Limoges : un cours d’histoire-géo pour aider les enfants à comprendre la guerre en Ukraine

La guerre en Ukraine inquiète aussi les enfants qui en entendent parler sans trop comprendre. Au collège Maupassant de Limoges, une professeure d'histoire-géographie a choisi de consacrer une séance "question d'actualité" pour faire un peu de décryptage.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Dans la salle de classe, les questions des enfants fusent. "Est-ce qu'il va y avoir la troisième guerre mondiale ? Est-ce qu'il va y avoir la guerre en France ? Qu'est-ce que c'est l'OTAN ?" Ethan, Ninon, Fouad, Manolo ou encore Paul-Henri veulent comprendre ce qui se passe. "J'ai senti beaucoup d'inquiétude au retour des vacances. Un sentiment d'être menacés. C'est vrai que c'est une actualité assez anxiogène ", explique l'enseignante. Le cours, ce jour-là, démarre par l’étude d’une caricature montrant un char foulant un drapeau ukrainien avec au-dessus, un Vladimir Poutine belliqueux.

Décryptage

Les questions réponses avec la salle de classe consistent à déterminer qui sont les personnages ? De quel drapeau il s’agit. Comment s’appellent les personnes caricaturées. Et l’interaction fonctionne.

Agathe Authier, leur professeure d’Histoire-géographie, utilise toutes les ressources pédagogiques : journaux pour enfants comme Un jour une Actu ou encore des extraits de journaux télévisés, des cartes de la région pour voir le théâtre des opérations. Objectif étant d’aborder cette thématique en classe pour leur donner quelques clés, des grilles de lecture du conflit.

"L’Histoire et la géographie, explique Agathe Authier, sont toutes les deux utiles. C’est à-dire que l’Histoire permet de comprendre le passé et les ambitions russes quant à l’Ukraine. Et la Géographie permet de s’intéresser à la question des ressources. Nos deux matières sont vraiment d’une grande aide pour comprendre l’actualité". Tout aussi impliqué dans l’opération éducation aux médias, Thierry Rebet, le principal du Collège Maupassant, affirme que "c’est important pour plusieurs raisons. D’abord parce que les enfants prennent l’information au quotidien, souvent sur les réseaux sociaux ou sur internet et ils n’ont pas le recul parfois nécessaire pour faire la part des choses. Ils prennent la violence aussi de plein fouet, et le fait de leur expliquer un petit peu ce qui se passe, par de l’éducation à l’information, aux médias." 

Education aux médias

C'est le rôle des enseignants, réaffirme Agathe Authier, "d'aider, apprendre à nos enfants, comment détecter une information fiable, parce qu'ils utilisent beaucoup les réseaux sociaux et qu'ils ne savent pas d'où vient l'information. Notre rôle, c'est de décoder l'information, savoir à qui je peux ou non faire confiance. On leur apprend qu'à la source d'une information, il y a un journaliste qui aura vérifié l'information, qui aura croisé ses sources. L'Histoire et le journalisme sont très liés puisqu'on travaille à partir de la même chose, les sources d'information, fiables ou pas fiables ".

Et la leçon du jour semble porter ses fruits. « C’est Vladimir Poutine qui a voulu faire ça, explique Fouad très renseigné sur le conflit, à ses petits camarades, parce qu’il ne voulait pas que l’Ukraine elle rentre dans l’OTAN".

Fouad et ses petits camarades sont inquiets et plein de questions sur ce conflit qui ravage l'Ukraine. © Valérie Agut / France Télévisions

Sur la Russie elle-même, et sa vie politique, les élèves ont en tête quelques éléments de politique intérieure. Par exemple, sur les opposants à Poutine, "ils sont la plupart du temps menacés, torturés, assassinés" poursuit Fouad.

Déconstruire

En classe, ce jour-là, on est sérieux mais on sourit parfois. "Une élève m’a raconté un jour, rapporte la professeure d’Histoire, que Vladimir était tellement fort, qu’il chevauchait des ours ". Grand éclat de rire, suivi de commentaires accréditant la thèse, tant les réseaux sociaux colportent des fables.

Mais au fond, leur demande Agathe Authier, "Pourquoi l’Ukraine ? Parce qu’on fait passer de gros tuyaux de gaz à travers l’Ukraine, que les Russes vendent à qui ?". Et il est bien là le problème, c’est qu’il faut prendre du champ pour comprendre les enjeux que les enfants ont maintenant bien compris. "L’Europe et son besoin, sa grande dépendance pour le gaz russe".

Du coup, la situation devient un peu plus complexe, encore plus intéressant à analyser, d’où la nécessité d’expliquer. Il était nécessaire aussi de se questionner sur l'information elle-même, surtout à l'heure des réseaux sociaux.

Car "il y a des vidéos auxquelles on peut faire confiance, prévient la professeure d’Histoire et puis il y en a d’autres pour lesquelles on peut émettre des doutes". Alors, depuis le début du conflit, le CDI de l'établissement laisse la possibilité aux collégiens de consulter un journal télévisé fiable et adapté à leur âge comme le Journal Junior sur Arte.

A ce propos, " il y avait des témoignages de plusieurs enfants, qui disaient qu’il y avait des avions qui bombardaient leur ville, se rappelle ému Paul-Henri. Et ces images étaient plutôt terrifiantes pour eux, et pour moi aussi parce qu’il y avait des enfants aussi qui avaient à peu près l’âge de cinq, six ans. Et c’était triste". Une guerre qui ne laisse donc personne indifférent et qui mobilise même certains élèves au sein du collège avec l'organisation d'une collecte à destination des Ukrainiens. 

Solidarité

Les enfants participent à la collecte de produits pour les réfugiés ukrainiens au collège Maupassant à Limoges. © Valérie Agut / France Télévisions

 

"Il y avait cette envie de leur part de s’impliquer, complète le principal du collège Maupassant, de faire quelque chose, de se sentir utile. De pouvoir à leur manière, participer. Il y avait une demande aussi des familles, de se demander qu’est-ce qu’on peut faire, pour aider les gens, pour aider les victimes de la guerre"

L’objectif recherché initialement est donc atteint « comprendre le monde dans lequel on vit et développer son esprit critique », résume Agathe Authier.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information