Mégabassine de Sainte-Soline : de nombreux Limousins ont fait le déplacement dans les Deux-Sèvres

La manifestation était annoncée par le collectif "Bassines non merci !" depuis plusieurs semaines, elle a été interdite par la Préfecture. Mais plus de 25 000 personnes selon les organisateurs, 6000 selon la police, ont investi le site de la méga-bassine en construction de Sainte-Soline. Dans les trois cortèges, des Hauts-Viennois et des Creusois, alors que les premiers affrontements avec les forces de l'ordre ont débuté en début d'après-midi

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Plus de 3 000 forces de l’ordre mobilisées d’un côté, des milliers de manifestants de l’autre : les tensions étaient annoncées, elles ont éclaté vers 13h ce samedi à Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres.

Symbole du modèle agricole productiviste réclamant ces réserves d'eau d'une surface de plusieurs terrains de football, la bassine en travaux de Sainte-Soline a été encerclée par une multitude de véhicules de police pour empêcher son accès aux manifestants.

Trois cortèges ont évolué en musique et au son des bandas sur le site à partir du début de la matinée. L'objectif des manifestants est d'atteindre les canalisations d'irrigation  « Le but, c’est d’approcher et d’encercler la bassine pour faire stopper le chantier », affirme un membre des Soulèvements de la Terre.

Grenades de désencerclement

Rapidement, les premiers affrontements ont donné lieu à des jets de projectiles et des tirs de mortier d'un côté, au lancer de bombes lacrymogènes et de grenades de désencerclement du côté des forces de police, qui utilisent également des canons à eau.

Quatre camions de CRS stationnés autour de la réserve d'eau ont été incendiés. Des blessés ont été évacués par ambulances. Les manifestants comptent des blessés aux main, bras, cuisse suite aux jets de grenades de désencerclement. Les organisateurs comptent à cette heure une cinquantaine de blessés, dont trois en urgence absolue. La gendarmerie comptabilise 16 blessés dans ses rangs, dont 6 hospitalisés. Un photographe de Sud-ouest a également été blessé et pris en charge par les gendarmes et leurs équipes médicales. Des scènes de guerre observées aussi de loin par de nombreux autres manifestants

Pendant près d'une heure trente, on voyait plus loin les affrontements, dans les fumées des gaz lacrymogènes, avec le bruit incessant des détonations, puis il y a eu une accalmie vers 14h. Mais alors que nous étions en train de déjeuner, sans aucune menace, des grenades de désencerclement ont été tirées au milieu de nous"

un membre du collectif haut-viennois "Bassines, non merci !"

La réserve d'eau, symbole de la guerre de l'eau

Le collectif "Bassines, non merci !" s'est constitué pour contester le projet de 16 retenues  d'eau de très grande surface dans les Deux-Sèvres, Sainte-Soline étant la première, d'une capacité totale d'environ six millions de mètres cubes. Elles doivent voir le jour dans le cadre d'un projet porté depuis 2018 par une coopérative de 450 agriculteurs et soutenu par l'Etat. L'objectif est de stocker l'eau puisée dans les nappes superficielles en hiver, afin d'irriguer les cultures en été quand les précipitations se raréfient. Alors que les sécheresses vont se cumuler avec le changement climatique, ce qui est présenté comme une solution par les syndicats agricoles FNSEA et Coordination Rurale est au contraire, pour ce collectif, une ineptie et ne va qu'accélérer la crise autour de l'eau. La question de ces méga-bassines pose donc aussi la question du partage de la ressource en eau, limitée.   

Ce modèle agricole est aussi contesté par l'antenne "Bassines, non merci 87", constitué de citoyens, par les agriculteurs de la Confédération Paysanne et par les associations  Alternatiba, Les Amis de la Terre, Les Amis de la Confédération paysanne, ATTAC 87, Extinction Rebellion Limoges, Générations Futures et Saint-Junien Environnement.

Des représentants de l'activité agricole au Chili et au Mexique ont fait le déplacement pour témoigner de pratiques similaires, notamment pour la culture des avocats qui assèche les terres.

"Ces mégabassines représentent une privatisation de l'eau, pour des cultures destinées à l'exportation, pour de l'élevage intensif et pour alimenter des méthaniseurs, ce sont au final 4 ou 5% des agriculteurs qui portent ces projets de mégabassines !"

Jacky Texier du collectif "Bassines, non merci 87".

Le collectif pointe du doigt le financement des retenues d’eau « abondé à 70 % par l’argent des contribuables pour financer l'irrigation du maïs sur de grandes surfaces sans haies bocagères avec les conséquences que l'on connait sur la biodiversité" dénonce Martine Laplante des Amis de la Terre, membre du collectif de la Haute-Vienne. 

Ce collectif demande à l'Etat un moratoire et de soutenir au contraire d'autres modèles agricoles, garants de cultures respectueuses de l'environnement et permettant le partage de l'eau pour tous.

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