Limoges : vers une portion de l’A20 à 90 km/h pour améliorer la qualité de l'air ?

Afin de réduire la pollution de l’air sur une partie de l’A20, la ville de Limoges a commandé une étude à l’observatoire régional de l’air (Atmo Nouvelle-Aquitaine). Son but : projeter un abaissement de la vitesse à 90km/h au lieu de 110 sur une portion de 12 kilomètres.

La ville de Limoges se questionne pour abaisser la vitesse à 90 km/h sur 12 kilomètres de l’A20. Nicolas Courivault, chef du service Circulation Stationnement de la ville l’explique : "L’A20 traverse la commune de Limoges dans sa partie urbanisée. Aujourd’hui elle accueille 60 000 véhicules en moyenne par jour donc on a besoin d’avoir un état des lieux sur l’exposition des habitants aux polluants".  

Les objectifs seraient de limiter les nuisances sonores et atmosphériques pour les résidents.

Nicolas Courivault, chef du service Circulation Stationnement de la Ville de Limoges

C’est pour cette raison que la ville de Limoges a sollicité une étude technique pour voir quels impacts cela pourrait avoir. Une volonté liée aux objectifs du Plan Climat Air Energie Territorial (PCAET) et du Plan de Déplacements Urbains de Limoges Métropole (PDU).   

Pour étudier l’efficacité de cette proposition, la ville a demandé fin 2021 à Atmo Nouvelle-Aquitaine, qui représente l’observatoire régional de l’air, de mener cette étude.

En quoi consiste l’étude de l’Observatoire régional de l’air ?  

L’étude qui vient d’être rendue, vise à modéliser la vitesse sur une portion de l’A20 et étudier l’impact de l’abaissement de celle-ci sur la qualité de l’air. Lisa Muller, ingénieure d’études à Atmo Nouvelle-Aquitaine a réalisé cette modélisation sur 12 km, de l’échangeur 28 (Grossereix) à l’échangeur 36 (Z.I Magret-Romanet, St Yrieix, Nexon).  

Pour ce faire, elle s’est basée sur les chiffres des émissions du trafic  communiqués par la Dirco (Direction Interdépartementale des Routes Centre-Ouest) et sur ceux du trafic aux abords de cet axe calculés par le Citepa (Centre Interprofessionnel Technique d’Etudes de la Pollution Atmosphérique).

L’année étudiée est 2019. Grâce à plusieurs logiciels de modélisation, elle a pu rendre deux scénarios, l’un dit de "référence" c’est-à-dire sans modification de vitesse, l’autre appelé "le projet", où la vitesse est abaissée à 90 km/h sur l’ensemble de la portion entre les échangeurs 28 et 36.  

Quels sont les polluants étudiés ?

Trois types de polluants sont pris en compte. Il y a d’abord le NO2, le principal gaz émis par le trafic routier. Un gaz irritant pour les bronches, qui augmente la fréquence et la gravité des crises d’asthme chez ceux qui en font. Sur l’environnement, il participe à l’atteinte de la couche d’ozone et à l’effet de serre. Le No se forme lors de la réaction de combustion à haute température par combinaison du diazote (N2) et de l’oxygène atmosphérique (O2). Il provient surtout du transport routier, puis de l’industrie, et de l’agriculture. Il ne faut pas être exposé à plus de 40 microgrammes par mètre cube par an.  

Ensuite, il y a les particules en suspension (PM10) et fines (PM2,5) qui ont surtout des effets néfastes sur la santé. Selon leur taille, elles peuvent irriter les voies respiratoires et altérer la fonction respiratoire. Elles peuvent être à l’origine de cancers. Sur l’environnement, ses effets majeurs se résument principalement à des salissures sur les monuments. Pour les PM10, il ne faut pas être exposé à plus de 40 microgrammes par mètre cube par an et pour les PM 2,5, c’est 25 µg/m3 (microgrammes par mètre cube par an).  

Y a-t-il une baisse de concentration de ces polluants en réduisant la vitesse ?  

Abaisser la vitesse de 20 km/h sur 12km permettrait surtout de réduire la concentration en dioxyde d’azote (NO2), jusqu’à 3 % de réduction de la concentration moyenne par an. Si les 350 habitants la zone (100 mètres de part et d’autre de l’autoroute) pourraient y gagner, ils ne sont actuellement pas exposés à un dépassement des valeurs limites fixées à 40 µg/m3 (40 microgrammes par mètre cube).       

Le graphique ci-dessous prouve cette conclusion. Il est le résultat entre la différence de l’étude de référence et le projet avec l’abaissement de la vitesse. Il montre justement une baisse en concentration du polluant NO2. Les endroits colorés sont les endroits où on constate une diminution du polluant NO2. Les zones noires indiquent que la réduction va jusqu’à -5 microgrammes par m3, les zones rouges indiquent jusqu’à -3 microgrammes par m3.    

En revanche, l’étude ne montre pas de différence dans l’évolution des polluants PM10 et PM2,5. Les PM2,5 impactent aujourd’hui 250 personnes. Celles-ci sont exposées à ces particules fines au-dessus de l’objectif de qualité annuel fixé à 10 µg/m3.

Cependant, réduire la vitesse à 90 km/h ne permettrait pas de changer cette donnée car les émissions de ces particules ne sont pas dues au trafic routier mais au secteur résidentiel et tertiaire.

Pour l’heure, aucune décision n’est prise de la part de la ville de Limoges pour réduire ou non la vitesse sur l’ensemble de cette portion d’autoroute.  Selon Nicolas Courivault, chef du service Circulation Stationnement à la ville de Limoges, cette étude devra être complétée par d’autres sur le bruit ou l’accidentologie. Selon lui, ce sont des sujets dont on n’a pas fini de parler et qui pourront être étudiés conjointement à la Région et l’Etat.    

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