C'est Alain Rousset qui l'a proposé dès le lendemain de l'incendie de Notre-Dame de Paris : la région Nouvelle-Aquitaine pourrait proposer du chêne pour reconstruire la charpente de la cathédrale. Mais le Limousin a-t-il la capacité de répondre à cette demande ? Éléments de réponse.
Tout est parti d'une déclaration d'Alain Rousset. Moins de cinq heures après le début de l'incendie de Notre-Dame, le Président de la Région s'exprime sur Twitter.
#NotreDameDeParis
— Alain Rousset (@al_rousset) April 15, 2019
La Région @NvelleAquitaine se mobilisera. En tant qu'important massif forestier, pourquoi pas s'organiser pour la reconstruction de la charpente, en fournissant du chêne, châtaigner...
La Nouvelle-Aquitaine est la première région forestière française. Les feuillus (chênes, châtaigniers,...) occupent près de 62 % de la surface forestière, soit 1,73 million d’hectares.
A l'échelle de la Nouvelle-Aquitaine, le chêne couvre 927 000 hectares soit 33 % de la surface boisée totale. C'est une essence que l'on trouve essentiellement dans le Périgord mais aussi répartie sur les trois départements de l'ex-Limousin : la Corrèze, la Creuse et la Haute-Vienne.
Stéphane Mazières, directeur de scierie à La Chapelle-Montbrandeix en Haute-Vienne est prêt. Pour cette exploitation familiale, pas de doute : elle pourra participer à la reconstruction de Notre-Dame de Paris.
J'ai des bois qui sont très gros, jusqu'à 1m 20 de diamètre et jusqu'à 15 mètres de long. Ils ont la qualité qui correspond parfaitement à des qualités de charpentes pour des monuments historiques. Ce sont des bois qu'on dédie spécialement à des pièces hors-norme et sur-mesure.
Le discours est un peu plus prudent du côté de la filière bois. Gaël Lamoury, directeur de BoisLim, la Nouvelle-Aquitaine pourra peut-être participer, mais elle n'est pas la mieux placée.
La Nouvelle-Aquitaine est une région où il y a du chêne qui peut servir pour de la charpente mais dans des quantités faibles. Les régions historiques de chêne, ce n'est pas la Nouvelle-Aquitaine, ce n'est pas le Limousin.
Reste encore une question : la charpente de la Cathédrale sera-t-elle en chêne, comme au XIIIe siècle ? D'après Bertrand de Feydeau, le vice-président de la Fondation du patrimoine, "nous n'avons plus sur notre territoire d'arbres d'une taille telle que ceux qui ont été coupés au XIIIe siècle et qui constituaient ce qu'on appelle la forêt primaire. [...] Il va falloir mettre en œuvre des technologies nouvelles qui laisseront à l'extérieur l'aspect de la cathédrale telle que nous l'aimons mais qui ne permettront pas cette visite mystérieuse à la grande forêt de la cathédrale."
Si certains évoquent le béton, le métal, une reconstruction en douglas pourrait s'envisager. Ce conifère est particulièrement présent en Nouvelle-Aquitaine : 73 000 ha dont 57 000 en Limousin.