Après plus d’un an et demi de travaux, les Halles Centrales de Limoges vont rouvrir au public ce 16 novembre. L’occasion de revenir sur une histoire vieille de 130 ans, et même un peu plus !
C’est à la toute fin de la Deuxième République, en 1850, que Limoges se dote de Halles Centrales. Il s’agit alors d’un marché, ouvert mais couvert, déjà situé place de la Motte, nommé Marché Dupuytren.
Le 15 août 1864, un incendie, vraisemblablement parti de la rue Othon Peconnet (qui s’appelait alors rue des Arènes) ravage le centre-ville, ainsi que le marché, qui n’y résiste pas.
Le bâtiment est alors reconstruit, sous le nom de marché Dupuytren.
Mais, jugé trop petit, il est déménagé vers ce qui ne s’appelle pas encore la place Carnot mais le rond point du Crucifix et qui abrite déjà, depuis 1856, un autre marché.
Pourtant, dans les années qui suivent, la décision de rebâtir place de la Motte de nouvelles Halles est prise. Un appel d’offre, avec concours, est lancé, Gustave Eiffel envisage un temps de se présenter, mais renonce, faute de moyens et, au final, une vingtaine de projets sont soumis.
C’est celui de deux ingénieurs, Levesque (qui travailla longtemps avec le directeur des études d'Eiffel - Seyrig) et Pesce, qui est retenu.
Initialement, leur projet était beaucoup plus imposant, deux rotondes devant en effet venir enserrer le bâtiment principal.
La construction débute en 1885, et ne s’achève que cinq ans plus tard, en 1889, un temps très long même pour l’époque, ce qui ne manqua pas d’irriter Limoges !
Cinquante mètres de long, trente-cinq de large, 1750 m² de surface au sol, le bâtiment en impose, d’autant plus avec sa structure héritée des Pavillons Baltard parisiens, charpente métallique à formes triangulées (14 tonnes chacune), briques, métal, verre et zinc découpé, sans parler de la frise en porcelaine de 368 panneaux, représentant les produits vendus dans les Halles (gibiers, viandes, fruits, ...), réalisée par l’entreprise Guérin.
Le 15 décembre 1889, les Halles Centrales sont enfin inaugurées, avec près de 180 étals à l’intérieur !
Très vite, elles deviennent le « ventre de Limoges » !
Il y aura certes la courte expérience du Pavillon du Verdurier, entre 1919 et 1921, pour venir les concurrencer, alors que ce tout nouveau bâtiment servait de chambre froide et de lieu de vente de viande importées d’Argentine au lendemain de la Guerre, mais jamais leur succès ne se démentit.
Les Halles font l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques, depuis le 16 août 1976.
En 1993, elles subissent un premier lifting.
Pourtant, depuis quelques années déjà, les Halles connaissaient un certain déclin.
Avènement des supermarchés, transformation du quartier (on put longtemps se garer place de la Motte !), arrêt ou disparition de certains commerçants historiques ou figures des Halles, baisse constante du nombre d’étals, soupçon d’une relative « cherté », vétusté des installations, les raisons sont diverses.
La ville décide donc d’un important et coûteux chantier de rénovation, qui débute en mars 2018.
Les trente-deux commerçants restants, et les deux restaurants, sont alors déménagés dans un gigantesque chapiteau, installé sur la place.
Si certains ne repartent pas dans l’aventure, des nouveaux arrivent, et à nouveau trente-deux étals et deux restaurants ouvriront donc pour la toute première fois ce 16 novembre, avec de nouveaux horaires (7h-14h mardi et mercredi, 7h-15h jeudi, vendredi, samedi et dimanche), un nouveau décor et de nouvelles possibilités, avant l’inauguration officielle le 23 prochain.
Le ventre de Limoges va à nouveau gargouiller !