"On sait allier élevage et biodiversité" : ces éleveurs ovins engagés dans une démarche "bas-carbone"

Les petits ruminants représentant plus de 7% des émissions mondiales de gaz à effet de serre provenant de l'activité humaine. En Limousin, cent-soixante agriculteurs ont rejoint le projet "Life Green Sheep". Conduit dans cinq pays européens, il vise à réduire de 12% les émissions de gaz à effet de serre de l'élevage ovin. Les exploitants engagés assurent que cette démarche "bas-carbone" n'affecte pas leur rentabilité.

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Des pâturages, des enclos, des abreuvoirs et au milieu, des dizaines de brebis. De prime abord, la ferme expérimentale du Mourier, à Saint-Priest-Ligoure, en Haute-Vienne, ressemble à une exploitation ovine des plus banales. Depuis quatre ans, elle fait pourtant partie d'un panel ayant choisi d'adhérer au programme "Life Green Sheep" : ce projet, qui regroupe des milliers d'élevages en France, dont cent-soixante en Limousin, aspire à réduire de 12% l'empreinte carbone du lait et de la viande de petits ruminants d'ici à dix ans, tout en garantissant la rentabilité de la filière.

Mené aussi en Irlande, en Bulgarie, en Italie et en Espagne, le projet "Life Green Sheep" propose des dizaines de méthodes différentes, allant de l'alimentation au choix de la race, en passant par une gestion optimisée des excréments ou une meilleure sélection des machines et des outils. À Saint-Priest-Ligoure, Denis Gautier, responsable du centre de recherche en production ovine, a, par exemple, changé les périodes de reproduction. "Au lieu de deux cycles de reproduction, on n'en fait qu'un seul, détaille-t-il. Pendant cette période de reproduction avec les béliers, les animaux restent dix-sept jours de moins en bâtiment." Conséquence : une quantité importante d’aliments est économisée, tout en maintenant un bon taux de fertilité. Surtout, la production de fumier, qui génère un gaz à effet de serre comme le protoxyde d’azote, se révèle fortement réduite.

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En Limousin, cent-soixante agriculteurs ont rejoint le projet "Llife Green Sheep". Conduit dans cinq pays européens, il vise à réduire de 12% les émissions de gaz à effet de serre de l'élevage ovin. Les exploitants engagés assurent que cette démarche "bas carbone" n'affecte pas leur rentabilité. ©Marine Guigné, Rémi Carton

Des haies et des bosquets pour capter le carbone

Autre élevage, autre choix. À Saint-Priest-sous-Aixe, en Haute-Vienne, Guillaume Metz a, lui, préféré transformer ses surfaces : "J'ai un bilan carbone qui est tout juste équilibré, parce que j'ai une exploitation qui est aujourd'hui essentiellement basée sur l'herbe, avec énormément de haies et de bosquets qui me permettent de capter nettement plus de carbone." Ce levier s'avère particulièrement conseillé par les cadres du programme "Life Green Sheep", les petits ruminants représentant plus de 7% des émissions mondiales de gaz à effet de serre provenant de l'activité humaine.

En Haute-Vienne, quelques éleveurs de vaches limousines contribuent, eux aussi, à ce programme. Ils accueillent notamment des brebis dans leurs prairies. À Vicq-sur-Breuilh, par exemple, Philippe Masdupuy, éleveur bovin, laisse paître les moutons sur ses parcelles d'herbe : "En ce moment, je ne peux pas y passer avec mes outils, car c'est trop mouillé", explique-t-il. Il poursuit en souriant : "Les brebis, elles me nettoient les parcelles, qui restent propres à la rentrée de l'hiver. Je me suis retrouvé avec du foin de meilleure qualité. C'était pâturé, il n'y a pas eu d'herbe qui a pourri ou qui est mal repartie."

Faire rimer démarche écologique et performance économique

Dans le programme "Life Green Sheep", de nombreux leviers peuvent être actionnés, mais restent méconnus. Sindy Throude, chef de projet au service climat de l'Institut de l'élevage, souhaite "communiquer et diffuser ces pratiques à l'ensemble des éleveurs en France". Pour convaincre la filière, elle compte sur le bouche-à-oreille et sur les retours d'expérience qui prouveraient que "réduire ses émissions de gaz à effet de serre permet également d'améliorer ses performances techniques et économiques".

À Saint-Priest-sous-Aixe, selon Guillaume Metz, les résultats sont probants. "Par le biais de ma coopérative, on a calculé mon empreinte carbone, raconte-t-il. Il y a différents critères : productivité, les surfaces fourragères... Et l'on voit que l'on sait allier élevage et biodiversité, ce n'est pas contradictoire."

Ce programme européen devrait aboutir à la création d’un observatoire des performances environnementales. À terme, il ambitionne d'établir une feuille de route climatique pour la filière ovine.

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