Noyade d'une fillette britannique à Liginiac en juillet 2015 : le procès en appel de cinq personnes

C’est un drame qui a marqué la commune de Liginiac en Corrèze pendant l’été 2015. Une jeune britannique de 12 ans, en vacances avec son école, se noyait dans le plan d’eau de la commune. La fillette avait reçu un massage cardiaque pendant 35 minutes et avait été héliportée, en vie, jusqu’au CHU de Limoges. Elle est décédée le lendemain matin. Le procès en appel, pour établir des responsabilités, a débuté ce mercredi et se poursuit encore jeudi à Limoges

C’est un drame absolu pour les parents de la petite Jessica Lawson, douze ans. Eux qui s’étaient particulièrement montrés soucieux auprès des enseignants au sujet des règles de sécurité du centre de vacances en France, avant de la laisser partir avec vingt-trois de ses camarades. L'une de ses enseignantes se souvient, dira-t-elle aux enquêteurs, avoir toujours eu sur elle un œil plus attentif, puisqu'elle était la plus jeune du groupe.

C’est un drame qui a traumatisé aussi les trois enseignants britanniques, encadrant le voyage, ainsi que le maître-nageur en charge de la sécurisation du plan d’eau, ce 21 juillet 2015, et ce, depuis sa prise de service depuis le début du mois. Il s'agit d'un jeune Corrézien fraîchement diplômé qui connaît particulièrement bien ce plan d'eau de Liginiac, puisqu'il y a grandi.

Ce mardi-là, il n’est pas de loin de 15 heures quand les vingt-quatre adolescents profitent d’un moment de baignade non prévu au programme, mais autorisé par leurs enseignants… parce que le drapeau est vert, qu’un maître-nageur est présent, qu'ils ont vérifié qu’il n’y avait pas de pente dangereuse pouvant les surprendre...

La zone de baignade est bien balisée, elle n'est pas très grande, la surveillance sera aisée. Les encadrants, deux sur la berge et un dans l'eau, donnent aux enfants des consignes de ne pas se bousculer ni de plonger de la plateforme de 2.90 mètres sur 1.90 m, et qui flotte en limite de la zone de baignade. Pour eux, tout se passe bien, ils confieront aux enquêteurs qu'ils ne voient pas ce qu’ils auraient pu faire de plus, malheureusement.

Et pourtant, Jessica est absente lorsque les enseignants comptent les adolescents

Il est 15 h 23 lorsque les gendarmes sont avisés que les pompiers viennent d'être appelés pour une noyade au plan d'eau. Alors que les adolescents se baignaient autour de la plateforme et qu'une quinzaine d'entre eux y avaient pris place, celle-ci s'est retournée.

Depuis plusieurs minutes, sous le poids, elle s'était déjà bien immergée dans l'eau, jusqu'à faire un effet toboggan qui amusait les enfants. En se retournant, les adolescents se sont retrouvés dans et sous l'eau. Mais comme un jeu, ils tentent de la remettre à l'endroit pour s'y hisser à nouveau. À la seconde tentative toutefois, l'un des encadrants ayant vu leurs difficultés, leur demande de revenir vers la berge. Le temps de les compter, plusieurs minutes se sont déjà écoulées avant de constater l'absence de la jeune Jessica.

Après vérification qu'elle n'est pas déjà sortie, qu'elle ne se trouve pas aux toilettes, l'alerte est donnée au maître nageur qui plonge aussitôt vers la plateforme. À la deuxième plongée en apnée, il trouve le corps de la fillette, bouche ouverte.

"J'ai crié d'appeler les Pompiers, j'ai demandé qu'on m'amène mon sac de secours qui était à l'ombre sur la plage et j'ai tout de suis pratiqué un massage cardiaque". Il le fera pendant 35 MN. À l'arrivée des pompiers, le cœur repart, elle est héliportée au CHU de Limoges, mais elle y décède à 7 h 15 le lendemain matin.

Une relaxe générale pour l'ensemble des prévenus en première instance à Tulle

Pour le tribunal correctionnel de Tulle, après deux jours de débats en octobre 2022, le lien de causalité entre le retournement de la plateforme et la noyade n’est pas démontré.

C’est un retournement finalement ludique, les enfants s’en sont amusés, comme des centaines d’autres avant eux, depuis plusieurs années. Le maître nageur le confirme au président de la chambre correctionnelle de la cour d'appel de Limoges, ce mercredi  "J'ai grandi juste à côté du plan d'eau, je ne compte pas les fois que j'y suis allé et j'ai toujours vu cette plateforme se retourner avec des baigneurs, il n'y a jamais eu d'incident". Une photographie de cette plateforme particulièrement chargée est projetée dans la salle d'audience.

Le procureur interpelle le maître-nageur "cela n'éveille pas votre attention lorsque vous voyez cette situation depuis votre poste de surveillance ?" "Si bien sûr, je les regarde, mais personne ne se bouscule, ils ne chahutent pas plus que ça, ils rient et j'ai aussi l'ensemble de la zone de baignade à balayer du regard..." précise-t-il.

Du côté des surveillants, chacun était bien à son poste de surveillance. Le tribunal de Tulle n’a d'ailleurs pas relevé de faute caractérisée, de violation délibérée d'une obligation de sécurité ou de prudence.

Que laisse entrevoir ce procès en appel ?

La famille espérait cet appel, car depuis neuf ans, elle attend des réponses. La petite savait nager, elle avait même validé son 50m en natation. Ce sont les circonstances qui lui ont fait perdre la vie, donc pour les parents, il y a forcément un dysfonctionnement.

Pourquoi la plateforme se retournait-elle régulièrement ?

Pourquoi a-t-elle été installée par un agent de la mairie sans notice ?

Pourquoi trois points d’ancrage et pas quatre ?

Pourquoi pas de panneau limitant sa capacité d’accueil ?

Pourquoi son instabilité n’a-t-elle pas été portée à la connaissance des services de l’État lors de son contrôle, un mois plus tôt ?

Les débats se poursuivent, ce jeudi 30 mai, pour éclaircir tous ces points.

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