancien régime, ils seront juges ou députés pendant la Révolution puis notables à nouveau sous l’Empire.
La ville s'apprête à entrer de plein pied dans une autre révolution : la Révolution Industrielle, qui la transformera profondément au cours du XIX ème siècle.
"Limoges et la Révolution, regards croisés", par Philippe Grandcoing et Les amis de Robert Margerit, ed. Les Ardents Editeurs