Ils ont vécu mai 68. Certains ont participé au mouvement, d’autres au contraire l’ont subi, voire rejeté. Pour les 50 ans du plus important mouvement social du 20ème siècle, France 3 Limousin dresse le portrait d'habitants de la région, qui racontent leur mai 68.
Philippe Pauliat-Defaye est avocat, et adjoint à la culture à la mairie de Limoges. En mai 1968, il aurait bien voulu être à Paris, mais son échec à Sciences-Po l’oblige à rentrer chez lui, à Limoges.
Agé de 19 ans, étudiant à la fac de droit (qui ne s’appelle pas encore comme ça) il se sent giscardien avant l’heure.
Lorsque les manifestations et les grèves éclatent, lui aussi veut faire entendre sa voix, celle des réformateurs. Ces derniers sont perçus comme des réactionnaires par les gauchistes qui rejettent leurs positions.
"Il y avait des injures sur les profs, vieux cons, vieilles connes, des choses comme ça. On n’aimait pas beaucoup", se souvient Philippe Pauliat-Defaye.
Comme d’autres de ses camarades, celui-ci entend bien passer ses examens, prévus le 24 mai 1968. Mais les animateurs du mouvement social s’opposent à la tenue des épreuves, et s’invitent à l’université le jour J :
Nous sommes rentrés dans la faculté, mais pendant toute la période d’attente devant la façade du Présidial, le doyen et un certain nombre de professeurs ont reçu des jets de tomates et d’œufs.
"Un arrière-cerveau très totalitaire"
Finalement, les étudiants "réactionnaires" doivent sortir par une porte dérobée, protégés par le service d’ordre de l’UNEF. Tout de suite après ça, la fac est occupée.
Un demi-siècle plus tard, Philippe Pauliat-Defaye désapprouve toujours certaines conduites : "Il y avait quand même un arrière-cerveau très totalitaire dans un certain nombre de démarches, qui était insupportable", dit-il.
Avec tout de même une conviction sur ce qu’a changé Mai 68 : "On ne commande plus, on ne dirige plus après 68 comme avant. J’en suis vraiment persuadé."