VIDÉO. "Notre vie s’est arrêtée quand Francis a été assassiné" : 9 ans après le meurtre d’un veilleur de nuit à Magnac-Laval, sa famille se mobilise

Le 10 janvier 2014, Francis Montmaud, veilleur de nuit au centre éducatif de formation professionnelle du Vieux Collège, est tué de douze coups de couteau. L’affaire n’a jamais été résolue. Aujourd’hui, sa sœur partage ses doutes et lance un appel à témoins.

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Jacqueline Montmaud nous reçoit dans son appartement en Corse, région d’origine de son mari. Elle est calme, s’exprime clairement et posément, mais elle semble toujours extrêmement marquée par la disparition tragique de son frère, Francis, il y a tout juste 9 ans : "Des membres de ma famille ont été très malades, moi-même, je le suis, j’ai tenu le coup pendant une année, au bout d’un an, je me suis écroulée."

"J’ai prévenu mes sœurs de ne pas regarder"

Les faits se sont produits le 10 janvier 2014, peu après 23 h. Alors qu’il veille sur sept internes du centre éducatif de formation professionnelle Le Vieux Collège, à Magnac-Laval, Francis Montmaud est tué, frappé par douze coups de couteaux.

Jacqueline Montmaud a eu accès au dossier d'instruction consacré à l’enquête. Un choc, auquel elle n’était pas préparée : "Tous les membres de la famille n’ont pas regardé, c’est moi qui ai découvert. J’ai prévenu mes sœurs de ne pas regarder, parce que c’était violent. Une fois qu’on ouvre le dossier, on est tenté de voir ce qui s’est réellement passé pour comprendre. Tous ces coups de couteaux qu’il a reçus, c’est dramatique (…). Il a été égorgé. Alors, vous savez, quand on pense à ça, j’ai les poils qui se dressent, et on a envie de hurler. Parce qu’il était seul et sans défense alors qu’il était attaqué violemment par un assassin ou des assassins qui étaient là pour le tuer."

Des SMS qui interrogent

À la lecture du dossier et des nombreux témoignages qu'il rassemble, Jacqueline Montmaud s'interroge. Le comportement d’un pensionnaire du Vieux Collège l’intrigue. C'est un adolescent, mais c'est aussi le seul témoin du meurtre. Elle nous explique : "Ce garçon apparait suspect. J’ai vu des auditions où il est décrit comme un garçon qui est manipulateur et meneur des adolescents présents. Lorsqu’on lui demande de décrire la personne en train d’assassiner Francis, il dit ne pas avoir bien vu, mais il a très bien vu le couteau de boucher."

Quelques minutes après le meurtre, l'adolescent envoie des SMS à une jeune fille sans évoquer le drame. Il alerte finalement les secours seulement une demi-heure plus tard. Ce comportement soulève pour Jacqueline Montmaud des interrogations : "Il demande aux jeunes présents de s’enfermer dans leurs chambres à clef, et d’autre part, quand Francis est décédé, il passe une communication avec cette fille, mais il ne lui fait pas part que Francis a été assassiné, qu’il est dans une mare de sang. C’est très étonnant."

Une enquête freinée

La sœur de la victime nous confie également que les enquêteurs n’ont pas pu interroger cet adolescent dans les meilleures conditions : "Le directeur de l’établissement a reçu du vice-procureur de la République une injonction pour lui demander de le soustraire des autres, car c’est le meneur, mais de le garder proche, parce que c’est un témoin principal du meurtre. Mais il (le directeur de l’établissement, ndlr) n’a pas suivi les instructions reçues. Le lendemain, il a pris la décision de le faire rentrer dans sa famille en région parisienne. Il l’a conduit lui-même à la gare de Limoges. C’est énorme. Il lui a même payé son billet de train en espèces."

Notre équipe de reportage a pu joindre le directeur du centre qui nous a expliqué avoir d’abord pensé au bien-être de l’adolescent. De son côté, Jacqueline Montmaud affirme avoir revu ce jeune quelques jours plus tard, aux obsèques de son frère. Il serait donc revenu en Limousin et aurait pu échanger avec d’autres témoins.

"Il avait réclamé des caméras de vidéosurveillance"

Jacqueline Montmaud parle de son frère comme d’un homme exemplaire : "C’était un garçon formidable, d’une gentillesse que vous ne pouvez pas imaginer. Il était très respectueux et toujours là pour tendre la main." 

Mais pour elle, il se sentait aussi en danger sur son lieu de travail : "Il avait réclamé des caméras de vidéosurveillance qui avaient été refusées par les éducateurs, parce qu’ils pensaient que c’était une atteinte à leur vie privée. (…) Les surveillants de nuit n’avaient aucun moyen de défense. Alors, on va dire qu’on leur avait donné un talkie-walkie. Comment vous faites avec un talkie-walkie si vous êtes agressé ?"

Appel à témoins

Aujourd’hui, Jacqueline Montmaud lance un appel à témoins, en espérant voir l’enquête avancer enfin : "Les jeunes présents cette nuit-là sont aujourd’hui majeurs, peut-être pères de famille, peut-être qu'ils vont comprendre le chagrin et la tristesse de notre famille, et je les supplie de donner tous les éléments qu’ils connaissent."

La gendarmerie et le parquet de Limoges n’ont pas donné suite à notre demande d’interview. L'enquête se poursuit, toujours sans mise en examen.

Avec Franck Petit et France 3 Corse.

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Le 10 janvier 2014, Francis Montmaud, veilleur de nuit au centre éducatif de formation professionnelle du Vieux Collège, est tué de douze coups de couteau. L’affaire n’a jamais été résolue. Aujourd’hui, sa sœur partage ses doutes et lance un appel à témoins. ©France Télévisions
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