Sous confinement, la vie se poursuit au Parc du Reynou au Vigen, en Haute Vienne. Trois loups à crinière ont nés le mois dernier. Mais il faudra patienter pour les découvrir. Le parc reste fermé au public et la direction s’inquiète pour l'avenir.
Ils pointent tout juste le bout du museau hors de leur tanière. Depuis un mois, le parc du Reynou compte trois nouveaux pensionnaires : des louveteaux à crinière, une espèce rare et protégée, originaire d'Amérique du Sud.Une preuve, s'il en fallait une, que la vie continue malgré la fermeture au public pour les quelques 600 animaux présentés à travers 130 espèces.
Un rôle de préservation
"Les animaux ont besoin de nous, on les nourrit, on nettoye leur lieu de vie, on passe du temps à les observer, leur apporter les soins nécessaires", explique Kim Merieux, toute nouvelle cheffe soigneur du site, "nous avons la chance de continuer de pouvoir travailler pour le bien-être de nos animaux".
Ils vivent un peu les choses comme nous à cette période de l'année
Cet après-midi-là, Kim vient nourrir les paons. D’ordinaire, ils déambulent dans les allées du parc pour le plus grand plaisir des visiteurs. Mais ils sont désormais placés à l'isolement, menacés de la grippe aviaire.
"Ils vivent un peu les choses comme certains Français à cette époque de l’année, ils sont en confinement. On est peut-être touché par la grippe aviaire. Du coup, la solution, c’est de les vacciner. Pour l’instant, ils sont enfermés, le temps d’avoir leur vaccin et leur rappel (5 à 6 semaines)", précise Kim Merieux.
C’est au total une centaine de volatiles à vacciner et plus de 500 autres spécimens dont il faut s'occuper quotidiennement : des lions qui dévorent 7 kilos de viande par jour aux girafes, qu'il faut garder au chaud l'hiver. Avec 5 personnes au quotidien, les coûts de fonctionnement s’élèvent à 3 500 euros par jour sans aucune rentrée d’argent depuis la nouvelle fermeture décidée par le gouvernement à l’automne dernier.
Financièrement, il nous reste un gros mois de trésorerie devant nous, pas davantage
Un avenir en suspens
"C’est la partie la plus complexe de notre activité. Les animaux sont là 7 jours sur 7, 365 jours par an. Confinement ou pas confinement, il faut une équipe au minimum de 4 à 5 personnes chaque jour pour s’occuper des animaux", explique Nicolas Lefrère, directeur du Parc du Reynou, qui précise : "En hiver, les coûts de fonctionnement sont parfois plus importants. Aujourd’hui, ils s’élèvent à 3 500 euros par jour et nous n’avons aucune recette en retour depuis plusieurs mois".
Comme les 85 structures zoologiques affiliées à l’A.F.D.P.Z. (Association Française Des Parcs Animaliers), le Parc du Reynou a bénéficié une aide de l’Etat à hauteur de 230 000 euros lors du premier confinement. La fréquentation pour la saison 2020 est restée correcte (-4%) malgré le contexte et les périodes de fermeture cumulées (4 mois sur 12). Mais le temps passe et la trésorerie fond comme neige au soleil.
"On a du mal à comprendre la position de l’Etat", confie Nicolas Lefrère, "un décalage avec une aide lors du premier confinement et depuis l’oubli total. Si on ne peut pas ouvrir pour les vacances scolaires de février, on aura une perspective très restreinte, un gros mois de trésorerie et c’est tout".
L’association des parcs animaliers interroge sans cesse Bercy, le ministère de l’Economie et des Finances, pour une prise en charge nationale à défaut de réouverture. Sans réponse pour l’heure.