"On restera avec ça toute notre vie" : un couple de retraités victime de vol avec arme, 3 hommes jugés

Trois hommes comparaissent devant la cour criminelle départementale de la Haute-Vienne pour avoir attaqué un couple de retraités à son domicile de Razès en mars 2019. Ils sont accusés d'avoir dérobé, sous la menace d'une arme, argent liquide et bijoux. L'un des accusés avait été accueilli par le couple quelques années auparavant.

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Le jour se lève à peine ce 30 mars 2019 lorsque quatre individus cagoulés et gantés surgissent dans la cave d'un pavillon à Razès. Philippe Lajoie, 69 ans, les surprend. Il est aussitôt mis en joue par l'un d'eux, qui le menace avec un fusil. La victime va garder l'arme sur la nuque pendant trente minutes.

"On n'oublie jamais ces choses-là, c'est tellement violent. Se retrouver à six heures du matin devant quatre hommes cagoulés dont l'un vous menace avec un fusil à canon scié, sur le moment, je me suis dit : là, je suis dans la merde. J'ai levé les bras, j'ai pas bougé. Après, il m'a couché par terre. Pendant ce temps-là, les trois autres sont montés. J'ai pensé à la sécurité de ma femme, mais je ne pouvais rien faire", se souvient Philippe Lajoie, victime du vol avec arme.

On restera avec ça toute notre vie.

Philippe Lajoie

victime du vol avec arme

Ancien gendarme, Philippe Lajoie a dirigé des unités d'intervention. Une expérience et des réflexes de terrain qui vont lui permettre de faire preuve d'un grand sang-froid au cours de cette agression, et d'éviter un drame. Contraint de livrer à ses agresseurs argent et bijoux, il sera ensuite roué de coups jusqu'à ce qu'il réussisse à désarmer son agresseur et à faire fuir les quatre individus.

À l'étage du pavillon, son épouse est réveillée. Elle aussi est menacée avec un couteau. Elle ne sera pas blessée, mais reste, cinq ans après les faits, extrêmement choquée. "On se protège. On a installé des caméras. La nuit mon épouse se réveille, elle a très peur, elle entend des bruits, elle croit qu'il y a des gens qui sont là, il faut en permanence que je la rassure. C'est pas évident. Mais on restera avec ça jusqu'à la fin de notre vie.", raconte Philippe Lajoie.

L'un des quatre agresseurs n'a pas pu être identifié

Trois personnes sont dans le box des accusés. L'enquête n'a pas permis d'identifier le quatrième agresseur. Philippe Lajoie espère que ce procès le permettra.

Le plus âgé des trois accusés, Cédric Branthome, 38 ans, père de deux enfants, alterne hospitalisations et condamnations pour stupéfiants et alcool. La cour revient sur son parcours de violence : séquestration, sévices graves sur animaux, et plus récemment en prison sur un codétenu et des agents. "C'est quand je suis angoissé que je suis violent, dit-il. Mais je tiens à ajouter que je ne suis pas le meneur."

À la barre, sa mère, qui lui assure toujours son soutien, livre un témoignage lucide sur son fils, diagnostiqué schizophrène à l'âge de 17 ans : "Il a une injection et un médicament à prendre tous les jours. Quand il ne prend pas son cachet, il disjoncte", déclare-t-elle. 

Les autres témoignages le décrivent tous comme une personne vulnérable et influençable.

On lui avait donné la confiance et il nous a trahis.

Michèle Lajoie

victime du vol avec arme

Celui qui a désigné la cible de ce vol avec arme, c'est, semble-t-il, Brandon Chou. Le jeune homme, aujourd'hui âgé de 24 ans, avait été accueilli il y a quelques années par le couple Lajoie. Les époux Lajoie ont été famille d'accueil pendant plus de vingt ans. "Nous accueillions des enfants âgés de sept ou huit ans pendant plusieurs années. Des enfants qui avaient des problèmes dans leurs familles. Ils ont bien évolué, mais il y en a, ce n’est pas le cas, comme Brandon qui est jugé aujourd'hui. C'est une trahison. On lui avait donné la confiance et il nous a trahis. (...) Maintenant ce n'est plus entre mes mains. C'est à lui de faire son chemin, d'essayer de ne plus recommencer. Il faut essayer de prendre la main que l'on vous tend, mais il ne faut pas cracher dessus", témoigne Michèle Lajoie, victime du vol avec arme.

Adolescent en rébellion, Brandon Chou vivait très mal son placement en famille d'accueil. Avant-dernier d'une fratrie de huit enfants, d'une famille d'origine cambodgienne au père absent, il n'est resté que deux mois chez les Lajoie. "J'ai toujours voulu rester avec ma mère" a-t-il déclaré à la cour. En raison d'une instabilité familiale, il fréquente cinq collèges et sera définitivement exclu du dernier établissement scolaire pour propos violent ou incitant à la violence. Il a depuis toujours exercé une activité professionnelle, mais est aussi connu de la justice pour des affaires de stupéfiants. Pas de faits de violence jusqu'alors.

Des excuses exprimées dès le premier jour d'audience

"Je regrette sincèrement ce qu'on a pu faire. Ça aurait pu être mes grands-parents". À la barre, dès ce premier jour d'audience, Okan Aydogan, l'un des trois accusés, âgé de 24 ans, présente des excuses aux victimes. Une attitude rare.

"Ce n’est pas souvent qu'on a un positionnement des accusés qui soit assez honnête dès le départ et qui pense aux victimes. C'est le cas de mon client depuis le début de la procédure. C'est quelque chose qu'il souhaitait faire dès le départ. C'est une réelle empathie de mon client pour les victimes. Il se rend compte que ce qu'il a fait a un impact très grave sur les victimes. Il est capable de se mettre à leur place", explique Charlotte Dubois-Maret, avocate de Okan Aydogan.

Les trois accusés, originaires du quartier de Beaubreuil à Limoges, ont tous reconnu les faits qui leur sont reprochés. Ils encourent vingt ans de réclusion criminelle pour vol avec arme.

Leur procès va se poursuivre demain mardi 30 janvier. Les réquisitions sont attendues ce jeudi 1ᵉʳ février, le verdict devrait être prononcé le lendemain.

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